Hyacinthe. Assollant Alfred
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Читать онлайн книгу Hyacinthe - Assollant Alfred страница 5

Название: Hyacinthe

Автор: Assollant Alfred

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066087401

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СКАЧАТЬ les portes de l'enfer; mais ton père, lui, n'ouvrait que celles de la salle d'audience, et il y a la même différence entre son métier et le mien qu'entre ceux de nos maîtres respectifs: je veux dire: le président du tribunal et Dieu le père. Comprends-tu bien, Félix?

      Hélas! je ne comprend que trop. Je ne me fais pas illusion. Angéline aura cent mille écus après la mort de son père, et moi,—je m'en félicite d'ailleurs,—je verrais mourir toute la terre sans recueillir un centime parmi tous les testaments qu'on ne manquerait pas de faire. Un seul homme pourrait me léguer quelque chose, car il est riche,—c'est mon oncle le curé,—mais personne ne connaît au juste sa fortune, et je crois qu'il l'a promise à l'évêque pour une fondation pieuse. D'ailleurs, comme il dit souvent: «Après la mort de Trapoiseau, ton père, je t'ai envoyé au petit séminaire de S***, j'ai payé ta pension (deux cent cinquante francs par an), je t'ai expédié pendant trois ans dans la capitale, où tu m'as mangé cinquante francs par mois à étudier la chicane; maintenant encore je te donne quatre-vingt-dix francs par trimestre, pour que tu te perfectionnes ici dans l'art de plumer tes concitoyens, comme huissier, avoué ou notaire; mais mon cher enfant, ne m'en demande pas davantage!»

      Et je n'en demandais pas d'avantage, en effet, je prenais le papier timbré en patience, j'attendais qu'un huissier vînt à mourir pour prendre sa place, ou même un avoué.

      Un huissier? Je pouvais l'espérer. Un avoué? Je pouvais le désirer. Mais un notaire! Oh! c'est un rêve! Et cependant... Angéline, je le sais, n'épousera pas moins qu'un notaire. Je la connais. Elle est fière, elle a le cœur haut, elle est fille de notaire, elle ne voudra pas descendre jusqu'à un avoué!...

      Comme j'en étais là de mes réflexions, car, au lieu de rédiger le contrat de Michel Bernard et d'Hyacinthe Forestier, je pensais à mademoiselle Angéline Bouchardy, fille de mon patron, j'entendis tout à coup un pas léger le long de l'escalier et un frôlement de robe de grenadine qui ne m'était pas inconnu.

      Je regardai si la seconde porte de l'étude, celle qui séparait le second et le troisième clerc de moi, leur chef et de maître Bouchardy, leur patron, était bien fermée, et j'attendis avec une douce anxiété ce qui allait suivre.

      Oh! mon Dieu, ce qui suivit fut ce que j'espérais. Une main adroite et légère tourna le pène de la serrure, ouvrit la porte; Mlle Angéline parut et s'écria d'un air étonné:

      —Ah!

      Son étonnement ne m'étonna pas, comme vous pensez bien, car j'y étais habitué; et je me levai avec empressement pour montrer mon zèle.

      Elle me regarda en riant et dit:

      —Je croyais que mon père était ici.

      Si elle le croyait, Dieu seul peut le savoir. Quant à moi, je répliquai:

      —Mademoiselle, il vient de sortir tout à l'heure avec M. Saumonet.

      Elle reprit, en fronçant légèrement les sourcils:

      —J'en suis bien fâchée... Je voulais le consulter. C'est très désagréable... Il faut se décider tout de suite.

      Je la regardais. Elle regardait ses bottines d'un air souriant et embarrassé. A la fin elle me dit:

      —Mon père est allé dîner chez M. Forestier, à l'occasion du contrat, n'est-ce pas?

      —Oui, mademoiselle.

      —Eh bien! il me laisse dans un embarras terrible. Je suis invitée, moi, à prendre le thé; il y aura sans doute beaucoup de monde; quelle robe dois-je mettre?

      Et comme j'hésitais, elle reprit impétueusement:

      —Voyons, ne me dissimulez rien, monsieur Trapoiseau. Une robe de soie, une robe d'organdi, une robe de satin, une robe de brocart brodée d'or?... Répondez: mais répondez donc, puisque mon père n'est pas là pour répondre!

      Je baissai la tête, en étendant les bras, pour indiquer mon embarras:

      —Mademoiselle je suis perplexe; je suis vraiment perplexe... Je suis au fond de la plus profonde perplexité.

      —Alors vous ne savez pas si je dois être en blanc, en rose, en bleu, en gris ou en noir?

      —Comment pourrais-je le savoir, mademoiselle?

      —En étudiant la question dans les bons auteurs, monsieur Trapoiseau!

      Elle fit quelques tours dans l'étude comme un chardonneret dans sa cage, en ayant l'air de regarder les livres de la bibliothèque et de faire un choix; puis, elle s'arrêta, appuya sur mon bureau ses deux belles mains, un peu grandes et même un peu rouges, mais bien faites et demanda:

      —Vous serez des nôtres, ce soir, chez madame Forestier?

      Je répondis modestement:

      —Oui, mademoiselle;... c'est-à-dire que je suis invité à porter le papier timbré, le contrat, l'encrier et les plumes...

      Elle répliqua d'un air de douce autorité:

      —Vous êtes invité; je le sais. Hyacinthe me l'a dit. On dansera. Vous me ferez vis-à-vis...

      —Ah! mademoiselle!... Mais personne ne m'a dit que je fusse invité...

      —Eh bien! je vous le dis, moi... Vous me ferez donc vis-à-vis, à moins...

      Ici elle hésita, ou fit semblant.

      Je demandai, le cœur palpitant:

      —A moins?...

      —A moins que vous ne préfériez me demander vous-même la première contredanse.

      O joie! ô bonheur! J'avais une terrible envie de tomber aux pieds d'Angéline et de les baiser avec la piété qu'on doit aux anges du Seigneur; mais elle s'en aperçut et s'écria tout à coup:

      —Qu'est-ce que vous faisiez là, quand je suis entrée?

      —Mademoiselle, je rédigeais ou plutôt je me préparais à rédiger le contrat...

      —D'Hyacinthe?

      —Oui, mademoiselle.

      Elle se pencha anxieusement, et, ne voyant rien qu'un papier timbré privé de toute souillure, me dit:

      —C'est ça le contrat?

      —Oui, mademoiselle.

      —Et vous n'avez rien fait?

      —J'allais commencer.

      —Alors, je me sauve.

      En effet, elle ouvrit la porte et me dit à demi-voix:

      —N'oubliez pas de venir en habit, avec des gants... Hyacinthe compte sur vous..., toutes ces dames aussi.

      Elle fit une pause et ajouta:

      —Moi surtout... A ce soir, monsieur Félix!

      —A СКАЧАТЬ