La reine Margot. Alexandre Dumas
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Название: La reine Margot

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      – Fort bien, monsieur, fort bien, dit La Mole, à votre aise. D’ailleurs, je ne suis point fâché de me jeter un instant sur mon lit. Maître La Hurière! …

      – Monsieur le comte?

      – Si l’on venait me chercher de la part du roi de Navarre, vous me réveilleriez. Je serai tout habillé, et par conséquent vite prêt.

      – C’est comme moi, dit Coconnas; pour ne pas faire attendre Son Altesse un seul instant, je vais me préparer le signe. Maître La Hurière, donnez-moi des ciseaux et du papier blanc.

      – Grégoire! cria La Hurière, du papier blanc pour écrire une lettre, des ciseaux pour en tailler l’enveloppe!

      – Ah çà, décidément, se dit à lui-même le Piémontais, il se passe ici quelque chose d’extraordinaire.

      – Bonsoir, monsieur de Coconnas! dit La Mole. Et vous, mon hôte, faites-moi l’amitié de me montrer le chemin de ma chambre. Bonne chance, notre ami!

      Et La Mole disparut dans l’escalier tournant, suivi de La Hurière. Alors l’homme mystérieux saisit à son tour le bras de Coconnas, et, l’attirant à lui, il lui dit avec volubilité:

      – Monsieur, vous avez failli révéler cent fois un secret duquel dépend le sort du royaume. Dieu a voulu que votre bouche fût fermée à temps. Un mot de plus, et j’allais vous abattre d’un coup d’arquebuse. Maintenant nous sommes seuls, heureusement, écoutez.

      – Mais qui êtes-vous, pour me parler avec ce ton de commandement? demanda Coconnas.

      – Avez-vous, par hasard, entendu parler du sire de Maurevel?

      – Le meurtrier de l’amiral?

      – Et du capitaine de Mouy.

      – Oui, sans doute.

      – Eh bien, le sire de Maurevel, c’est moi.

      – Oh! oh! fit Coconnas.

      – Écoutez-moi donc.

      – Mordi! Je crois bien que je vous écoute.

      – Chut! fit le sire de Maurevel en portant son doigt à sa bouche. Coconnas demeura l’oreille tendue.

      On entendit en ce moment l’hôte refermer la porte d’une chambre, puis la porte du corridor, y mettre les verrous, et revenir précipitamment du côté des deux interlocuteurs.

      Il offrit alors un siège à Coconnas, un siège à Maurevel, et en prenant un troisième pour lui:

      – Tout est bien clos, dit-il, monsieur de Maurevel, vous pouvez parler.

      Onze heures sonnaient en Saint-Germain-l’Auxerrois. Maurevel compta l’un après l’autre chaque battement de marteau qui retentissait vibrant et lugubre dans la nuit, et quand le dernier se fut éteint dans l’espace:

      – Monsieur, dit-il en se retournant vers Coconnas tout hérissé à l’aspect des précautions que prenaient les deux hommes, monsieur, êtes-vous bon catholique?

      – Mais je le crois, répondit Coconnas.

      – Monsieur, continua Maurevel, êtes-vous dévoué au roi?

      – De cœur et d’âme. Je crois même que vous m’offensez, monsieur, en m’adressant une pareille question.

      – Nous n’aurons pas de querelle là-dessus; seulement, vous allez nous suivre.

      – Où cela?

      – Peu vous importe. Laissez-vous conduire. Il y va de votre fortune et peut-être de votre vie.

      – Je vous préviens, monsieur, qu’à minuit j’ai affaire au Louvre.

      – C’est justement là que nous allons.

      – M. de Guise m’y attend.

      – Nous aussi.

      – Mais j’ai un mot de passe particulier, continua Coconnas un peu mortifié de partager l’honneur de son audience avec le sire de Maurevel et maître La Hurière.

      – Nous aussi.

      – Mais j’ai un signe de reconnaissance. Maurevel sourit, tira de dessous son pourpoint une poignée de croix en étoffe blanche, en donna une à La Hurière, une à Coconnas, et en prit une pour lui. La Hurière attacha la sienne à son casque, Maurevel en fit autant de la sienne à son chapeau.

      – Oh çà! dit Coconnas stupéfait, le rendez-vous, le mot d’ordre, le signe de ralliement, c’est donc pour tout le monde?

      – Oui, monsieur; c’est-à-dire pour tous les bons catholiques.

      – Il y a fête au Louvre alors, banquet royal, n’est-ce pas? s’écria Coconnas, et l’on en veut exclure ces chiens de huguenots?… Bon! bien! à merveille! Il y a assez longtemps qu’ils y paradent.

      – Oui, il y a fête au Louvre, dit Maurevel, il y a banquet royal, et les huguenots y seront conviés… Il y a plus, ils seront les héros de la fête, ils paieront le banquet, et, si vous voulez bien être des nôtres, nous allons commencer par aller inviter leur principal champion, leur Gédéon, comme ils disent.

      – M. l’amiral? s’écria Coconnas.

      – Oui, le vieux Gaspard, que j’ai manqué comme un imbécile, quoique j’aie tiré sur lui avec l’arquebuse même du roi.

      – Et voilà pourquoi, mon gentilhomme, je fourbissais ma salade, j’affilais mon épée et je repassais mes couteaux, dit d’une voix stridente maître La Hurière travesti en guerre.

      À ces mots, Coconnas frissonna et devint fort pâle, car il commençait à comprendre.

      – Quoi, vraiment! s’écria-t-il, cette fête, ce banquet… c’est… on va…

      – Vous avez été bien long à deviner, monsieur, dit Maurevel, et l’on voit bien que vous n’êtes pas fatigué comme nous des insolences de ces hérétiques.

      – Et vous prenez sur vous, dit-il, d’aller chez l’amiral, et de…? Maurevel sourit, et attirant Coconnas contre la fenêtre:

      – Regardez, dit-il; voyez-vous, sur la petite place, au bout de la rue, derrière l’église, cette troupe qui se range silencieusement dans l’ombre?

      – Oui.

      – Les hommes qui composent cette troupe ont, comme maître La Hurière, vous et moi, une croix au chapeau.

      – Eh bien?

      – Eh bien, ces hommes, c’est une compagnie de Suisses des petits cantons, commandés par Toquenot; vous savez que messieurs des petits cantons sont les compères du roi.

      – Oh! oh! fit Coconnas.

      – Maintenant, voyez cette troupe de cavaliers qui passe sur le quai; reconnaissez-vous son chef?

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