L'avare. Molière Jean Baptiste Poquelin
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Название: L'avare

Автор: Molière Jean Baptiste Poquelin

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ Assurément.

      Harpagon. Il y a une petite difficulté : c’est que j’ai peur qu’il n’y ait pas, avec elle, tout le bien qu’on pourrait prétendre.

      Cléante. Ah ! mon père, le bien n’est pas considérable, lorsqu’il est question d’épouser une honnête personne.

      Harpagon. Pardonnez-moi, pardonnez-moi. Mais ce qu’il y a à dire, c’est que, si l’on n’y trouve pas tout le bien qu’on souhaite, on peut tâcher de regagner cela sur autre chose.

      Cléante. Cela s’entend.

      Harpagon. Enfin je suis bien aise de vous voir dans mes sentiments ; car son maintien honnête et sa douceur m’ont gagné l’âme, et je suis résolu de l’épouser, pourvu que j’y trouve quelque bien.

      Cléante. Euh ?

      Harpagon. Comment ?

      Cléante. Vous êtes résolu, dites-vous… ?

      Harpagon. D’épouser Mariane.

      Cléante. Qui ? Vous, vous ?

      Harpagon. Oui, moi, moi, moi. Que veut dire cela ?

      Cléante. Il m’a pris tout à coup un éblouissement, et je me retire d’ici.

      Harpagon. Cela ne sera rien. Allez vite boire dans la cuisine un grand verre d’eau claire.

      Scène VI

      Harpagon, Élise.

      Harpagon. Voilà de mes damoiseaux flouets[5], qui n’ont non plus de vigueur que des poules. C’est là, ma fille, ce que j’ai résolu pour moi. Quant à ton frère, je lui destine une certaine veuve dont, ce matin, on m’est venu parler ; et, pour toi, je te donne au seigneur Anselme.

      Élise. Au seigneur Anselme ?

      Harpagon. Oui, Un homme mûr, prudent et sage, qui n’a pas plus de cinquante ans, et dont on vante les grands biens.

      Élise (faisant une révérence.) Je ne veux point me marier, mon père, s’il vous plaît.

      Harpagon (contrefaisant Élise.) Et moi, ma petite fille, ma mie, je veux que vous vous mariiez, s’il vous plaît.

      Élise (faisant encore la révérence.) Je vous demande pardon, mon père.

      Harpagon (contrefaisant Élise.) Je vous demande pardon, ma fille.

      Élise. Je suis très humble servante au seigneur Anselme ; mais, (Faisant encore la révérence.) avec votre permission, je ne l’épouserai point.

      Harpagon. Je suis votre très humble valet ; mais, (Contrefaisant Élise.) avec votre permission, vous l’épouserez dès ce soir.

      Élise. Dès ce soir ?

      Harpagon. Dès ce soir.

      Élise (faisant encore la révérence.) Cela ne sera pas, mon père.

      Harpagon (contrefaisant encore Élise.) Cela sera, ma fille.

      Élise. Non.

      Harpagon. Si.

      Élise. Non, vous dis-je.

      Harpagon. Si, vous dis-je.

      Élise. C’est une chose où vous ne me réduirez point.

      Harpagon. C’est une chose où je te réduirai.

      Élise. Je me tuerai plutôt que d’épouser un tel mari.

      Harpagon. Tu ne te tueras point, et tu l’épouseras. Mais voyez quelle audace ! A-t-on jamais vu une fille parler de la sorte à son père ?

      Élise. Mais a-t-on jamais vu un père marier sa fille de la sorte ?

      Harpagon. C’est un parti où il n’y a rien à redire ! et je gage que tout le monde approuvera mon choix.

      Élise. Et moi, je gage qu’il ne saurait être approuvé d’aucune personne raisonnable.

      Harpagon (apercevant Valère de loin.) Voilà Valère. Veux-tu qu’entre nous deux nous le fassions juge de cette affaire ?

      Élise. J’y consens.

      Harpagon. Te rendras-tu à son jugement ?

      Élise. Oui. J’en passerai par ce qu’il dira.

      Harpagon. Voilà qui est fait.

      Scène VII

      Valère, Harpagon, Élise.

      Harpagon. Ici, Valère. Nous t’avons élu pour nous dire qui a raison de ma fille ou de moi.

      Valère. C’est vous, monsieur, sans contredit.

      Harpagon. Sais-tu bien de quoi nous parlons ?

      Valère. Non ; mais vous ne sauriez avoir tort, et vous êtes toute raison.

      Harpagon. Je veux ce soir lui donner pour époux un homme aussi riche que sage ; et la coquine me dit au nez qu’elle se moque de le prendre. Que dis-tu de cela ?

      Valère. Ce que j’en dis ?

      Harpagon. Oui.

      Valère. Hé ! hé !

      Harpagon. Quoi !

      Valère. Je dis que, dans le fond, je suis de votre sentiment ; et vous ne pouvez pas que vous n’ayez raison[6]. mais aussi n’a-t-elle pas tort tout à fait, et…

      Harpagon. Comment ? Le seigneur Anselme est un parti considérable ; c’est un gentilhomme qui est noble, doux, posé, sage et fort accommodé, et auquel il ne reste aucun enfant de son premier mariage. Saurait-elle mieux rencontrer ?

      Valère. Cela est vrai. Mais elle pourrait vous dire que c’est un peu précipiter les choses, et qu’il faudrait au moins quelque temps pour voir si son inclination pourra s’accommoder avec…

      Harpagon. C’est une occasion qu’il faut prendre vite aux cheveux. Je trouve ici un avantage qu’ailleurs je ne trouverais pas ; et il s’engage à la prendre sans dot.

      Valère. СКАЧАТЬ