Comte du Pape. Hector Malot
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Название: Comte du Pape

Автор: Hector Malot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066089092

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СКАЧАТЬ des saints, des saintes.

      Le nom que le monsignore prononça ne fut pas celui d'un marchand d'objets de piété, comme on aurait pu le supposer, ce fut celui d'un dignitaire de la cour de Munich.

      On se releva et on accompagna le pape jusqu'aux portiques de la cour Saint-Damasse. Sur son passage les hallebardiers s'agenouillaient la tête inclinée.

      Aurélien n'avait eu garde de se séparer de Michel.

      Et ils descendirent ensemble l'escalier qui mène à la sortie.

      —Il a l'esprit d'à-propos, le saint-père, dit Michel; avez-vous vu comme il a imposé sa bénédiction à ce monsieur qui ne voulait pas la lui demander, et les jeunes Anglais, les a-t-il bien collés! Je me retenais pour ne pas rire.

      Et libre maintenant, il se mit à rire aux éclats.

      Mais tout à coup s'arrêtant:

      —C'est égal, il a fallu payer ce plaisir trop cher; je meurs de faim; jamais je ne pourrai gagner le Corso sans défaillance.

      —Est-ce qu'il n'y a pas un café, un restaurant sur la place Rusticucci?

      —Une gargote.

      —Quand on meurt de faim... Pour moi, je m'arrêterai là volontiers, et, si vous voulez me faire l'honneur d'accepter le pauvre déjeuner que je vais me faire servir, je serai heureux de le partager avec vous.

      —Au fait, pourquoi pas; il est bon de tout connaître.

      Et comme deux amis, ils entrèrent dans un restaurant qui, à vrai dire, n'avait rien d'engageant.

      Mais Aurélien avait bien souci de ce qu'on pouvait leur servir: maintenant qu'il tenait le frère de Bérengère, il s'agissait de ne pas le laisser échapper.

       Table des matières

      Malgré son air rogue, le jeune prince Michel était d'humeur assez facile avec ceux qui savaient le prendre.

      Hâbleur, fanfaron, capricieux, jaloux de tout, mécontent des choses et des personnes, orgueilleux comme un coq qui s'admire et ne supporte pas de supériorité, ignorant et parlant haut de tout comme de tous, d'après ce qu'en disait le journal parisien, qui depuis son enfance avait fait et faisait encore sa seule lecture; il ne manquait pas cependant de noblesse dans les manières et même dans certaines façons de penser; après qu'il avait débité d'un ton superbe une niaiserie ou une monstruosité dans un langage vulgaire, on était tout surpris de l'entendre émettre une idée généreuse ou soutenir une cause juste, sans se préoccuper de savoir si elle était triomphante ou vaincue;—si bien que ceux qui connaissaient l'histoire de ses berceaux se demandaient quelquefois s'il n'était pas le fils de plusieurs pères.

      Guidé par ce que sa mère lui avait appris, d'autre part éclairé par ce qu'il avait vu et entendu pendant le temps qu'il avait passé au Vatican, Aurélien avait assez bien jugé ce caractère complexe, et, s'il ne l'avait pas pénétré jusqu'au fond, il l'avait néanmoins assez bien justement deviné pour voir qu'en l'abordant par la flatterie, on était à peu près certain d'en faire ce qu'on voudrait. Quoique précoce en tout, ce n'était qu'un jeune homme de vingt ans sans expérience et qui ne s'était jamais heurté contre les difficultés de la vie.

      En moins d'une heure, Aurélien avait fait sa conquête, et, avant la fin du déjeuner, ils causaient les coudes sur la table, en face l'un de l'autre, comme deux anciens camarades.

      C'est-à-dire que Michel causait, tandis qu'Aurélien écoutait, montrant l'intérêt le plus vif, manifestant une véritable admiration au récit que lui faisait son nouvel ami de ses amours avec une jeune modiste du Corso, «qui avait du chien» et qui l'adorait au point que cela devenait ennuyeux.

      Ce récit arrangé à la mode italienne, c'est-à-dire à l'ancienne mode, parlait un peu trop de poignards et de cabinets sombres pour quelqu'un qui eût exigé de la vraisemblance et de la réalité; mais Aurélien n'exigeait qu'une chose, qui était que Michel fût heureux d'avoir trouvé un auditeur complaisant, et c'était à lui, non à Michel, de s'arranger pour obtenir ce résultat.

      —Je vous la ferai connaître, dit Michel, nous passerons ensemble tantôt dans le Corso, et je vous la montrerai; vous me direz ce que vous en pensez.

      —Non tantôt, dit Aurélien qui voulait se ménager une nouvelle entrevue, car j'ai pour cette après-midi un rendez-vous important, mais demain, si vous voulez bien; ce que vous venez de me raconter d'elle me donne un vif désir de la voir.

      —Oh! vous savez, pas de plaisanterie, n'est-ce pas, je la trouverais mauvaise; assurément je ne suis pas jaloux, mais enfin je tiens à elle, au moins pour quelques jours encore; elle m'amuse, et à Rome c'est précieux.

      Pour la première fois, Aurélien prit une figure scandalisée:

      —Permettez-moi de vous dire que vous ne savez pas dans quels principes j'ai été élevé; je ne cours pas après les femmes.

      Michel secoua la tête par un geste qui disait que pour lui les principes ne signifiaient absolument rien.

      —Enfin, à demain, dit-il; de quatre à cinq heures vous me trouverez dans le Corso, et elle nous regardera quand nous passerons.

      Aurélien avait trouvé cette histoire d'amour d'autant plus longue, que depuis qu'il était avec Michel, il y avait un point qu'il voulait éclairer, et qu'il ne pouvait pas aborder tant qu'il serait question de la modiste.

      C'était celui qui touchait les intentions de Michel quant au mariage de sa soeur.

      En disant à madame Prétavoine qu'il ne fallait pas que Bérengère se mariât sans avoir vu le monde, et qu'il se chargeait de lui trouver un mari qui eût une grande situation ou qui eût un grand nom et qui fût un peu bêta, avait-il parlé sérieusement, ou bien ces paroles n'avaient-elles été qu'une boutade?

      Il était d'une importance capitale d'être fixé à ce sujet.

      Enfin par d'habiles détours il ramena la conversation vers Condé, et tout naturellement lorsqu'ils en furent là, elle arriva à Bérengère.

      Après avoir longtemps parlé, Michel à son tour écouta, et surtout questionna.

      Sa soeur était-elle réellement une beauté, comme l'avait dit madame Prétavoine? la petite fille qu'il se rappelait était dégingandée, et elle n'avait alors de remarquable que des yeux et des cheveux.

      Aurélien ne pouvait pas parler de Bérengère avec la chaleur de sa mère, c'eût été se trahir; mais le portrait qu'il fit d'elle, long et détaillé, plutôt exact qu'enthousiaste, donnait bien l'idée de ce qu'elle était réellement.

      Michel se montra très-satisfait de ce portrait, car il paraissait tenir beaucoup à la beauté de sa soeur. Quelle eût de l'esprit, du coeur, de la bonté, de la tendresse, il n'en prenait nul souci. Elle était belle? pour lui tout était là.

      Il n'était pas bien difficile de deviner ce qui inspirait ce désir. Si Bérengère était belle, on lui СКАЧАТЬ