Mon Chemin de Perles. Anna Bondareva

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      Trois jours de tournage ont fusionné. La journée de travail commençait à sept heures du matin et se terminait après huit heures du soir, quand nous n’avions plus de force pour sortir.

      Pendant ces jours-là, Laurent a réussi à se promener dans le marché de la ville, à fumer du narguilé et à se détendre au bord de la piscine qui se trouvait sur le toit de l’hôtel. Le directeur de l’équipe du tournage nous a proposé de réserver un hôtel sur la côte pour la suite. Au départ, nous devions visiter la station balnéaire d’élite de Bodrum, mais tous les hôtels y étaient surpeuplés, et il ne nous restait plus qu’à accepter de passer une semaine à Antalya.

      Les architectes du complexe hôtelier Palais Antique ont apparemment tenté d’ériger un semblant de panthéon grec antique. Hélas, les impressionnantes colonnes de marbre blanc de la façade n’étaient pas tout à fait en harmonie avec l’environnement, ni avec les visages agités du personnel. À la réception, nous avons appris que l’hôtel fonctionnait selon le principe du tout compris: vous payez une fois, puis vous mangez et buvez autant que votre estomac et votre foie peuvent supporter. La cuisine reste ouverte et tous les bars de l’hôtel fonctionnent 24 heures sur 24. La plage était à cent mètres du bâtiment principal de l’hôtel et le service comprenait également l’utilisation gratuite du bain turc et du sauna, où nous nous sommes empressés d’aller dès que nos sacs de voyage ont été déballés.

      La petite salle de vapeur était remplie de deux hommes obèses. Nous nous sommes glissés dans le sauna, mais la température était trop élevée, et au bout d’une minute, il est devenu insupportable d’y rester; nous avons dû retourner au hammam.

      Laurent a ressenti une certaine aversion lorsqu’une voix forte et dure est sortie d’un corps obèse.

      – Petya! On va prendre une bière? Le hammam est inutile, il ne fait pas assez chaud ici! Ce n’est pas assez bien pour un couple non plus!

      Pour une raison ou une autre, Lori pensait que l’homme s’adressait à moi en russe; il s’est tout à coup mis très en colère.

      – Je ne peux plus rester ici. Si tu veux, tu restes ici avec tes camarades…

      Monsieur Vincent a quitté le hammam sans fermer la porte derrière lui.

      – Allez, allez!

      Petya s’est mis en colère et il est monté d’un banc. Ce dernier était tapissé de carreaux de mosaïque.

      – Alors, on ne t’a pas appris à fermer les portes quand tu étais enfant?! D’accord, allons-y. Seryoga, allons-y! suggéra Petya en tapant sur son ventre rond.

      – Au revoir, Madame!

      Les camarades n’ont pas remarqué que j’étais une compatriote, ce qui était une circonstance plutôt positive, et j’ai pu continuer à profiter du spa en silence après leur départ. Ce moment apaisant n’a pas duré longtemps.

      À mon retour dans la chambre, j’ai trouvé mon mari en pleine agonie. Laurent était très, très en colère.

      – C’est tout simplement dégoûtant! Je n’ai pas d’envie de rester dans cet endroit pour mes vacances! On va partir demain, demain matin, de bonne heure!!