Le pouce crochu. Fortuné du Boisgobey
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Название: Le pouce crochu

Автор: Fortuné du Boisgobey

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ suivait, avec une attention marquée, le travail de deux artistes en maillot couleur chair, en caleçon de velours noir et en bottines frangées d’argent, qui exécutaient sur une barre fixe les tours les plus extraordinaires, pirouettant, voltigeant, se balançant accrochés par les mains, par les dents, par la nuque ou par les jarrets.

      Elle s’y connaissait sans doute, car tantôt elle approuvait d’un hochement de tête un saut bien réussi, tantôt elle faisait la moue lorsque l’exécution d’une cabriole difficile laissait à désirer.

      La chaise que le galant Fresnay lui avait cédée était tout près de la balustrade. La dame, absorbée par ce spectacle intéressant, finit par s’accouder sur cette clôture en bois, sans plus se préoccuper des deux jeunes gens assis à la même table qu’elle. Julien ne la voyait plus que de profil et Alfred ne la voyait plus du tout, car elle lui tournait le dos.

      Les dîneurs des deux sexes qui remplissaient la terrasse ne s’occupaient pas de ce trio mal assorti. Mais les deux amis échangeaient des signes que la Hongroise, placée comme elle l’était, ne pouvait pas apercevoir.

      – Décampons le plus tôt possible, mimait Julien. Je ne veux pas m’accointer de cette femme toute la soirée.

      – Elle me plaît, répondait Alfred par des jeux de physionomie. Va-t’en, si tu veux! moi, je reste et je pousserai l’aventure jusqu’au bout.

      Et personne ne bougeait, quoique Julien enrageât de tout son cœur. Il aurait voulu s’esquiver sans bruit, mais il devinait que, s’il se levait, l’insupportable Alfred l’interpellerait, que la dame se mettrait de la partie et qu’une explication s’ensuivrait. Il faudrait donner des raisons pour motiver ce départ précipité, et il n’en trouvait pas de bonnes, car Alfred savait parfaitement que son camarade n’avait rien à faire ce soir-là.

      Tout en maugréant, à part lui, Julien, accoté comme l’étrangère à la balustrade, regarda au-dessous de lui, et il avisa en bas un monsieur qui, au lieu de suivre des yeux le spectacle, faisait face à la terrasse et levait la tête en l’air, comme s’il eût cherché quelqu’un parmi les dîneurs.

      Ce monsieur était jeune, bien tourné, bien vêtu, bien ganté, et il n’y avait pas lieu de s’étonner qu’il passât en revue les jolies horizontales attablées au-dessus de sa tête.

      Mais Julien s’aperçut bien vite qu’il observait uniquement la prétendue comtesse et qu’il devait la connaître, car il fit un geste qui ne pouvait s’adresser qu’à elle et qui voulait dire, selon toute apparence: «Très bien! j’ai compris; c’est convenu.»

      Julien avait surpris la fin d’un entretien muet, et cette découverte le mit encore plus en défiance.

      – Bonsoir, les gymnastes! s’écria Fresnay. Les voilà partis. On baisse le rideau… nous allons retomber dans les fortes chanteuses et dans les ténors légers. Madame la comtesse tient-elle beaucoup à les entendre?

      – Mon Dieu, non, répondit l’étrangère. Mon compatriote n’arrive pas et il est inutile que je l’attende, car je commence à croire qu’il a oublié notre rendez-vous.

      – Heureusement, je suis là pour vous servir, chère madame, et je vous promets de vous faire voir du nouveau, si vous voulez bien vous en rapporter à moi.

      – Je ne dis pas non… à condition que votre ami sera de l’expédition.

      – N’y comptez pas, dit vivement Julien.

      – Tu viendras, reprit Fresnay, car je vais te mener dans un monde où tu as des chances de rencontrer l’assassin de l’associé de ton père. Et tu as promis à mademoiselle Monistrol de l’aider à retrouver ce gredin.

      – Qu’est-ce que c’est que mademoiselle Monistrol? demanda tranquillement la soi-disant comtesse de Lugos.

      – C’est la fille de l’inventeur dont je vous parlais tout à l’heure et dont les journaux vous ont raconté la mort tragique. Moi, je n’ai fait que l’entrevoir et je ne sais trop si je la reconnaîtrais, mais mon ami Gémozac est destiné à la rencontrer souvent et il lui est tout dévoué.

      – Je te prie de te taire!… dit Julien avec colère.

      – Ne vous défendez pas, monsieur, d’un sentiment qui vous honore, reprit la noble étrangère. Cette enfant est seule au monde, à ce qu’il parait. Il est tout naturel que vous vous attachiez à elle, et si réellement elle songe à venger son père…

      – Elle ne songe qu’à cela, s’écria Fresnay.

      Et comme Julien ouvrait la bouche pour lui imposer silence, l’impitoyable bavard ajouta:

      – C’est toi qui me l’as dit. Tu m’as dit aussi qu’elle a juré d’épouser l’homme qui arrêtera l’assassin… et c’est une jolie prime à gagner, que la main de mademoiselle Monistrol, puisque l’invention de son papa doit rapporter des millions. Je me serais peut-être mis sur les rangs, mais cette demoiselle doit avoir une dent contre moi… et d’ailleurs, je puis mieux employer mon temps.

      Fresnay, pour souligner cette dernière phrase, lança une œillade incendiaire à la Hongroise, qui répondit par un sourire encourageant.

      Julien était outré, et pour mettre un terme à cet insupportable marivaudage, il allait rompre en visière à cette femme en lui enjoignant de déguerpir, lorsqu’un maître d’hôtel venu des salles du rez-de-chaussée, s’approcha sournoisement de la table, et demanda:

      – Dois-je remettre à madame une carte qu’un monsieur m’a chargé de porter à madame la comtesse de Lugos?

      – Donnez! dit l’étrangère en étendant le bras.

      La carte passa sous le nez d’Alfred, et, dès que la dame y eut jeté les yeux, elle s’écria:

      – Je savais bien que M. Tergowitz ne me ferait pas faux bond. Il est au concert; il m’a vue, et il me prie de venir le rejoindre.

      Puis, s’adressant au maître d’hôtel:

      – Dites à ce monsieur, que je descends.

      – Quoi! vous allez nous quitter! soupira Fresnay.

      – À mon grand regret, cher monsieur, mais il le faut. Mon compatriote a ma parole pour ce soir… et quand je promets, je tiens.

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