Architecture De La Prière. Diego Maenza
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Название: Architecture De La Prière

Автор: Diego Maenza

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Драматургия

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isbn: 9788835414285

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СКАЧАТЬ de la glace prête à se fissurer. Maintenant, la foudre raisonne incendiée par le violon soliste. La tempête de l’orchestre rugit, elle secoue l’espace et vibre aux pieds du malheureux. La course commence par l’impulsion de la basse qui palpite avec insistance et marque les pistes rapides. La contribution magistrale du violoniste principal l’envahit, elle le secoue de ses rafales glaciales, et le froid intense provoque un frisson accompagné de grincements de dents.

      *

      Tu vois cette zone ici ? Il me montre la partie supérieure droite de la peinture ouverte. Le tableau entier symbolise les supplices du pécheur. Mais cette partie-là, en particulier, peint l’image topique, l’image habituelle que nous nous représentons de l’enfer. Du soufre tombe en pluie continue. Des montagnes détruites sont baignées d’obscurité. Des personnes endurent un supplice indicible.

      Dans cette zone, il indique la partie centrale et dessine une ellipse avec son index, la glace marque un fort contraste avec le feu sulfureux. Dans la conception de l’enfer en tant que lieu de supplice éternel, une superficie de glace abrite l’un des sites les plus épouvantables. Regardez ici comment ça se lézarde et le pauvre homme reste à la merci de l’eau froide.

      Dans la partie plus basse, on observe ce que l’art appelle l’enfer musical imputable à l’utilisation d’instruments de musique comme symboles de torture, très habituelle chez certains peintres mystiques. Tu vois cette cornemuse, là-bas le luth, là-bas la harpe, et ici la flûte, tu peux la voir ?

      Je lui demande si l’enfer ressemble vraiment à ça. À travers la fenêtre, je remarque que la nuit s’est déjà installée.

      Eh bien, me dit-il, le désespoir et le martyre sont sûrement bien représentés par l’auteur, et ici sur cette planche, par l’imitateur qui est, comme j’aime l’appeler, un interprète.

      Je lui demande comment il voit l’enfer d’après les écritures sacrées. Il ne me répond pas. Il semble sombrer dans une réflexion qui échappe au moment. Elle échappe aussi à mes doutes. Il se demande réellement à quoi ressemblera l’enfer.

      Le livre sacré montre l’enfer comme un lieu d’incandescence perpétuelle où les âmes seront jetées dans des lacs sulfureux. C’est ainsi que le peintre le capture au sommet de cette œuvre. En fait, le prophète le mentionne invariablement. Il insiste sur certaines prémisses telles que le feu qui ne s’éteint jamais, les lamentations et les grincements de dents, la punition éternelle.

      Il s’adresse à moi sans me regarder, comme s’il se parlait à lui-même.

      Pendant des siècles, le feu et la glace, c’est-à-dire la chaleur et le froid, ont été considérés comme les supplices les plus atroces au lieu du châtiment perpétuel. Un grand poète de l’antiquité décrit une partie de l’enfer sous la pluie de flammes habituelle, et un autre segment, celui des traîtres, entièrement recouvert de glace. Le démon, maître de cet espace de perdition, est incrusté jusqu’à la ceinture dans la surface gelée. Il pleure avec ses six yeux et agite ses six ailes en colère.

      J’imagine un abîme de glace. Hadès vivrait au paradis en comparaison. J’imagine une torture sans fin dans un engourdissement permanent. Mais maintenant mon corps ne tolère que la chaleur. Une ardeur intense continue au fur et à mesure que l’enseignement du Père Misael progresse. Elle m’oppresse autant que l’air chargé par sa présence si proche. Je bois ses paroles en gage de sagesse spirituelle. Je n’ai plus l’intention de vous déranger avec la frivolité de mes interrogations. Je demande la bénédiction et il me l’accorde. Avec une grande force, il me burine un baiser sacré sur la bouche.

