Le gibet. Emile Chevalier
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Название: Le gibet

Автор: Emile Chevalier

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ demanda Aaron au capitaine, les cavaliers là-bas apprêtent leurs armes. Il ne nous reconnaissent pas, sans doute; faut-il aller à leur rencontre?

      – Non, mon fils, prends seulement ta cravate et noue-la au bout de ta carabine en signe d’amitié.

      Le jeune homme obéit, et bientôt la nouvelle bande fut sur le champ de bataille.

      Elle se composait d’une centaine d’hommes, montés sur des mustangs, grossièrement vêtus de pelleteries et armés jusqu’aux dents.

      – Hourrah! hourrah! hourrah pour Brown! hip! hip! hip! hourrah! hurlèrent-ils en chœur, dès qu’ils aperçurent le capitaine.

      – Hourrah! hourrah pour l’émancipation des esclaves! répondirent ses fils.

      – Hourrah pour le gouverneur Robinson! essaya une voix dans la foule.

      Mais cette voix ne trouva point d’écho; et, pendant cinq minutes, il y eut une confusion d’apostrophes, de questions, de bruyantes poignées de main, qui empêcha les deux chefs de se communiquer leurs rapports.

      Enfin, le gouverneur Robinson, impatienté de l’ovation que ses gens faisaient à Brown, commanda à un clairon de sonner l’appel.

      Aussitôt le tumulte s’apaisa et les cavaliers se rangèrent en assez bon ordre.

      Le gouverneur, dissimulant son dépit, s’avança alors vers Brown qui semblait insensible à l’enthousiasme dont il était l’objet.

      – Je vois, capitaine, dit-il en saluant légèrement, que vous avez eu le bonheur de nous prévenir, et je vous félicite d’un triomphe…

      – C’est à Dieu, protecteur de notre entreprise, qu’il faut adresser vos félicitations, monsieur, répondit Brown d’un ton froid.

      Le gouverneur grimaça un sourire.

      – Et à votre bras, capitaine, et à votre bras, dit-il; combien étaient-ils?

      – Une vingtaine, je crois.

      – Vous ne les avez pas poursuivis?

      – Non.

      – C’est un tort, capitaine, il fallait les tuer tous.

      – Le sang versé inutilement retombe sur celui qui l’a répandu.

      – Je ne partage pas votre avis. Quand je trouve une vipère sur mon chemin, je l’écrase; si j’en rencontre deux, j’écrase les deux; si j’en rencontre cent, mille, je tâche que pas une ne m’échappe.

      – Les hommes sont frères quelle que soit, d’ailleurs, la différence de leurs opinions, répliqua sentencieusement Brown.

      – Frères! dit Robinson en haussant les épaules; cela peut être bon en théorie, mais en pratique!… vous ne ferez jamais que les abolitionnistes de l’Union soient les frères des esclavagistes.

      Brown garda le silence. Son interlocuteur reprit bientôt:

      – Vous saviez qu’ils se proposaient d’attaquer Lawrence?

      – Je viens de l’apprendre.

      – Mais, ajouta vaniteusement Robinson, si vous ne nous aviez précédés, Hamilton et toute sa bande prêcheraient, en ce moment, l’esclavage chez le diable. Je le répète, capitaine, vous auriez dû les tuer tous, jusqu’au dernier, comme je tue cette vermine!

      Et il déchargea son revolver sur un blessé qui gémissait à leurs pieds.

      – Ce que vous faites là est indigne! s’écria Brown en se jetant sur le gouverneur qui se disposait à assassiner de même un autre blessé.

      – Capitaine, dit celui-ci avec hauteur, vous vous oubliez!

      – On ne s’oublie jamais quand on empêche un homme de se déshonorer, répliqua Brown, en arrêtant le bras de Robinson.

      – Je suis votre supérieur; moi seul ici ai le droit de commander.

      – Il y a plus élevé que vous ici, monsieur le gouverneur, riposta Brown, c’est Dieu qui vous voit, Dieu, qui vous défend le meurtre!

      – Capitaine, dit Robinson en frémissant de rage, vous avez levé la main sur moi. C’est bien; je vous ordonne de me suivre à Lawrence, pour y rendre compte de votre conduite.

      – C’était mon intention, dit simplement Brown.

      Ses compagnons s’étaient groupés autour de lui, et avaient assisté à la dernière partie de cette scène.

      – Capitaine, s’écria le fougueux Edwin en lançant un coup d’œil de défi au gouverneur, capitaine, subirez-vous les insultes?…

      – Silence, mon fils! interrompit Brown.

      Et s’adressant à sa troupe:

      – Enfants, creusez une tombe pour les morts; puis vous placerez les blessés dans ce chariot, et les armes que nos adversaires ont abandonnées.

      – Vive le capitaine Brown! crièrent unanimement les soldats de Robinson, alors que celui-ci revenait, furieux, devant leur front de bataille.

      – Du silence dans les rangs, ou je vous casse la tête, tas de braillards! dit-il en parcourant la ligne au galop.

      Sa menace n’eut aucun effet.

      La troupe répéta de nouveau:

      – Vive le capitaine Brown!

      Robinson écumait; mais il était le plus faible; il résolut de dissimuler son ressentiment.

      Après avoir enseveli les victimes de l’attaque et exécuté les ordres de leur père, par rapport aux blessés et aux armes, les fils de Brown entourèrent le chariot.

      C’était un de ces énormes wagons, comme s’en servent les émigrants et les voyageurs dans le nord-ouest de l’Amérique septentrionale. Quoique plus solides et plus durables que nos voitures, il n’entre pas un seul clou, pas un seul morceau de fer dans leur fabrication. Une bande de cuir de bœuf sauvage, appliquée fraîche sur les roues, et qui se resserre en séchant, tient lieu de cercle de métal pour assujettir les jantes ou la tablette de bois arrondie qui forme quelquefois ces roues. Le véhicule était recouvert de cerceaux, sur lesquels on avait étendu des peaux. Pour la forme – mais avec des dimensions bien autrement considérables – il ressemblait assez à ces charretins employés par nos paysans pour conduire leurs denrées au marché. Sur le devant de la voiture, attelée de quatre vigoureux chevaux, le gouverneur Robinson fit arborer le drapeau de sa troupe, comme si lui-même avait remporté la victoire, et l’on se mit en marche dans l’ordre suivant:

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