Le crime de l'omnibus. Fortuné du Boisgobey
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Название: Le crime de l'omnibus

Автор: Fortuné du Boisgobey

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ qui établit clairement sa situation. Il reçoit des ordres, il opère pour un autre. Ce gredin n’est qu’un assassin à gages. On veut… qui est cet on? Probablement, un homme intéressé à supprimer la jeune fille et trop prudent pour se compromettre en agissant lui-même.

      – Oui, murmura Freneuse, tu ne raisonnes pas mal mais tu n’en es pas beaucoup plus avancé, car tout cela est bien vague.

      – Pardon, à la seconde ligne, il y a une indication qui est assez précise. «Elle loge..». Elle, c’est certainement la nouvelle arrivée… «elle loge rue des..».

      – Eh bien! Le nom de la rue n’y est pas? Est-ce que tu espères le deviner? Ce serait plus fort que tout le reste.

      – Remarque, cher ami, qu’il n’y a pas rue de… il y a rue des… ce pluriel facilitera singulièrement mes recherches. Combien y en a-t-il à Paris, de rues des…? Fort peu, n’est-ce pas?

      – Mais tu te trompes. Il y en a beaucoup. Si tu veux, je vais t’en citer de mémoire une douzaine… rue des Amandiers… rue des Bons-Enfants… rue des Blancs-Manteaux… rue des Canettes… rue des Quatre-Vents… rue des Deux-Écus… rue des Mauvais-Garçons…

      – Assez! assez! tu finirais par me réciter l’almanach Bottin d’un bout à l’autre. J’aime mieux le consulter à loisir. Quoi que tu en dises, d’ailleurs, on les compte, ces rues-là, et quand il y en aurait cinquante, je les inspecterai toutes. J’irai de porte en porte demander si une jeune personne n’a pas disparu de la maison.

      – Et, au bout de trois ou quatre mois, tu finiras peut-être par obtenir un renseignement, dit Freneuse, en haussant les épaules. Il serait bien plus simple d’aller remettre l’épingle et la lettre déchirée au commissaire de police, qui ouvrira une enquête et, avec les moyens dont il dispose, découvrira promptement le domicile de la victime.

      – Très bien. Alors, tu vas m’accompagner chez ce magistrat.

      – Moi! ah! mais non, par exemple! Je t’ai déjà dit que je n’avais pas de temps à perdre.

      – Comme tu voudras. Mais je ne puis rien faire sans toi… j’entends: rien d’officiel. Si je me présente devant le commissaire, il faudra bien lui dire de qui je tiens les pièces que je lui rapporte; il faudra aussi que je lui raconte la mort de ton chat. Je crois même qu’il demandera à voir le cadavre de Mirza. On fera l’autopsie de la pauvre bête.

      – Jamais de la vie! s’écria Freneuse. Je ne veux pas qu’on dissèque mon chat. C’est bien assez que tu l’aies tué.

      – Donc, il est inutile que j’aille voir le commissaire pour lui conter l’histoire, répliqua Binos. Qui veut la fin, veut les moyens, mon cher. Si nous mettons l’affaire entre les mains de la police, tu dois t’attendre à être longuement et fréquemment interrogé.

      – C’est ce que je ne veux pas.

      – Et c’est ce qui arrivera sans aucun doute. À cette heure, personne ne croit à un crime. Aussi t’a-t-on laissé tranquille. Mais si l’empoisonnement de Mirza est constaté, les choses changeront aussitôt de face. On fera des expériences avec l’épingle sur d’autres animaux; on sacrifiera des chiens et des lapins; les médecins écriront de gros rapports sur les effets du curare, et l’on ne doutera plus que la jeune fille de l’omnibus n’ait été assassinée. On mettra sur pied tous les agents, et, comme toi seul as remarqué et observé la tueuse et son complice de l’impériale, on te priera sans doute d’accompagner ces messieurs de la Sûreté dans leurs expéditions, à seule fin de reconnaître les coupables, si l’on parvient à les dénicher.

      – Allons donc! Est-ce qu’un particulier est tenu de payer de sa personne en pareil cas? Tu te moques de moi.

      – Je conviens que j’ai un peu chargé le tableau, mais tu peux être certain qu’on t’appellera chaque fois qu’on aura mis la main sur un homme suspect ou sur une femme suspecte. C’est toi qui décideras s’il faut les relâcher, ou si l’arrestation doit être maintenue.

      – Charmante perspective! Je serais toute la journée aux ordres de la police. Non pas, non pas! Fais comme tu l’entendras, cher ami. Pourvu que je ne sois obligé de ne me mêler de rien, c’est tout ce que je demande.

      – Alors, tu me confies l’épingle et la lettre déchirée; tu me laisses carte blanche, et tu ne t’aviseras jamais de contrôler mes opérations?

      – Jamais!… à une condition… c’est que tu me tiendras au courant.

      – Tu peux y compter. Je ne serai occupé que de ma chasse aux gredins, et comme je te vois tous les jours, je n’aurai rien de mieux à te dire que de te raconter ce que j’aurai fait la veille. C’est convenu, n’est-ce pas? Nous nous passons du commissaire.

      – Oui… et cependant…

      – Quoi donc?

      – Je me demande si nous avons le droit de garder pour nous ce que nous savons. Le devoir d’un bon citoyen est d’éclairer la justice, et tu veux laisser, comme on dit, la lumière sous le boisseau.

      – Pardon! je compte bien l’éclairer quand le moment sera venu, la justice!… c’est-à-dire quand je tiendrai le couple scélérat; elle me devra des remerciements, car j’aurai préparé sa besogne, et le procès de ces coquins sera plus qu’à moitié fait quand je les lui livrerai.

      – En vérité, je t’admire. Tu as en tes talents une confiance!… Et sans doute tu te proposes d’opérer seul.

      – Pas tout à fait. J’ai beaucoup de dispositions pour devenir un limier de premier ordre, mais la pratique me manque. Au début, il me faudra un guide, un instructeur, pas pour les grands principes… je les ai devinés d’instinct… mais pour me montrer les petites ficelles du métier.

      «Eh bien, j’ai cet homme-là sous la main.

      – Ah bah!

      – Mon Dieu, oui. C’est un monsieur que je rencontre très souvent au café… pas dans ce quartier-ci… il m’a pris en amitié parce qu’un soir je lui ai fait son portrait au crayon… et à l’œil. Il cause police assez volontiers, et il en cause très bien. Je suis à peu près sûr qu’il en a été autrefois.

      – Diable! tu as de belles connaissances.

      – Que veux-tu? Je ne peux pas passer mes soirées dans les salons du faubourg Saint-Germain. On oublie toujours de m’y inviter. Mais si tu connaissais ce brave Piédouche, tu comprendrais que je me plaise dans sa société. Il est plein d’esprit… et d’anecdotes amusantes.

      – Je n’en doute pas, mais je te dispense de me le présenter, et je te prie même de ne pas lui parler de moi.

      «Et maintenant que nous sommes d’accord, fais-moi le plaisir de me débarrasser de tout ce qui me rappellerait cette lugubre histoire. Emporte la lettre, l’épingle, et même le corps de Mirza.

      – Je ne demande pas mieux, répondit Binos, et par la même occasion je vais te débarrasser de ma personne. J’ai affaire chez moi.

      – Une dernière recommandation, ajouta Freneuse. Ne dis jamais un mot de cette affaire devant Pia. Elle est très nerveuse, et je craindrais…

      – Et puis elle bavarderait. N’aie pas peur. Je СКАЧАТЬ