Germinal. Emile Zola
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Название: Germinal

Автор: Emile Zola

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ fait la bêtise.

      La Levaque haussa les épaules.

      – Laisse donc, elle y passera comme les autres!

      Bouteloup, avec la tranquillité d’un homme qui est chez lui, fouilla le buffet, cherchant le pain. Des légumes pour la soupe de Levaque, des pommes de terre et des poireaux, traînaient sur un coin de la table, à moitié pelurés, repris et abandonnés dix fois, au milieu des continuels commérages. La femme venait cependant de s’y remettre, lorsqu’elle les lâcha de nouveau, pour se planter devant la fenêtre.

      – Qu’est-ce que c’est que ça?… Tiens! c’est Mme Hennebeau avec des gens. Les voilà qui entrent chez la Pierronne.

      Du coup, toutes deux retombèrent sur la Pierronne. Oh! ça ne manquait jamais, dès que la Compagnie faisait visiter le coron à des gens, on les conduisait droit chez celle-là, parce que c’était propre. Sans doute qu’on ne leur racontait pas les histoires avec le maître porion. On peut bien être propre, quand on a des amoureux qui gagnent trois mille francs, logés, chauffés, sans compter les cadeaux. Si c’était propre dessus, ce n’était guère propre dessous. Et, tout le temps que les visiteurs restèrent en face, elles en dégoisèrent.

      – Les voilà qui sortent, dit enfin la Levaque. Ils font le tour… Regarde donc, ma chère, je crois qu’ils vont chez toi.

      La Maheude fut prise de peur. Qui sait si Alzire avait donné un coup d’éponge à la table? Et sa soupe, à elle aussi, qui n’était pas prête! Elle balbutia un « au revoir », elle se sauva, filant, rentrant, sans un coup d’œil de côté.

      Mais tout reluisait. Alzire, très sérieuse, un torchon devant elle, s’était mise à faire la soupe, en voyant que sa mère ne revenait pas. Elle avait arraché les derniers poireaux du jardin, cueilli de l’oseille, et elle nettoyait précisément les légumes, pendant que, sur le feu, dans un grand chaudron, chauffait l’eau pour le bain des hommes, quand ils allaient rentrer. Henry et Lénore étaient sages par hasard, très occupés à déchirer un vieil almanach. Le père Bonnemort fumait silencieusement sa pipe.

      Comme la Maheude soufflait, Mme Hennebeau frappa.

      – Vous permettez, n’est-ce pas? ma brave femme.

      Grande, blonde, un peu alourdie dans la maturité superbe de la quarantaine, elle souriait avec un effort d’affabilité, sans laisser trop paraître la crainte de tacher sa toilette de soie bronze, drapée d’une mante de velours noir.

      – Entrez, entrez, répétait-elle à ses invités. Nous ne gênons personne… Hein? est-ce propre encore? et cette brave femme a sept enfants! Tous nos ménages sont comme ça… Je vous expliquais que la Compagnie leur loue la maison six francs par mois. Une grande salle au rez-de-chaussée, deux chambres en haut, une cave et un jardin.

      Le monsieur décoré et la dame en manteau de fourrure, débarqués le matin du train de Paris, ouvraient des yeux vagues, avaient sur la face l’ahurissement de ces choses brusques, qui les dépaysaient.

      – Et un jardin, répéta la dame. Mais on y vivrait, c’est charmant!

      – Nous leur donnons du charbon plus qu’ils n’en brûlent, continuait Mme Hennebeau. Un médecin les visite deux fois par semaine; et, quand ils sont vieux, ils reçoivent des pensions, bien qu’on ne fasse aucune retenue sur les salaires.

      – Une Thébaïde! un vrai pays de Cocagne! murmura le monsieur, ravi.

