L'homme qui rit. Victor Hugo
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Название: L'homme qui rit

Автор: Victor Hugo

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ où les carrosses tournent avant d’entrer au château, appartient à Robert, comte Lindsay, lord héréditaire de la forêt de Walham.

      «Up Parke, en Sussex, château carré avec deux pavillons symétriques à beffroi des deux côtés de la cour d’honneur, est au très honorable Ford, lord Grey, vicomte Glendale et comte de Tankarville,

      «Newnham Padox, en Warwickshire, qui a deux viviers quadrangulaires, et un pignon avec vitrail à quatre pans, est au comte de Denbigh, qui est comte de Rheinfelden en Allemagne.

      «Wythame, dans le comté de Berk, avec son jardin français où il y a quatre tonnelles taillées, et sa grande tour crénelée accostée de deux hautes nefs de guerre, est à lord Montagne, comte d’Abiegdon, qui a aussi Rycott, dont il est baron, et dont la porte principale fait lire la devise: Virtus ariete fortior.

      «William Cavendish, duc de Devonshîre, a six châteaux, dont Chaltsworth qui est à deux élages du plus bel ordre grec, et en outre sa grâce a son hôtel de Londres où il y a un lion qui tourne le dos au palais du roi.

      «Le vicomte Kinalmeaky, qui est comte de Cork en Irlande, a Burlington-house en Picadily, avec de vastes jardins qui vont jusqu’aux champs hors de Londres; il a aussi Chiswick où il y a neuf corps de logis magnifiques; il a aussi Londesburgh qui est un hôtel neuf à côté d’un vieux palais,

      «Le duc de Beaufort a Chelsea qui contient deux châteaux gothiques et un château florentin; il a aussi Badmington en Glocester, qui est une résidence d’où rayonnent une foule d’avenues comme d’une étoile. Très noble et puissant prince Henri, duc de Beaufort, est en même temps marquis et comte de Worcester, baron Raglan, baron Power, et baron Herbert de Chepstow.

      «John Holles, duc de Newcastle et marquis de Clare, a Bolsover dont le donjon carré est majestueux, plus Haughton en Nottingham où il y a au centre d’un bassin une pyramide ronde imitant la tour de Babel,

      «William, lord Craven, baron Graven de Hampsteard, a, en Warwickshire, une résidence, Comb-Abbey, où l’on voit le plus beau jet d’eau de l’Angleterre, et, en Berkshire, deux baronnies, Hampstead Marshall dont la façade offre cinq lanternes gothiques engagées, et Asdowne Park qui est un château au point d’intersection d’une croix de routes dans une forêt.

      «Lord Linnoeus Clancharlie, baron Clancharlie et Hunkerville, marquis de Corleone en Sicile, a sa pairie assise sur le château de Clancharlie, bâti en 914 par Edouard le Vieux contre les Danois, plus Hunkerville-house à Londres, qui est un palais, plus, à Windsor, Corleone-lodge, qui en est un autre, et huit châtellenies, une à Bruxton, sur le Trerit, avec un droit sur les carrières d’albâtre, puis Gumdraith, Homble, Moricambe, Trenwardraith, Hell-Kerters, où il y a un puits merveilleux, Pillinmore et ses marais à tourbe, Reculver près de l’ancienne ville Vagniacoe, Vinecaunton sur la montagne Moil-enlli; plus dix-neuf bourgs et villages avec baillis, et tout le pays de Pensneth-chase, ce qui ensemble rapporte à sa seigneurie quarante mille livres sterling de rente.

      «Les cent soixante-douze pairs régnant sous Jacques II possèdent entre eux en bloc un revenu de douze cent soixante-douze mille livres sterling par an, qui est la onzième partie du revenu de l’Angleterre,

      En marge du dernier nom, lord Linnoeus Clancharlie, on lisait cette note de la main d’Ursus:

      – Rebelle; en exil; biens, châteaux et domaines sous le séquestre. C’est bien fait.

      IV

      Ursus admirait Homo. On admire près de soi. C’est une loi.

