Le pouce crochu. Fortuné du Boisgobey
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Название: Le pouce crochu

Автор: Fortuné du Boisgobey

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ plus long que moi, ma pauvre défunte!…

      – Eh bien, reprit Camille, je remplacerai ta maman. Tu l’aimais bien, n’est-ce pas?

      – Oui, madame, et je crois que je vous aimerai aussi.

      Georget était déjà rassuré et il regardait la jeune fille avec une attention profonde; il la contemplait; il l’admirait.

      – Ton père veut bien venir avec moi, dit-elle, tu viendras aussi.

      – Où donc, madame?

      – Dans un bon logement où vous serez tous les deux bien traités, bien couchés, bien nourris.

      – Qu’est-ce qu’il faudra faire pour ça?

      – M’aider à retrouver un homme qui m’a fait du mal et qui vous en a fait aussi… un homme et une femme…

      – Zig-Zag et… oh! ça me va!…

      Il n’avait pas voulu, devant son père, prononcer le nom d’Amanda. Camille lui en sut gré et se dit qu’avec son intelligence précoce, cet enfant serait un précieux auxiliaire.

      – Ça ne sera pas commode, reprit le gamin. Ah! s’ils avaient seulement laissé Vigoureux… mais ils ont eu soin de l’emmener.

      – Vigoureux? interrogea Camille.

      – Oui, le chien de Zig-Zag. Il saurait bien retrouver son maître.

      Georget parlait encore, lorsqu’un énorme dogue, lancé comme un boulet de canon, se jeta dans ses jambes et faillit le renverser.

      – C’est lui! s’écria Courapied. Zig-Zag ne doit pas être loin.

      Camille, pâle d’émotion, chercha des yeux le clown, mais contrairement aux prévisions du mari d’Amanda, le clown ne se montra point.

      Le chien, sans s’arrêter, se précipita sur la baraque, trouva immédiatement un endroit où la cloison ne touchait pas le sol, gratta la terre avec ses grosses pattes pour élargir le trou, s’y glissa en s’aplatissant et disparut derrière les planches.

      – Georget! cria Courapied, vite!… une corde et une courroie!

      L’enfant ne demanda point à son père ce qu’il voulait faire de ces accessoires. Il avait compris tout de suite.

      Il courut aux chevaux qui paissaient tout près de là, tira un couteau de sa poche, coupa la corde qui les attachait au timon de la maringotte, défit un des licous et alla immédiatement se poster à genoux, près du trou par lequel le chien s’était glissé dans la baraque.

      Mademoiselle Monistrol assistait, ébahie, à ces préparatifs et ne devinait pas du tout dans quel but le pitre avait donné à son fils ces ordres bizarres. Elle l’interrogea d’un coup d’œil et il répondit en se frottant les mains:

      – Nous avons de la chance.

      – Comment cela? balbutia Camille.

      – Vigoureux nous conduira chez Zig-Zag.

      – Quoi! ce vilain bouledogue?

      – Il est mâtiné de braque et il n’a pas son pareil pour suivre une piste. On l’emmènerait à dix lieues qu’il retrouverait le chemin de sa niche. Et la preuve, c’est qu’il vient probablement de l’autre bout de Paris et qu’il est arrivé ici tout droit.

      – Bon! mais s’il aime tant son gîte, il n’en voudra plus sortir.

      – Croyez donc pas ça, mademoiselle. Vigoureux fait les commissions. Son maître l’envoyait tous les jours chez le boucher, avec un panier dans la gueule et de l’argent dans le panier. Il laissait prendre l’argent quand le boucher l’avait servi et il rapportait la viande sans y toucher. C’est cette gueuse d’Amanda qui l’a dressé.

      – Eh bien? demanda Camille qui ne comprenait pas encore.

      – Eh bien, parions que Zig-Zag a oublié quelque chose dans la cabine où il s’habillait… quelque chose qu’il tient à ravoir… et il a lâché son chien en lui disant: «apporte!» ça suffît. Il a une manière à lui de lui frotter le museau par terre et de lui montrer la direction qu’il faut prendre. Vigoureux part comme une balle et il ne se trompe jamais.

      – Qu’il aille où on l’envoie, c’est possible, à la rigueur. Mais qu’il puisse reconnaître l’objet qui manque à son maître, j’en doute.

      – Ah! ce n’est pas ça qui le gêne. Il sent tout ce que Zig-Zag a touché.

      – Père, dit à demi-voix Georget, je l’entends. Il démolit le plancher là-dedans… avec ses dents et avec ses pattes.

      – Parce que la cachette est dessous. Laissons-le faire. Il va reparaître avec l’objet. Ce sera le moment de l’arquepincer. Ouvre l’œil, petit!

      La recommandation était superflue. Collé contre la cloison, comme un terrier qui guette un rat au bord d’un trottoir, l’enfant tenait le licou dans une main, la boucle dans l’autre, tout prêt à museler la bête, au risque de se faire couper les doigts d’un coup de gueule.

      Mademoiselle Monistrol, de plus en plus étonnée, aurait bien voulu questionner encore, mais Courapied lui fit signe de se taire. L’instant décisif approchait et il s’agissait de ne pas effaroucher Vigoureux, qui aurait pu rebrousser chemin en entendant du bruit et sortir par le devant de la baraque.

      Mais Vigoureux ne croyait pas avoir besoin de ruses. Il avait reconnu Courapied et Georget, et probablement Zig-Zag lui avait appris à faire peu de cas de ces deux pauvres diables. Il voulut donc sortir par où il était entré, et bientôt son mufle épaté apparut au bord du trou. Mais il eut plus de peine à passer, parce qu’il tenait entre ses dents une espèce de coffret, ou plutôt une boite longue et plate; il la tenait par une poignée d’acier plantée au milieu du couvercle, et il poussait de toutes ses forces pour se faire jour.

      – Hein! qu’est-ce que je vous disais? s’écria Courapied. Les fait-il, les commissions? Mais pour celle-là, nisco!… Attention, Georget! c’est le moment, ne le manque pas, et prends garde de te faire mordre.

      Georget manœuvra avec adresse et précision. Il glissa vivement le licou sous le museau du chien, fit faire à la courroie trois ou quatre tours bien serrés et boucla solidement l’ardillon. Ce fut fini en un tour de main.

      Vigoureux aurait bien voulu se servir de ses crocs, mais, pour mordre, il eût été obligé de lâcher la boîte, et Vigoureux était fidèle à sa consigne.

      Quand il se sentit muselé, il essaya de rentrer dans la baraque, mais Georget avait sa corde toute prête; sans perdre une seconde, il la passa dans l’anneau du collier que le bouledogue portait au cou, et il se mit à tirer tant qu’il put.

      Vigoureux tirait en sens contraire, et il était plus fort que ce gamin de douze ans.

      – Tiens bon, mon fieu! cria le père en se précipitant à son aide.

      À eux deux ils parvinrent, non sans peine, à traîner l’énorme animal, qui se leva aussitôt sur ses pattes de derrière, se jeta sur l’enfant et le renversa d’un coup de poitrail. Georget se releva prestement СКАЧАТЬ