Double-Blanc. Fortuné du Boisgobey
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Название: Double-Blanc

Автор: Fortuné du Boisgobey

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ Mais pour la disposer à nous vendre à de bonnes conditions ses terrains, je l’aiderai volontiers… de mes conseils et même de mon influence.

      Le rusé financier ajouta en riant:

      – Quant à l’hospitalité que je lui ai offerte, sans vous consulter, vous pourriez la lui accorder sans trop d’inconvénients, car ce n’est pas une aventurière ni une marquise de contrebande; mais vous ne serez pas installés là-bas avant la fin de l’été… et alors, je n’aurai plus besoin d’elle.

      Vous comprenez, mon cher baron?

      – Parfaitement, dit Hervé, quoiqu’il persistât à penser que son futur beau-père avait de tout autres desseins.

      – Eh! bien, moi, s’écria Solange, je serais désolée qu’elle vînt à Trégunc. Elle est si jolie qu’auprès d’elle, je paraîtrais laide.

      Hervé protesta d’un geste, mais Solange reprit:

      – Pourquoi donc a-t-elle rougi quand vous vous êtes montré?

      – Je… je n’ai pas remarqué, balbutia le fiancé.

      – Vraiment!… eh! bien, j’en suis sûre… et je crois qu’elle a rougi, parce qu’elle ne s’attendait pas à vous trouver ici.

      – Mais elle ne me connaît pas!

      – Qu’en savez-vous?

      – Quoi qu’il en soit, je vous jure, mademoiselle, que je viens de la voir pour la première fois de ma vie.

      – Il ne faut jurer de rien.

      – C’est le titre d’un proverbe d’Alfred de Musset, dit gaiement Hervé; mais puisque vous me défendez de jurer, je me contente d’affirmer… que je ne l’avais jamais aperçue, même de loin.

      – Moi, dit M. de Bernage, je vous crois d’autant mieux qu’elle habite ce quartier et que je ne l’ai jamais rencontrée dans la rue.

      – Ni moi non plus, murmura la gouvernante.

      – Probablement, elle ne sort qu’en voiture. Peu nous importe, du reste, et je te prie, ma chère Solange, de cesser de tourmenter M. de Scaër qui n’a rien à démêler avec cette marquise. J’irai la voir pour affaires, mais tu n’entendras plus parler d’elle.

      Solange ne paraissait pas convaincue et elle allait insister, lorsque le valet de pied reparut à l’entrée du petit salon. Il n’apportait cette fois ni plateau ni carte de visite, mais il dit en s’adressant à Hervé:

      – M. Ernest Pibrac attend monsieur le baron sur le boulevard Malesherbes.

      – Pibrac! répéta M. de Bernage; n’est-ce pas ce jeune homme qui était avec vous à la fenêtre de Tortoni?

      – Oui… et je trouve très étrange qu’il se permette de venir me chercher ici. Comment a-t-il su que j’y étais?… je ne lui ai pas dit où j’allais.

      Et que me veut-il?

      – Je crois que je devine, répondit M. de Bernage. Tapageur comme il l’est, il se sera pris de querelle au café où vous l’avez laissé et il a ramassé une affaire. Il nous avait vu partir ensemble, il s’est douté que je vous amenais chez moi et il vient vous demander de lui servir de témoin.

      – Je refuserai net, dit vivement Hervé.

      – Encore faut-il lui signifier de ne pas compter sur vous. Pourquoi ne le recevriez-vous pas ici dans mon cabinet?

      – Dieu m’en garde! Il doit être gris.

      – Alors, mon cher baron, allez lui parler et revenez-nous, dès que vous serez débarrassé de lui.

      – J’y vais donc, et ce sera vite fait.

      Ayant dit, Hervé sortit, sans prendre congé de Mlle de Bernage, qu’il comptait revoir bientôt et qui ne chercha point à le retenir.

      En remettant son pardessus, il questionna le valet de pied qui l’y aidait, et il apprit que Pibrac ne l’attendaient pas, comme il le croyait, devant la grille de l’hôtel.

      C’était un commissionnaire qui était venu dire au concierge que M. de Scaër trouverait M. Ernest Pibrac au coin de la rue de Lisbonne, et ce commissionnaire s’en était allé immédiatement rejoindre celui qui l’avait envoyé.

      Pibrac, d’ordinaire, n’était pas si discret, ni si mystérieux d’allures.

      Il fallait qu’il eût de biens graves motifs pour prendre tant de précautions. Et il était temps d’en finir avec un camarade gênant qui pouvait devenir dangereux.

      Hervé se disait cela en hâtant le pas vers la rue de Lisbonne. Il pensait aussi à la singulière visite de la marquise havanaise, aux velléités jalouses de Solange, aux empressements de Bernage, et il soupçonnait des dessous qui ne lui apparaissaient pas encore clairement.

      Quoiqu’il eût affirmé le contraire, il s’était parfaitement aperçu que la marquise s’était troublée lorsque Mlle de Bernage l’avait nommé, et il se demandait pourquoi.

      Il était toujours bien sûr de ne pas avoir vu ailleurs le ravissant visage de cette blonde aux yeux bleus, mais il lui semblait maintenant avoir déjà entendu sa voix, et il cherchait inutilement à se rappeler où il l’avait entendue.

      Il marchait vite et il ne tarda guère à arriver au coin de la rue de Lisbonne. Pibrac n’y était pas. Hervé pensa qu’il se promenait dans la rue et s’y engagea sans hésiter.

      Il ne lui vint pas à l’esprit qu’il s’exposait à tomber dans un guet-apens tendu par un ennemi qui, pour l’y attirer, se serait servi du nom de Pibrac – le voleur du bal de l’Opéra par exemple.

      Elle est cependant peu éclairée, cette rue de Lisbonne; les boutiques y sont rares, et en hiver, après la nuit tombée, il n’y passe presque personne.

      Ce soir-là, une voiture y stationnait à cinquante pas du boulevard Malesherbes. Hervé n’y prit pas garde et continua d’avancer, sans cesser de regarder à droite et à gauche, s’il n’apercevrait pas Pibrac.

      Il ne le vit pas, mais il vit descendre de cette voiture et venir à lui une femme qui l’aborda en lui disant:

      – Me voici!

      Hervé reconnut la marquise et resta muet d’étonnement.

      – Il était donc impénétrable, le voile que je portais au bal de l’Opéra, demanda-t-elle en souriant?

      – Vous!… c’était vous! murmura Hervé, stupéfait.

      – En doutez-vous encore? Faut-il, pour vous le prouver, que je vous demande si vous m’avez déjà répondu poste restante?

      – Oh! non, je ne doute plus… mais je ne comprends pas…

      – Le hasard a tout fait. Je ne pouvais pas deviner que je vous trouverais chez M. de Bernage, car j’ignorais que vous le connaissiez. Je vous y ai trouvé, j’ai voulu profiter d’une occasion inespérée, et, pour vous parler sans témoins, j’ai imaginé de me СКАЧАТЬ