Название: Le Domaine de Belton
Автор: Anthony Trollope
Издательство: Bookwire
Жанр: Языкознание
isbn: 4064066302375
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«Je l’appellerai Will si cela vous fait plaisir, dit-il.
–Oui, papa, et alors je pourrai en faire autant. C’est un si bon garçon!»
Le lendemain matin, M. Amadroz, avec un peu d’embarras, appela son hôte par son nom de baptême. Clara rencontra les yeux de son cousin et sourit: lui sourit aussi. A ce moment, il était plus amoureux que jamais
Après déjeuner, Will devait aller à Redicote s’enendre avec un entrepreneur.
«Je pense être revenu à trois heures, dit-il à Clara, et alors nous pourrons faire notre promenade.
–Je serai prête. Venez me prendre chez mistress Askerton.»
Ainsi furent faits les arrangements pour la journée.
Clara désirait revoir mistress Askerton. Ce que son cousin avait dit à propos de miss Vigo et de M. Berdmore l’avait intriguée, et elle se rendait au cottage dans le but de demander des éclaircissements. Mais, en traversant le parc, elle songea que mistress Askerton n’aimerait peut-être pas à être questionnée sur sa vie passée dont elle ne parlait jamais que dans les termes les plus vagues, et la question lui parut difficile à poser.
Quand elle entra dans le salon, le colonel Askerton était auprès de sa femme. Ce n’était pas le moment de parler.
Le colonel était un homme d’environ cinquante ans, mince et d’apparence délicate, avec les cheveux et la barbe d’un gris d’acier. Il paraissait n’avoir aucun ami en ce monde et ne désirer que peu de plaisirs. Rien n’était plus régulier que ses journées dans leur paresseuse monotonie. Il déjeunait à onze heures, lisait et fumait jusqu’à trois heures où il montait à cheval pendant une heure ou deux; puis dinait, lisait et fumait de nouveau, et allait se coucher. En septembre, il chassait, et deux fois par an faisait un petit voyage pour se procurer un peu de distraction. Il paraissait très-content de son sort, et on ne l’avait jamais entendu dire un mot désagréable. Personne ne se souciait beaucoup de lui, mais il ne se souciait guère de personne. Il n’allait pas à l’église, et n’avait jamais mangé hors de chez lui depuis qu’il vivait à Belton.
«Clara, méchante enfant, dit mistress Askerton en voyant entrer son amie, pourquoi n’êtes-vous pas venue hier? Je vous ai attendue toute la journée?
–J’ai été occupée. En vérité, nous sommes devenus des gens très-actifs depuis l’arrivée de mon cousin.
–On annonce qu’il va exploiter lui-même la propriété, dit le colonel. J’espère qu’il ne compte pas me reprendre la chasse?
–Il chasse sur ses propres terres, en Norfolk, répondit Clara, et je suis sûre qu’il ne voudrait rien faire qui pût vous contrarier. C’est la personne la moins égoïste du monde. Je lui en parlerai si vous le désirez.
–Oh! non, ce serait lui en donner l’idée. Peut-être n’y a-t-il pas pensé.
–Il pense à tout, dit Clara.
–Je voudrais bien savoir s’il pense à»
Mistress Askerton s’arrêta court au milieu de sa phrase et le colonel regarda Clara avec un sourire malicieux. Elle se sentit rougir. N’était-il pas cruel qu’elle ne pût dire un mot en faveur d’un ami, d’un cousin qui avait promis d’être un frère pour elle, sans encourir de telles insinuations. Mais elle était résolue à ne pas se laisser déconcerter.
«Je suis sûre, dit-elle, qu’il est incapable d’aucun manque d’égard ou de courtoisie.
–Il n’y aurait là aucun manque de courtoisie. Je n’en serais pas offensé. Je transporterais seulement mes pénates ailleurs. Dites-lui, je vous prie, que j’espère avoir le plaisir de le voir avant son départ. J’ai été hier au château dans cette intention, mais il était sorti.
–Il va venir me chercher dans un moment.»
Mais le cheval du colonel était à la porte, et il ne pouvait attendre l’arrivée de M. Belton.
«Quel phénix que ce cousin! dit mistress Askerton dès que son mari fut parti.
–C’est un excellent garçon; il est si plein de vie et d’énergie, et il a fait tant de bien à mon père Papa ne pouvait supporter l’idée de la venue de Will, et il commence déjà à se plaindre parce qu’il va s’en aller.
–Will déjà?
–Et pourquoi pas Will? Il est mon cousin.
–Et ne sera-t-il rien de plus?
–Rien de plus, mistress Askerton.
–Vous en êtes sûre?
–Tout à fait sûre. Mais je ne puis comprendre pourquoi on ferait de telles suppositions, parce que nous sommes appelés à nous voir intimement et que nous avons de l’amitié l’un pour l’autre. Will est mon plus proche parent, et, depuis la mort de mon pauvre frère, il est l’héritier de mon père. Il est si naturel qu’il soit mon ami, et je trouve une si grande consolation dans son amitié qu’il me semble cruel, je l’avoue, d’être l’objet de tels soupçons.
–Soupçons, ma chère, quels soupçons?
–Ce n’est pas que je m’en soucie, Je suis décidée à l’aimer comme un frère. Je l’admire pour son énergie et sa bonté. Je suis fière de lui comme mon ami et mon cousin, et maintenant vous pouvez soupçonner ce qu’il vous plaira.
–Mais, ma chère, pourquoi ne deviendrait-il pas amoureux de vous? Ne serait-ce pas ce qui pourrait arriver de mieux?
–Je hais cette manière de parler. Comme si une femme n’avait autre chose à penser toutes les fois qu’elle voit un homme.
– Une femme n’a rien autre chose à penser.
–Quant à moi, j’ai beaucoup d’autres choses à penser, et lui aussi.
–Il y a bien là de quoi vous fâcher! Votre indignation est superbe.
–Elle n’est pas superbe pour moi, car je me sens toujours honteuse de ma vivacité, et maintenant, s’il vous plaît, nous ne parlerons pas davantage de M. Will Belton. Mais, à propos, mistress Askerton, savez-vous qu’il pense vous avoir connue autrefois?»
Clara, en disant cela, ne regarda pas son amie en face, mais elle put pourtant s’apercevoir de son trouble. Mistress Askerton devint pâle, ses traits prirent une expression d’angoisse, et elle resta un moment sans répondre.
«Vraiment, dit-elle enfin, et où cela?
–Je crois que c’était à Londres. Mais, après tout, ce n’était probablement pas vous, mais quelqu’un qui vous ressemble. Il dit que la dame se nommait miss Vigo.»
En prononçant ce nom, Clara se détourna par un sentiment instinctif.
«Miss Vigo! dit mistress Askerton, et le ton de sa oix confirma les soupçons de Clara; je me rappelle qu’elles étaient deux sœurs, et je suis flattée de la ressemblance, car elles avaient une réputation de beauté.
–Il СКАЧАТЬ