La reine Margot. Alexandre Dumas
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Название: La reine Margot

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ vous la passerez vous-même, c’est immanquable.

      Et tous deux se mirent à rire, en faisant de leur mieux honneur à l’omelette de maître La Hurière.

      VI. La dette payée

      Maintenant, si le lecteur est curieux de savoir pourquoi M. de La Mole n’avait pas été reçu par le roi de Navarre, pourquoi M. de Coconnas n’avait pu voir M. de Guise, et enfin pourquoi tous deux, au lieu de souper au Louvre avec des faisans, des perdrix et du chevreuil, soupaient à l’hôtel de la Belle-Étoile avec une omelette au lard, il faut qu’il ait la complaisance de rentrer avec nous au vieux palais des rois et de suivre la reine Marguerite de Navarre que La Mole avait perdue de vue à l’entrée de la grande galerie.

      Tandis que Marguerite descendait cet escalier, le duc Henri de Guise, qu’elle n’avait pas revu depuis la nuit de ses noces, était dans le cabinet du roi. À cet escalier que descendait Marguerite, il y avait une issue. À ce cabinet où était M. de Guise, il y avait une porte. Or, cette porte et cette issue conduisaient toutes deux à un corridor, lequel corridor conduisait lui-même aux appartements de la reine mère Catherine de Médicis.

      Catherine de Médicis était seule, assise près d’une table, le coude appuyé sur un livre d’heures entr’ouvert, et la tête posée sur sa main encore remarquablement belle, grâce au cosmétique que lui fournissait le Florentin René, qui réunissait la double charge de parfumeur et d’empoisonneur de la reine mère.

      La veuve de Henri II était vêtue de ce deuil qu’elle n’avait point quitté depuis la mort de son mari. C’était à cette époque une femme de cinquante-deux à cinquante-trois ans à peu près, qui conservait, grâce à son embonpoint plein de fraîcheur, les traits de sa première beauté. Son appartement, comme son costume, était celui d’une veuve. Tout y était d’un caractère sombre: étoffes, murailles, meubles. Seulement, au-dessus d’une espèce de dais couvrant un fauteuil royal, où pour le moment dormait couchée la petite levrette favorite de la reine mère, laquelle lui avait été donnée par son gendre Henri de Navarre et avait reçu le nom mythologique de Phébé, on voyait peint au naturel un arc-en-ciel entouré de cette devise grecque que le roi François Ier lui avait donnée: Phôs pherei ê de kai aïthzên, et qui peut se traduire par ce vers français:

      Il porte la lumière et la sérénité.

      Tout à coup, et au moment où la reine mère paraissait plongée au plus profond d’une pensée qui faisait éclore sur ses lèvres peintes avec du carmin un sourire lent et plein d’hésitation, un homme ouvrit la porte, souleva la tapisserie et montra son visage pâle en disant:

      – Tout va mal. Catherine leva la tête et reconnut le duc de Guise.

      – Comment, tout va mal! répondit-elle. Que voulez-vous dire, Henri?

      – Je veux dire que le roi est plus que jamais coiffé de ses huguenots maudits, et que, si nous attendons son congé pour exécuter la grande entreprise, nous attendrons encore longtemps et peut-être toujours.

      – Qu’est-il donc arrivé? demanda Catherine en conservant ce visage calme qui lui était habituel, et auquel elle savait cependant si bien, selon l’occasion, donner les expressions les plus opposées.

      – Il y a que tout à l’heure, pour la vingtième fois, j’ai entamé avec Sa Majesté cette question de savoir si l’on continuerait de supporter les bravades que se permettent, depuis la blessure de leur amiral, messieurs de la religion.

      – Et que vous a répondu mon fils? demanda Catherine.

      – Il m’a répondu: «Monsieur le duc, vous devez être soupçonné du peuple comme auteur de l’assassinat commis sur mon second père monsieur l’amiral; défendez-vous comme il vous plaira. Quant à moi, je me défendrai bien moi-même si l’on m’insulte…» Et sur ce il m’a tourné le dos pour aller donner à souper à ses chiens.

      – Et vous n’avez point tenté de le retenir?

      – Si fait. Mais il m’a répondu avec cette voix que vous lui connaissez et en me regardant de ce regard qui n’est qu’à lui: «Monsieur le duc, mes chiens ont faim, et ce ne sont pas des hommes pour que je les fasse attendre…» Sur quoi je suis venu vous prévenir.

      – Et vous avez bien fait, dit la reine mère.

      – Mais que résoudre?

      – Tenter un dernier effort.

      – Et qui l’essaiera?

      – Moi. Le roi est-il seul?

      – Non! Il est avec M. de Tavannes.

      – Attendez-moi ici. Ou plutôt suivez-moi de loin. Catherine se leva aussitôt et prit le chemin de la chambre où se tenaient, sur des tapis de Turquie et des coussins de velours, les lévriers favoris du roi. Sur des perchoirs scellés dans la muraille étaient deux ou trois faucons de choix et une petite pie-grièche avec laquelle Charles IX s’amusait à voler les petits oiseaux dans le jardin du Louvre et dans ceux des Tuileries, qu’on commençait à bâtir. Pendant le chemin la reine mère s’était arrangé un visage pâle et plein d’angoisse, sur lequel roulait une dernière ou plutôt une première larme.

      Elle s’approcha sans bruit de Charles IX, qui donnait à ses chiens des fragments de gâteaux coupés en portions pareilles.

      – Mon fils! dit Catherine avec un tremblement de voix si bien joué qu’il fit tressaillir le roi.

      – Qu’avez-vous, madame? dit le roi en se retournant vivement.

      – J’ai, mon fils, répondit Catherine, que je vous demande la permission de me retirer dans un de vos châteaux, peu m’importe lequel, pourvu qu’il soit bien éloigné de Paris.

      – Et pourquoi cela, madame? demanda Charles IX en fixant sur sa mère son œil vitreux qui, dans certaines occasions, devenait si pénétrant.

      – Parce que chaque jour je reçois de nouveaux outrages de ceux de la religion, parce qu’aujourd’hui je vous ai entendu menacer par les protestants jusque dans votre Louvre, et que je ne veux plus assister à de pareils spectacles.

      – Mais enfin, ma mère, dit Charles IX avec une expression pleine de conviction, on leur a voulu tuer leur amiral. Un infâme meurtrier leur avait déjà assassiné le brave M. de Mouy, à ces pauvres gens. Mort de ma vie, ma mère! il faut pourtant une justice dans un royaume.

      – Oh! soyez tranquille, mon fils, dit Catherine, la justice ne leur manquera point, car si vous la leur refusez, ils se la feront à leur manière: sur M. de Guise aujourd’hui, sur moi demain, sur vous plus tard.

      – Oh! madame, dit Charles IX laissant percer dans sa voix un premier accent de doute, vous croyez?

      – Eh! mon fils, reprit Catherine, s’abandonnant tout entière à la violence de ses pensées, ne savez-vous pas qu’il ne s’agit plus de la mort de M. François de Guise ou de celle de M. l’amiral, de la religion protestante ou de la religion catholique, mais tout simplement de la substitution du fils d’Antoine de Bourbon au fils de Henri II?

      – Allons, allons, ma mère, voici que vous retombez encore dans vos exagérations habituelles! dit le roi.

      – Quel est donc votre avis, mon fils?

      – D’attendre, СКАЧАТЬ