Название: En torno a la economía mediterránea medieval
Автор: AAVV
Издательство: Bookwire
Жанр: Документальная литература
isbn: 9788491346647
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Assurément, l’Europe lettrée regarde alors vers Venise. Mais, dans la cité, les effets d’une telle croissance industrielle sont notables. Au début du XVIe siècle, la ville compte de cent à deux cents ateliers d’imprimerie. Et c’est le chiffre de 1.125.000 volumes que l’on avance pour estimer la production dans les deux dernières décennies du XVe siècle. Des centaines d’ouvriers travaillaient donc dans ce secteur et les déclarations fiscales font, en 1514, apparaître en pleine lumière, au voisinage de Rialto, le nombre des librairies, et dispersés dans les paroisses, une cohorte de stampadori aux conditions socio-économiques très diverses.
La ville des trafics et «du dernier sein de la mer Adriatique», est donc devenue, au début du XVIe siècle, un centre industriel vivant.44 Et l’innovation, comme la capacité d’adaptation, semblent, en bien des secteurs, fortes. En Méditerranée, la puissance maritime de la République est sans doute ébranlée. Mais, le formidable programme d’extension de l’Arsenale nuovissimo entend la restaurer et tout un processsus, en œuvre des décennies, vise à réorganiser les modes de production et de gestion sur le chantier naval, et à introduire dans les méthodes de construction des innovations techniques. Le métier du verre, traditionnellement, faisait vivre à Murano une large population ouvrière.45 Or, les progrès dans la fabrication et l’inventivité des maîtres de l’art permettent d’assurer, jusqu’à la fin du XVIe siècle, la domination sur le marché européen des ateliers lagunaires. Ou bien, l’imprimerie, en quelques courtes années, s’implante et une activité nouvelle se développe qui vivifie la vie économique et culturelle vénitienne.
Impulsée par l’Etat et ses «décideurs», ou mise en mouvement quotidiennement par les particuliers, la rénovation est donc dans ces décennies à l’ordre du jour. A l’heure où les voies du commerce, malgré le sursaut de la Méditerranée, se réorganisent et où l’hégémonie économique glisse vers d’autres villes et d’autres marchés septentrionaux, si, à Venise, quelques esprits chagrins se lamentent, la puissance, la richesse, recomposées, sont toujours là. Le temps de la maturité est venu mais la ville, parce qu’elle change, innove et crée, conjure encore le déclin. Au XVIe siècle, la primauté s’en est allée mais, dans les campagnes de Terre Ferme, les moissons sont prospères et, dans la cité, les métiers tournent. Le centre économique vénitien a su accomplir ce que l’époque attendait de lui et l’opulence demeure.
1 F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, Paris, 1979, vol. 2, p. 112.
2 G. B. Monticolo, I capitolari delle arti veneziane, Rome, 3 vol., 1896-1914.
3 R. Mackenney, Tradesmen and Traders. The World of the Guilds in Venice and Europe. c. 1250. c. 1650, Londres-Sydney, 1987. Pour une comparaison avec le cadre italien: R. Greci, Corporazioni e mondo del lavoro nell’Italia padana medievale, Bologne, 1988; D. Degrassi, L’economia artigiana nell’Italia medievale, Rome, 1996.
4 Cité par S. Ciriacono, «Industria e artigianato», in Storia di Venezia, vol. 5, Il Rinascimento. Società ed economia, A. Tenenti-U. Tucci éd., Rome, 1996, pp. 523-592, p. 534.
5 D. Romano, Patricians and Popolani. The Social foundations of the Venetian Renaissance State, Baltimore-Londres, 1987, chap. 4; S. Gramigna-A. Perissa, Scuole di arti, mestieri e devozione a Venezia, Venise, 1981.
6 R. Mackenney, «Corporazioni e politica nel Medioevo veneziano (1250-1400 circa)», in Venezia tardomedioevale, Istituzioni e società nella storiografia angloamericana, Ricerche Venete 1, pp. 87-130, pp. 105-109; id., «The Guilds of Venice: State and Society in the longue durée», Studi veneziani, n. s., 34, 1997, pp. 15-44.
7 E. Crouzet-Pavan, « Problématique des arts à Venise à la fin du Moyen Age », in Tra economica e politica: le corporazioni nell’Europa medievale, Centro di storia e d’arte, Pistoia, 2007, pp. 39-61.
8 Les femmes sont présentes dans un certain nombre de métiers, en particulier de l’industrie textile, mais elles ne forment pas ici d’arts exclusivement féminins; voir ici La donna nell’economia secc. XIII-XVIII, S. Cavaciocchi éd., Atti della 21 settimana di studio di Prato, Florence, 1990; Donne e Lavoro nell’Italia medievale, M. G. Muzzarelli-P. Ga-letti-B. Andreoli éd., Turin, 1991; Il lavoro delle donne, A. Groppi éd., Rome-Bari, 1996; Dare credito alle donne: Presenze femminili nell’economia tra medioevo ed età moderna, a cura di G. Petti Balbi et P. Guglielmotti, Asti, 2012.
9 D. Romano, Housecraft and Statecraft. Domestic Service in Renaissance Venice. 1400-1600, Baltimore-Londres, 1996.
10 E. Crouzet-Pavan, «Venise cosmopolite, cœur battant de la Méditerranée chrétienne», dans Adriatic Connections: the Adriatic as a Threshold to Byzantium, British school at Rome, 2015, à paraître.
11 E. Crouzet-Pavan, Sopra le acque salse. Espaces, pouvoir et société à Venise à la fin du Moyen Age, Rome, 1992, 2 vol., t. 2, pp. 751-759; id., Le Moyen Age de Venise. Des eaux salées au miracle de pierres, Paris, 2015.
12 Ch. Verlinden, «Venezia e il commercio degli schiavi provenienti delle coste orientali del Mediterraneo», dans Venezia e il Levante, A. Pertusi éd., Florence, 1973, pp. 911-930.
13 R. C. Mueller, «Venezia e i primi schiavi neri», Archivio veneto, serie V, vol. CXIII, 1979, pp. 139-142.
14 I. Origo, «The Domestic Ennemy. The Eastern Slaves in Tuscany in the Fourteenth and Fifteenth Centuries», Speculum, 30,1955, pp. 321-366.
15 Pour l’époque moderne: I. Palumbo-Fossati, «L’interno della casa dell’artigiano e dell’artista nella Venezia del cinquecento», Studi veneziani, n. s., 8, 1984, pp. 1-45.
16 Ph. Braunstein, «Le commerce du fer», Studi veneziani, 1966, 8, pp. 267-302, СКАЧАТЬ