      La Maheude s’était précipitée pour offrir des chaises. Ces dames refusèrent. Déjà Mme Hennebeau se lassait, heureuse un instant de se distraire à ce rôle de montreur de bêtes, dans l’ennui de son exil, mais tout de suite répugnée par l’odeur fade de misère, malgré la propreté choisie des maisons où elle se risquait. Du reste, elle ne répétait que des bouts de phrase entendus, sans jamais s’inquiéter davantage de ce peuple d’ouvriers besognant et souffrant près d’elle.

      – Les beaux enfants! murmura la dame, qui les trouvait affreux, avec leurs têtes trop grosses, embroussaillées de cheveux couleur de paille.

      Et la Maheude dut dire leur âge, on lui adressa aussi des questions sur Estelle, par politesse. Respectueusement, le père Bonnemort avait retiré sa pipe de la bouche; mais il n’en restait pas moins un sujet d’inquiétude, si ravagé par ses quarante années de fond, les jambes raides, la carcasse démolie, la face terreuse; et, comme un violent accès de toux le prenait, il préféra sortir pour cracher dehors, dans l’idée que son crachat noir allait gêner le monde.

      Alzire eut tout le succès. Quelle jolie petite ménagère, avec son torchon! On complimenta la mère d’avoir une petite fille déjà si entendue pour son âge. Et personne ne parlait de la bosse, des regards d’une compassion pleine de malaise revenaient toujours vers le pauvre être infirme.

      – Maintenant, conclut Mme Hennebeau, si l’on vous interroge sur nos corons, à Paris, vous pourrez répondre… Jamais plus de bruit que ça, mœurs patriarcales, tous heureux et bien portants comme vous voyez, un endroit où vous devriez venir vous refaire un peu, à cause du bon air et de la tranquillité.

      – C’est merveilleux, merveilleux! cria le monsieur, dans un élan final d’enthousiasme.

      Ils sortirent de l’air enchanté dont on sort d’une baraque de phénomènes, et la Maheude, qui les accompagnait, demeura sur le seuil, pendant qu’ils repartaient doucement, en causant très haut. Les rues s’étaient peuplées, ils devaient traverser des groupes de femmes, attirées par le bruit de leur visite, qu’elles colportaient de maison en maison.

      Justement, devant sa porte, la Levaque avait arrêté la Pierronne, accourue en curieuse. Toutes deux affectaient une surprise mauvaise. Eh bien! quoi donc, ces gens voulaient y coucher, chez les Maheu? Ce n’était pourtant pas si drôle.

      – Toujours sans le sou, avec ce qu’ils gagnent! Dame! quand on a des vices!

      – Je viens d’apprendre qu’elle est allée ce matin mendier chez les bourgeois de la Piolaine, et Maigrat, qui leur avait refusé du pain, lui en a donné… On sait comment il se paie, Maigrat.

      – Sur elle, oh! non! faudrait du courage… C’est sur Catherine qu’il en prend.

      – Ah! écoute donc, est-ce qu’elle n’a pas eu le toupet tout à l’heure de me dire qu’elle étranglerait Catherine, si elle y passait!… Comme si le grand Chaval, il y a beau temps, ne l’avait pas mise à cul sur le carin!

      – Chut!… Voici le monde.

      Alors, la Levaque et la Pierronne, l’air paisible, sans curiosité impolie, s’étaient contentées de guetter sortir les visiteurs, du coin de l’œil. Puis, elles avaient appelé vivement d’un signe la Maheude, qui promenait encore Estelle sur ses bras. Et toutes trois, immobiles, regardaient s’éloigner les dos bien vêtus de Mme Hennebeau et de ses invités. Lorsque ceux-ci furent à une trentaine de pas, les commérages reprirent, avec un redoublement de violence.

      – Elles en ont pour de l’argent sur la peau, ça vaut plus cher qu’elles, peut-être!

      – Ah! sûr!… Je ne connais pas l’autre, mais celle d’ici, je n’en donnerais pas quatre sous, si grosse qu’elle soit. On raconte des histoires…

      – Hein? quelles histoires?

      – Elle aurait des hommes donc!… СКАЧАТЬ