Monsieur Parent. Guy de Maupassant
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Название: Monsieur Parent

Автор: Guy de Maupassant

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ femme commençait à se fâcher:

      – Comment, partie? Où ça? Pourquoi?

      Il reprenait son aplomb peu à peu et sentait naître en lui une haine mordante contre cette femme insolente, debout devant lui.

      – Oui, partie pour tout à fait… je l’ai renvoyée…

      – Tu l’as renvoyée?… Julie?… Mais tu es fou…

      – Oui, je l’ai renvoyée parce qu’elle avait été insolente… et qu’elle… qu’elle a maltraité l’enfant.

      – Julie?

      – Oui… Julie.

      – À propos de quoi a-t-elle été insolente?

      – À propos de toi.

      – À propos de moi?

      – Oui… parce que son dîner était brûlé et que tu ne rentrais pas.

      – Elle a dit…?

      – Elle a dit… des choses désobligeantes pour toi… et que je ne devais pas… que je ne pouvais pas entendre…

      – Quelles choses?

      – Il est inutile de les répéter.

      – Je désire les connaître.

      – Elle a dit qu’il était très malheureux pour un homme comme moi, d’épouser une femme comme toi, inexacte, sans ordre, sans soins, mauvaise maîtresse de maison, mauvaise mère, et mauvaise épouse…

      La jeune femme était entrée dans l’antichambre, suivie par Limousin qui ne disait mot devant cette situation inattendue. Elle ferma brusquement la porte, jeta son manteau sur une chaise et marcha sur son mari en bégayant, exaspérée:

      – Tu dis?… Tu dis?… que je suis…?

      Il était très pâle, très calme. Il répondit:

      – Je ne dis rien, ma chère amie; je te répète seulement les propos de Julie, que tu as voulu connaître; et je te ferai remarquer que je l’ai mise à la porte justement à cause de ces propos.

      Elle frémissait de l’envie violente de lui arracher la barbe et les joues avec ses ongles. Dans la voix, dans le ton, dans l’allure, elle sentait bien la révolte, quoiqu’elle ne pût rien répondre; et elle cherchait à reprendre l’offensive par quelque mot direct et blessant.

      – Tu as dîné? dit-elle.

      – Non, j’ai attendu.

      Elle haussa les épaules avec impatience.

      – C’est stupide d’attendre après sept heures et demie. Tu aurais dû comprendre que j’avais été retenue, que j’avais eu des affaires, des courses.

      Puis, tout à coup, un besoin lui vint d’expliquer l’emploi de son temps, et elle raconta, avec des paroles brèves, hautaines, qu’ayant eu des objets de mobilier à choisir très loin, très loin, rue de Rennes, elle avait rencontré Limousin à sept heures passées, boulevard Saint-Germain, en revenant, et qu’alors elle lui avait demandé son bras pour entrer manger un morceau dans un restaurant où elle n’osait pénétrer seule, bien qu’elle se sentît défaillir de faim. Voilà comment elle avait dîné, avec Limousin, si on pouvait appeler cela dîner; car ils n’avaient pris qu’un bouillon et un demi-poulet, tant ils avaient hâte de revenir.

      Parent répondit simplement: – Mais tu as bien fait. Je ne t’adresse pas de reproches.

      Alors Limousin, resté jusque-là muet, presque caché derrière Henriette, s’approcha et tendit sa main en murmurant:

      – Tu vas bien?

      Parent prit cette main offerte, et, la serrant mollement: – Oui, très bien.

      Mais la jeune femme avait saisi un mot dans la dernière phrase de son mari.

      – Des reproches… pourquoi parles-tu de reproches?… On dirait que tu as une intention.

      Il s’excusa: – Non, pas du tout. Je voulais simplement te répondre que je ne m’étais pas inquiété de ton retard et que je ne t’en faisais point un crime.

      Elle le prit de haut, cherchant un prétexte à querelle: – De mon retard?… On dirait vraiment qu’il est une heure du matin et que je passe la nuit dehors.

      – Mais non, ma chère amie. J’ai dit «retard» parce que je n’ai pas d’autre mot. Tu devais rentrer à six heures et demie, tu rentres à huit heures et demie. C’est un retard, ça! Je le comprends très bien; je ne… ne… ne m’en étonne même pas… Mais… mais… il m’est difficile d’employer un autre mot.

      – C’est que tu le prononces comme si j’avais découché…

      – Mais non… mais non…

      Elle vit qu’il céderait toujours, et elle allait entrer dans sa chambre, quand elle s’aperçut enfin que Georges hurlait. Alors elle demanda, avec un visage ému:

      – Qu’a donc le petit?

      – Je t’ai dit que Julie l’avait un peu maltraité.

      – Qu’est-ce qu’elle lui a fait, cette gueuse?

      – Oh! presque rien. Elle l’a poussé et il est tombé.

      Elle voulut voir son enfant et s’élança dans la salle à manger, puis s’arrêta net devant la table couverte de vin répandu, de carafes et de verres brisés, et de salières renversées.

      – Qu’est-ce que c’est que ce ravage-là?

      – C’est Julie qui…

      Mais elle lui coupa la parole avec fureur:

      – C’est trop fort, à la fin! Julie me traite de dévergondée, bat mon enfant, casse ma vaisselle, bouleverse ma maison, et il semble que tu trouves cela tout naturel.

      – Mais non… puisque je l’ai renvoyée.

      – Vraiment!… Tu l’as renvoyée!… Mais il fallait la faire arrêter. C’est le commissaire de police qu’on appelle dans ces cas-là!

      Il balbutia: – Mais… ma chère amie… je ne pouvais pourtant pas… il n’y avait point de raison… Vraiment, il était bien difficile…

      Elle haussa les épaules avec un infini dédain.

      – Tiens, tu ne seras jamais qu’une loque, un pauvre sire, un pauvre homme sans volonté, sans fermeté, sans énergie. Ah! elle a dû t’en dire de raides, ta Julie, pour que tu te sois décidé à la mettre dehors. J’aurais voulu être là une minute, rien qu’une minute.

      Ayant ouvert la porte du salon, elle courut à Georges, le releva, le serra dans ses bras en l’embrassant: «Georget, qu’est-ce que tu as, mon chat, mon mignon, mon poulet?»

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