      Être toujours sourdement furieux, c’était la situation intérieure d’Ursus, et gronder était sa situation extérieure. Ursus était le mécontent de la création. Il était dans la nature celui qui fait de l’opposition. Il prenait l’univers en mauvaise part. Il ne donnait de satisfecit à qui que ce soit, ni à quoi que ce soit. Faire le miel n’absolvait pas l’abeille de piquer; une rosé épanouie n’absolvait pas le soleil de la fièvre jaune et du vomito negro. Il est probable que dans l’intimité Ursus faisait beaucoup de critiques à Dieu. Il disait: – Évidemment, le diable est à ressort, et le tort de Dieu, c’est d’avoir lâché la détente. – Il n’approuvait guère que les princes, et il avait sa manière à lui de les applaudir. Un jour que Jacques II donna en don à la Vierge d’une chapelle catholique irlandaise une lampe d’or massif, Ursus, qui passait par là, avec Homo, plus indifférent, éclata en admiration devant tout le peuple, et s’écria: – Il est certain que la sainte Vierge a bien plus besoin d’une lampe d’or que les petits enfants que voilà pieds nus n’ont besoin de souliers.

      De telles preuves de sa «loyauté» et l’évidence de son respect pour les puissances établies ne contribuèrent probablement pas peu à faire tolérer par les magistrats son existence vagabonde et sa mésalliance avec un loup. Il laissait quelquefois le soir, par faiblesse amicale, Homo se détirer un peu les membres et errer en liberté autour de la cahute; le loup était incapable d’un abus de confiance, et se comportait «en société», c’est-à-dire parmi les hommes, avec la discrétion d’un caniche; pourtant, si l’on eût eu affaire à des alcades de mauvaise humeur, cela pouvait avoir des inconvénients; aussi Ursus maintenait-il, le plus possible, l’honnête loup enchaîné. Au point de vue politique, son écriteau sur l’or, devenu indéchiffrable et d’ailleurs peu intelligible, n’était autre chose qu’un barbouillage de façade et ne le dénonçait point. Même après Jacques II, et sous le règne «respectable» de Guillaume et Marie, les petites villes des comtés d’Angleterre pouvaient voir rôder paisiblement sa carriole. Il voyageait librement, d’un bout de la Grande-Bretagne à l’autre, débitant ses philtres et ses fioles, faisant, de moitié avec son loup, ses mômeries de médecin de carrefour, et il passait avec aisance travers les mailles du filet de police tendu à cette époque par toute l’Angleterre pour éplucher les bandes nomades, et particulièrement pour arrêter au passage les «comprachicos».

      Du reste, c’était juste. Ursus n’était d’aucune bande. Ursus vivait avec Ursus; tête-à-tête de lui-même avec lui-même dans lequel un loup fourrait gentiment son museau. L’ambition d’Ursus eût été d’être caraïbe; ne le pouvant, il était celui qui est seul. Le solitaire est un diminutif du sauvage, accepté par la civilisation. On est d’autant plus seul qu’on est errant. De l son déplacement perpétuel. Rester quelque part lui semblait de l’apprivoisement. Il passait sa vie à passer son chemin. La vue des villes redoublait en lui le goût des broussailles, des halliers, des épines, et des trous dans les rochers. Son chez-lui était la forêt. Il ne se sentait pas très dépaysé dans le murmure des places publiques assez pareil au brouhaha des arbres. La foule satisfait dans une certaine mesure le goût qu’on a du désert. Ce qui lui déplaisait dans cette cahute, c’est qu’elle avait une porte et des fenêtres et qu’elle ressemblait à une maison. Il eût atteint son idéal s’il eût pu mettre une caverne sur quatre roues, et voyager dans un antre.

      Il ne souriait pas, nous l’avons dit, mais il riait; parfois, fréquemment même, d’un rire amer. Il y a du consentement dans le sourire, tandis que le rire est souvent un refus.

      Sa grande affaire était de haïr le genre humain. Il était implacable dans cette haine. Ayant tiré à clair ceci que la vie humaine est une chose affreuse, ayant remarqué la superposition des fléaux, les rois sur le peuple, la guerre sur les rois, la peste sur la guerre, la famine sur la peste, la bêtise sur le tout, ayant constaté une certaine quantité de châtiment dans le seul fait d’exister, ayant reconnu que la mort est une délivrance, quand on lui amenait un malade, il le guérissait. Il avait des cordiaux et des breuvages pour prolonger la vie des vieillards. Il remettait les culs-de-jatte sur leurs pieds, et leur jetait ce sarcasme; – Te voilà sur tes pattes. Puisses-tu marcher longtemps dans la vallée de larmes! Quand il voyait un pauvre mourant de faim, il lui donnait tous les liards qu’il СКАЧАТЬ