Roulette Russe. May Freighter
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Название: Roulette Russe

Автор: May Freighter

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Детская проза

Серия:

isbn: 9788835432364

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СКАЧАТЬ Pourquoi tu fais ça ?

      Nadine fronça des sourcils.

      - Que veux-tu dire ?

      - Tu souris, mais on a l'impression que tu te forces à le faire.

      Nadine s'arrêta dans l'escalier, la tête baissée.

      - Ecoute, je ne voulais pas te vexer…

      Nadine hocha la tête. Elle écarta sa frange de ses yeux et sourit. Son premier vrai sourire. Helena se sentit heureuse.

      - Personne ne m'a jamais dit ça auparavant. Les gens, en général, préfèrent m’éviter dès qu’ils en apprennent plus sur moi… le vrai moi.

      Nadine reprit la descente des marches.

      Un million de questions se poussaient les unes les autres à l’intérieur de sa tête. N'importe qui de normal feindrait le désintérêt et changerait de sujet. Helena refusait de le faire. Elle voulait savoir pourquoi cette fille avait dressé une barrière autour d'elle pour s’éloigner des autres.

      Helena attrapa le bras de la fille en bas des escaliers.

      - Est-ce que tu tortures des chiots, est-ce que tu roules en sens inverse dans une rue à sens unique ou quelque chose comme ça ?

      Nadine détourna ses yeux et se mordit la lèvre inférieure. Helena avait détecté dans ses yeux une douleur profonde et déchirante.

      - Je ne peux pas avoir d'amis parce qu'ils seront chassés par les ténèbres qui me suivent.

      La frange de Nadine tomba sur ses yeux comme une armure.

      - J'allais oublier, je dois me rendre quelque part.

      Helena la rattrapa par les épaules, forçant la fille à s’arrêter. Pour une fois, elle s’était retenue de dire ce qu’elle pensait. Alors qu’Helena cherchait ses mots, Nadine repoussa sa main.

      - Helena, les gens comme toi brillent de mille feux. Je ne veux pas qu’une chose de mal t’arrive à cause de moi.

      - Tu ne penses pas que c’est à moi de prendre cette décision ?

      - Tu ne réalises pas à quel point c’est dangereux d’être avec moi !

      - Et si tu m’expliquais !

      La main chaude de Nadine caressa la joue d'Helena.

      - Je suis désolée, mais, à la place, je vais te montrer.

      Le corps d'Helena se détendit et sa vision s'assombrit. Des images floues se mirent à flotter devant ses yeux. Elle se concentra. Plus elles défilaient, plus elles devenaient claires.

      Au début, elle vit une obscurité semblable à un brouillard recouvrant le sol. Elle leva les yeux et croisa des orbes rouge brillant. Ils s'ouvraient et la fixaient. L'obscurité se déplaça. Elle réalisa que ce qu’elle voyait n’était pas un brouillard, mais une masse de corps. Des centaines de corps ébène lisses, écaillés, velus, affamés, entrelacés comme dans un nid. Impossible de voir leurs extrémités. Leurs mains griffues étaient tendues dans sa direction, comme si elles essayaient de l'attirer à l’intérieur de l’amas emmêlé.

      De l'air froid l'enveloppa, s'infiltrant sous sa peau. Elle sentit des frissons. Elle ne voulait pas que ces créatures la touchent ou même qu'elles s’approchent d'elle.

      Ce n’est pas réelle, se rassura-t-elle. C’est juste un rêve débile.

      De longues mains osseuses s'enroulèrent autour de sa cheville. Elles serrèrent fort.

      Elle se mit à crier et recula en titubant, relâchant la main de Nadine. Helena était sur le point de lui donner une partie de son esprit, mais elle se figea lorsqu'elle vit les traits tristes de Nadine.

      Nadine baissa la tête.

      - Je suis désolée, je dois m’en aller. S'il te plait, oublie-moi.

      Helena tendit la main pour la retenir, mais changea aussitôt d’avis. Le froid du rêve était toujours présent en elle. Il la glaçait au plus profond de son âme, même si elle n’avait plus mal à la cheville.

      Quoi que Nadine fût, elle n'était pas normale, et normal était la seule chose dont Helena avait besoin ces jours-ci.

      *****

      La journée à l'université était terminée et le soleil commençait à se coucher sur la ville monotone, baignant le ciel de teintes multicolores. Helena se changea dans les toilettes dans les vêtements qu’elle avait apportés pour l'entretien et prit un taxi. Lorsqu’elle donna l'adresse au chauffeur, il lui fit un sourire narquois, comme pour dire qu’il savait où elle allait.

      Elle l’ignora et se concentra sur son entretien. Elle voulait penser à n'importe quoi qui lui ferait oublier Nadine et ses visions.

      La dernière fois qu'elle s’était rendue à un entretien remontait à deux ans. Elle l'avait lamentablement raté. Elle ne s'était pas préparée au bombardement de questions sur les tendances actuelles de la mode ou sur ce qu'elle savait de l'entreprise. Pour elle, les vêtements servaient tout simplement à cacher sa nudité. Les personnes dans le quartier où son taxi s'était arrêté ne semblaient pas être du même avis, elles affichaient plus de chair que nécessaire dans leurs minijupes moulantes et leurs décolletés bien échancrés.

      - Êtes-vous sûr que c’est la bonne adresse ? demanda-t-elle en détachant sa ceinture de sécurité.

      Il hocha la tête et regarda son sac avec impatience.

      Elle fixa les femmes qui faisaient la queue devant le manoir victorien. Une enseigne en néon rouge vif au-dessus de la porte affichait « Russian Roulette ».

      Helena régla sa course au chauffeur et sortit du taxi, hésitante. Elle ne pouvait plus changer d’avis, le taxi avait déjà redémarré en soulevant le gravier sous ses pneus. L'une des pierres la cogna à la cuisse et elle lança un regard noir vers le véhicule qui s’éloignait.

      Pourquoi je suis ici ?

      Elle se rappela de son indépendance, elle avait besoin d'un emploi. Mais travailler dans une boîte de nuit la faisait se sentir mal.

      Peut-être qu'ils ont un travail de bureau ?

      Helena resserra sa veste autour de son corps tremblant. Elle se sentait mal à l'aise avec son sac à dos volumineux suspendu à son épaule, alors que les autres femmes tenaient des sacs à main scintillants. Elle prit une profonde inspiration. Cela l'aida à calmer l'étrange sensation qui lui chatouillait l'estomac. Elle se dirigea vers un imposant videur d’un mètre quatre-vingt, debout à l'entrée.

      Il la fusilla du regard et elle le raya mentalement de sa liste des personnes avec lesquelles elle s'entendrait.

      - Je suis ici pour un entretien.

      Au moins, sa voix ne tremblait pas autant que ses entrailles, face au regard mortel qu'il lui lançait.

      Le videur croisa les bras sur sa large poitrine. Le mouvement СКАЧАТЬ