Germinal. Emile Zola
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Название: Germinal

Автор: Emile Zola

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ et de bonbons, leurs regards s’étaient arrêtés sur les maisons d’en face, qui alignaient, aux fenêtres, leurs petits rideaux, dont le plus ou le moins de blancheur disait les vertus des ménagères. Ceux des Levaque étaient très sales, de véritables torchons, qui semblaient avoir essuyé le cul des marmites.

      – S’il est possible de vivre dans une pareille ordure! murmura la Pierronne.

      Alors, la Maheude partit et ne s’arrêta plus. Ah! si elle avait eu un logeur comme ce Bouteloup, c’était elle qui aurait voulu faire marcher son ménage! Quand on savait s’y prendre, un logeur devenait une excellente affaire. Seulement, il ne fallait pas coucher avec. Et puis, le mari buvait, battait sa femme, courait les chanteuses des cafés-concerts de Montsou.

      La Pierronne prit un air profondément dégoûté. Ces chanteuses, ça donnait toutes les maladies. Il y en avait une, à Joiselle, qui avait empoisonné une fosse.

      – Ce qui m’étonne, c’est que tu aies laissé aller ton fils avec leur fille.

      – Ah! oui, empêche donc ça!… Leur jardin est contre le nôtre. L’été, Zacharie était toujours avec Philomène derrière les lilas, et ils ne se gênaient guère sur le carin, on ne pouvait tirer de l’eau au puits sans les surprendre.

      C’était la commune histoire des promiscuités du coron, les garçons et les filles pourrissant ensemble, se jetant à cul, comme ils disaient, sur la toiture basse et en pente du carin, dès la nuit tombée. Toutes les herscheuses faisaient là leur premier enfant, quand elles ne prenaient pas la peine d’aller le faire à Réquillart ou dans les blés. Ça ne tirait pas à conséquence, on se mariait ensuite, les mères seules se fâchaient, lorsque les garçons commençaient trop tôt, car un garçon qui se mariait ne rapportait plus à la famille.

      – À ta place, j’aimerais mieux en finir, reprit la Pierronne sagement. Ton Zacharie l’a déjà emplie deux fois, et ils iront plus loin se coller… De toute façon, l’argent est fichu.

      La Maheude, furieuse, étendit les mains.

      – Écoute ça: je les maudis, s’ils se collent… Est-ce que Zacharie ne nous doit pas du respect? Il nous a coûté, n’est-ce pas? eh bien! il faut qu’il nous rende, avant de s’embarrasser d’une femme… Qu’est-ce que nous deviendrions, dis? si nos enfants travaillaient tout de suite pour les autres? Autant crever alors!

      Cependant, elle se calma.

      – Je parle en général, on verra plus tard… Il est joliment fort, ton café: tu mets ce qu’il faut.

      Et, après un quart d’heure d’autres histoires, elle se sauva, criant que la soupe de ses hommes n’était pas faite. Dehors, les enfants retournaient à l’école, quelques femmes se montraient sur les portes, regardaient Mme Hennebeau, qui longeait une des façades, en expliquant du doigt le coron à ses invités. Cette visite commençait à remuer le village. L’homme de la coupe à terre s’arrêta un moment de bâcher, deux poules inquiètes s’effarouchèrent dans les jardins.

      Comme la Maheude rentrait, elle buta dans la Levaque, qui était sortie pour sauter au passage sur le docteur Vanderhaghen, un médecin de la Compagnie, petit homme pressé, écrasé de besogne, qui donnait ses consultations en courant.

      Monsieur, disait-elle, je ne sors plus, j’ai mal partout… Faudrait en causer cependant.

      Il les tutoyait toutes, il répondit sans s’arrêter:

      – Fiche-moi la paix! tu bois trop de café.

      – Et mon mari, Monsieur, dit à son tour la Maheude, vous deviez venir le voir… Il a toujours ses douleurs aux jambes.

      – C’est toi qui l’esquintes, fiche-moi la paix!

