L'avare. Molière Jean Baptiste Poquelin
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Название: L'avare

Автор: Molière Jean Baptiste Poquelin

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ Là…

      Élise. Quoi ?

      Harpagon. Ce que je viens de dire.

      Cléante. Non.

      Harpagon. Si fait, si fait.

      Élise. Pardonnez-moi.

      Harpagon. Je vois bien que vous en avez ouï quelques mots. C’est que je m’entretenais en moi-même de la peine qu’il y a aujourd’hui à trouver de l’argent, et je disais qu’il est bien heureux qui peut avoir dix mille écus chez soi.

      Cléante. Nous feignions à vous aborder, de peur de vous interrompre.

      Harpagon. Je suis bien aise de vous dire cela, afin que vous n’alliez pas prendre les choses de travers, et vous imaginer que je dise que c’est moi qui ai dix mille écus.

      Cléante. Nous n’entrons point dans vos affaires.

      Harpagon. Plût à Dieu que je les eusse, dix mille écus !

      Cléante. Je ne crois pas…

      Harpagon. Ce serait une bonne affaire pour moi.

      Élise. Ces sont des choses…

      Harpagon. J’en aurais bon besoin.

      Cléante. Je pense que…

      Harpagon. Cela m’accommoderait fort.

      Élise. Vous êtes…

      Harpagon. Et je ne me plaindrais pas, comme je le fais, que le temps est misérable.

      Cléante. Mon Dieu ! mon père, vous n’avez pas lieu de vous plaindre et l’on sait que vous avez assez de bien.

      Harpagon. Comment, j’ai assez de bien ! Ceux qui le disent en ont menti. Il n’y a rien de plus faux ; et ce sont des coquins qui font courir tous ces bruits-là.

      Élise. Ne vous mettez point en colère.

      Harpagon. Cela est étrange que mes propres enfants me trahissent et deviennent mes ennemis.

      Cléante. Est-ce être votre ennemi que de dire que vous avez du bien ?

      Harpagon. Oui. De pareils discours, et les dépenses que vous faites, seront cause qu’un de ces jours on me viendra chez moi couper la gorge, dans la pensée que je suis tout cousu de pistoles.

      Cléante. Quelle grande dépense est-ce que je fais ?

      Harpagon. Quelle ? Est-il rien de plus scandaleux que ce somptueux équipage que vous promenez par la ville ? Je querellais hier votre soeur ; mais c’est encore pis. Voilà qui crie vengeance au ciel ; et, à vous prendre depuis les pieds jusqu’à la tête, il y aurait là de quoi faire une bonne constitution. Je vous l’ai dit vingt fois, mon fils, toutes vos manières me déplaisent fort ; vous donnez furieusement dans le marquis ; et, pour aller ainsi vêtu, il faut bien que vous me dérobiez.

      Cléante. Hé ! comment vous dérober ?

      Harpagon. Que sais-je ? Où pouvez-vous donc prendre de quoi entretenir l’état que vous portez ?

      Cléante. Moi, mon père ? C’est que je joue ; et, comme je suis fort heureux, je mets sur moi tout l’argent que je gagne.

      Harpagon. C’est fort mal fait. Si vous êtes heureux au jeu, vous en devriez profiter, et mettre à honnête intérêt l’argent que vous gagnez, afin de le trouver un jour. Je voudrais bien savoir, sans parler du reste, à quoi servent tous ces rubans dont vous voilà lardé depuis les pieds jusqu’à la tête, et si une demi-douzaine d’aiguillettes ne suffit pas pour attacher un haut-de-chausses. Il est bien nécessaire d’employer de l’argent à des perruques, lorsque l’on peut porter des cheveux de son cru, qui ne coûtent rien ! Je vais gager qu’en perruques et rubans il y a du moins vingt pistoles ; et vingt pistoles rapportent par année dix-huit livres six sols huit deniers, à ne les placer qu’au denier douze[4].

      Cléante. Vous avez raison.

      Harpagon. Laissons cela, et parlons d’autre affaire. Euh ? (Apercevant Cléante et Élise qui se font des signes.) Hé ! (Bas, à part.) Je crois qu’ils se font signe l’un à l’autre de me voler ma bourse. (Haut.) Que veulent dire ces gestes-là ?

      Élise. Nous marchandons, mon frère et moi, à qui parlera le premier, et nous avons tous deux quelque chose à vous dire.

      Harpagon. Et moi, j’ai quelque chose aussi à vous dire à tous deux.

      Cléante. C’est de mariage, mon père, que nous désirons vous parler.

      Harpagon. Et c’est de mariage aussi que je veux vous entretenir.

      Élise. Ah ! mon père !

      Harpagon. Pourquoi ce cri ? Est-ce le mot, ma fille, ou la chose, qui vous fait peur ?

      Cléante. Le mariage peut nous faire peur à tous deux, de la façon que vous pouvez l’entendre ; et nous craignons que nos sentiments ne soient pas d’accord avec votre choix.

      Harpagon. Un peu de patience ; ne vous alarmez point. Je sais ce qu’il faut à tous deux, et vous n’aurez, ni l’un ni l’autre, aucun lieu de vous plaindre de tout ce que je prétends faire ; et, pour commencer par un bout, (À Cléante.) avez-vous vu, dites-moi, une jeune personne appelée Mariane, qui ne loge pas loin d’ici ?

      Cléante. Oui, mon père.

      Harpagon. Et vous ?

      Élise. J’en ai ouï parler.

      Harpagon. Comment, mon fils, trouvez-vous cette fille ?

      Cléante. Une fort charmante personne.

      Harpagon. Sa physionomie ?

      Cléante. Tout honnête et pleine d’esprit.

      Harpagon. Son air et sa manière ?

      Cléante. Admirables, sans doute.

      Harpagon. Ne croyez-vous pas qu’une fille comme cela mériterait assez que l’on songeât à elle ?

      Cléante. Oui, mon père.

      Harpagon. Que ce serait un parti souhaitable ?

      Cléante. Très souhaitable.

      Harpagon. Qu’elle a toute la mine de faire un bon ménage ?

      Cléante. СКАЧАТЬ