      *

      Nous avons décidé de diner avec du pain, un peu de vin pour moi et un verre de jus de fruits pour lui. À table, nous discutons de sujets qui l’intéressent particulièrement. Je regarde ses yeux et pendant que j’explique certaines conceptions sur le ressenti de l’Esprit saint, je caresse le dos de sa main. Puis je dirige mes mains vers son visage. Au moment de l’impact, un rougissement envahit mon visage. Je caresse ses joues et je l’embrasse à nouveau, cette fois profondément.

      *

      Le baiser odieux jalonnera l’itinéraire de la trahison et de l’enfer.

      *

      Je me rends dans sa chambre et il me montre un pyjama beige. Cela indique mon aptitude à servir un représentant de Dieu dans le monde. Je serai désormais son assistant spirituel. Il m’explique que l’homme possède la soutane comme seul vêtement sacré. Mes nouvelles tâches consistent à le déshabiller et à lui mettre son costume de nuit. Cette occupation me paraît simple et j’accepte volontiers de servir le père, un fils de Dieu purifié.

      *

      Ses mains glissent lentement le long de mes cuisses. Je les sens chaudes, réparatrices, si paisibles et à la fois si inquiétantes. J’étouffe un gémissement. Je frémis en percevant sa respiration dans la zone de mon entrejambe sans vêtements, dans la trépidation de mes poils qui s’agitent attirés par la vague magnétique de sa peau. Ses doigts chastes parcourent ma peau. Maintenant, c’est ma poitrine qui est satisfaite, elle se réjouit d’une délectation qui n’appartient pas à ce monde. Ma peau frissonne. Son toucher me domine tout entier. Je me laisse emporter par le contact de son derme immaculé. Les plis de ma chemise ondulent alors qu’il la déboutonne lentement. Je hurle plaintivement, mais il ne s’arrête pas. Il a visiblement entrepris une torture. Il maîtrise son rôle de bourreau et il ne laissera pas sa victime s’échapper. Je suis témoin de cette tranche de mon existence qui constitue un moment vital. Je le serre dans mes bras et je le retiens comme ça pour une durée que ma pensée n’ose pas préciser. C’est moi qui enclenche la séparation. Il m’habille avec une agilité insoupçonnée. Un étouffement chaud enflamme tout mon corps. Il s’agenouille devant moi et, formel, il m’implore la bénédiction. Je la lui accorde avec un baiser sur ses cheveux épais. Je soupçonne que mon âme ne se tranquillisera pas tant que mon corps ne trouvera pas satisfaction. Mon corps ne s’apaisera pas avant de commencer ce que mon âme refuse. Je n’en peux plus. Je reste allongé ici. Je m’abandonne au doux supplice du plaisir solitaire. Ensuite le vide m’envahit. Je prie toute la matinée pour mon salut.

      *

      Le père accepte la défaite de son âme. Résigné, il se soumet à la volonté de Dieu. Il s’agenouille sur le carrelage frais et prie, le visage déchu. Mon père, si possible, ne me fais pas boire ce calice. Ne cède pas à mes désirs, mais guide moi vers les tiens. Avoir esquivé sa responsabilité spirituelle lui procure un grand réconfort. Le père Misael essaie de se reposer, mais ne parvient pas à s’endormir. Il regarde par la fenêtre. La brise fouette enfin son visage et calme la longue chaleur.

      Le jeune homme a sombré dans la profondeur du sommeil, et avec lui la calamité du cauchemar qui ne l’abandonne pas. Cette fois, il essaie, malgré la fragilité de son ouvrage, d’échapper aux halètements de la bête cyclopéenne sur le point de l’atteindre avec ses crocs baveux. Il connaît la fin inévitable de son histoire. Sa sueur se métamorphosera en gouttes de sang qui tomberont sur la terre. Un souffle de chaleur imprégna l’air qui circule inutilement sur le corps frissonnant du garçon.

      Nous connaissons Dieu, Dieu dont l’esprit est le plus suprême de tous. Nous savons aussi qu’il ne ressent rien, ou plus précisément qu’il ne ressent pas de la même manière que cet homme infortuné, pas de la même manière que ce pauvre jeune individu souffrant d’un enfer inauguré qui ne s’exécute même pas. Il est temps de dormir, père, repose-toi. Demain, le monde apportera de nouveaux airs. Dieu ne comprend pas ses supplices.

      Les СКАЧАТЬ