      Les deux femmes restèrent plantées, regardant fuir le dos du docteur.

      – Entre donc, reprit la Levaque, quand elle eut échangé avec sa voisine un haussement d’épaules désespéré. Tu sais qu’il y a du nouveau… Et tu prendras bien un peu de café. Il est tout frais.

      La Maheude, qui se débattait, fut sans force. Allons! une goutte tout de même, pour ne pas la désobliger. Et elle entra.

      La salle était d’une saleté noire, le carreau et les murs tachés de graisse, le buffet et la table poissés de crasse; et une puanteur de ménage mal tenu prenait à la gorge. Près du feu, les deux coudes sur la table, le nez enfoncé dans son assiette, Bouteloup, jeune encore pour ses trente-cinq ans, achevait un restant de bouilli, avec sa carrure épaisse de gros garçon placide; tandis que, debout contre lui, le petit Achille, le premier-né de Philomène, qui entrait dans ses trois ans déjà, le regardait de l’air suppliant et muet d’une bête gourmande. Le logeur, très tendre sous une grande barbe brune, lui fourrait de temps à autre un morceau de sa viande au fond de la bouche.

      – Attends que je le sucre, disait la Levaque, en mettant la cassonade d’avance dans la cafetière.

      Elle, plus vieille que lui de six ans, était affreuse, usée, la gorge sur le ventre et le ventre sur les cuisses, avec un mufle aplati aux poils grisâtres, toujours dépeignée. Il l’avait prise naturellement, sans l’éplucher davantage que sa soupe, où il trouvait des cheveux, et que son lit, dont les draps servaient trois mois. Elle entrait dans la pension, le mari aimait à répéter que les bons comptes font les bons amis.

      – Alors, c’était pour te dire, continua-t-elle, qu’on a vu hier soir la Pierronne rôder du côté des Bas-de-Soie. Le monsieur que tu sais l’attendait derrière Rasseneur, et ils ont filé ensemble le long du canal… Hein? c’est du propre, une femme mariée!

      – Dame! dit la Maheude, Pierron avant de l’épouser donnait des lapins au porion, maintenant ça lui coûte moins cher de prêter sa femme.

      Bouteloup éclata d’un rire énorme et jeta une mie de pain saucée dans la bouche d’Achille. Les deux femmes achevaient de se soulager sur le compte de la Pierronne, une coquette pas plus belle qu’une autre, mais toujours occupée à se visiter les trous de la peau, à se laver, à se mettre de la pommade. Enfin, ça regardait le mari, s’il aimait ce pain-là. Il y avait des hommes si ambitieux qu’ils auraient torché les chefs, pour les entendre seulement dire merci. Et elles ne furent interrompues que par l’arrivée d’une voisine qui rapportait une mioche de neuf mois, Désirée, la dernière de Philomène: celle-ci, déjeunant au criblage, s’entendait pour qu’on lui amenât là-bas sa petite, et elle la faisait téter, assise un instant dans le charbon.

      – La mienne, je ne peux pas la quitter une minute, elle gueule tout de suite, dit la Maheude en regardant Estelle, qui s’était endormie sur ses bras.

      Mais elle ne réussit point à éviter la mise en demeure qu’elle lisait depuis un moment dans les yeux de la Levaque.

      – Dis donc, il faudrait pourtant songer à en finir.

      D’abord, les deux mères, sans avoir besoin d’en causer, étaient tombées d’accord pour ne pas conclure le mariage. Si la mère de Zacharie voulait toucher le plus longtemps possible les quinzaines de son fils, la mère de Philomène s’emportait à l’idée d’abandonner celles de sa fille. Rien ne pressait, la seconde avait même préféré garder le petit, tant qu’il y avait eu un seul enfant; mais, depuis que celui-ci, grandissant, mangeait du pain, et qu’un autre était venu, elle se trouvait en perte, elle poussait furieusement au mariage, en femme qui n’entend pas y mettre du sien.

      – Zacharie СКАЧАТЬ