Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais). Джейн Остин
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Читать онлайн книгу Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais) - Джейн Остин страница 25

СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      Elizabeth essayait d’arrêter ce flot de paroles ou de persuader à sa mère de mettre une sourdine à sa voix, car elle rougissait à la pensée que Mr. Darcy, qui était assis en face d’elles, ne devait presque rien perdre du chuchotement trop intelligible de Mrs. Bennet, mais celle-ci ne répondit qu’en taxant sa fille d’absurdité.

      – Et pour quelle raison dois-je avoir si grand-peur de Mr. Darcy, je vous prie ! L’amabilité qu’il nous montre m’oblige-t-elle donc à ne pas prononcer une parole qui puisse avoir le malheur de lui déplaire ?

      – Pour l’amour du ciel, ma mère, parlez plus bas. Quel avantage voyez-vous à blesser Mr. Darcy ? Cela ne sera certainement pas une recommandation pour vous auprès de son ami.

      Tout ce que put dire Elizabeth fut absolument inutile ; sa mère continua à parler de ses espoirs d’avenir avec aussi peu de réserve. Rouge de honte et de contrariété, Elizabeth ne pouvait s’empêcher de regarder constamment dans la direction de Mr. Darcy et chaque coup d’œil la confirmait dans ses craintes. Il ne regardait pas Mrs. Bennet, mais son attention certainement était fixée sur elle et l’expression de son visage passa graduellement de l’indignation à une froideur dédaigneuse. À la fin, pourtant, Mrs. Bennet n’eut plus rien à dire et lady Lucas, que ces considérations sur un bonheur qu’elle n’était pas appelée à partager faisaient bâiller depuis longtemps, put enfin savourer en paix son jambon et son poulet froid.

      Elizabeth commençait à respirer, mais cette tranquillité ne fut pas de longue durée. Le souper terminé, on proposa un peu de musique et elle eut l’ennui de voir Mary, qu’on en avait à peine priée, se préparer à charmer l’auditoire. Du regard, elle tenta de l’en dissuader, mais enchantée de cette occasion de se produire, Mary ne voulut pas comprendre et commença une romance. Elizabeth l’écouta chanter plusieurs strophes avec une impatience qui ne s’apaisa point à la fin du morceau ; car quelqu’un ayant exprimé vaguement l’espoir de l’entendre encore, Mary se remit au piano. Son talent n’était pas à la hauteur de la circonstance ; sa voix manquait d’ampleur et son interprétation de naturel. Elizabeth au supplice lança un coup d’œil à Jane pour savoir ce qu’elle en pensait, mais Jane causait tranquillement avec Bingley. Ses yeux se tournèrent alors vers les deux sœurs qu’elle vit échanger des regards amusés, vers Mr. Darcy, qui gardait le même sérieux impénétrable, vers son père, enfin, à qui elle fit signe d’intervenir, dans la crainte que Mary ne continuât à chanter toute la nuit. Mr. Bennet comprit et lorsque Mary eut achevé son second morceau, il dit à haute voix :

      – C’est parfait, mon enfant. Mais vous nous avez charmés assez longtemps. Laissez aux autres le temps de se produire à leur tour.

      Mary, bien qu’elle fît semblant de n’avoir pas entendu, se montra quelque peu décontenancée et Elizabeth, contrariée par l’apostrophe de son père, regretta son intervention.

      On invitait maintenant d’autres personnes à se faire entendre.

      – Si j’avais le bonheur de savoir chanter, dit Mr. Collins, j’aurais grand plaisir à charmer la compagnie car j’estime que la musique est une distraction innocente et parfaitement compatible avec la profession de clergyman. Je ne veux pas dire, cependant, que nous soyons libres d’y consacrer beaucoup de temps. Le recteur d’une paroisse est très occupé : quand il a composé ses sermons et rempli les devoirs de sa charge, il lui reste bien peu de loisirs pour les soins à donner à son intérieur qu’il serait inexcusable de ne pas rendre aussi confortable que possible. D’autre part, il doit avoir le souci constant de se montrer plein d’égards pour tous, et en particulier pour la famille de laquelle il tient son bénéfice. C’est une obligation dont il ne saurait se dispenser et, pour ma part, je ne pourrais juger favorablement celui qui négligerait une occasion de témoigner son respect à toute personne apparentée à ses bienfaiteurs.

      Et par un salut adressé à Mr. Darcy, il conclut ce discours débité assez haut pour être entendu de la moitié du salon. Plusieurs personnes le regardèrent avec étonnement, d’autres sourirent, mais personne ne paraissait plus amusé que Mr. Bennet tandis que sa femme, avec un grand sérieux, félicitait Mr. Collins de la sagesse de ses propos et observait à voix basse à lady Lucas que ce jeune homme était fort sympathique et d’une intelligence remarquable.

      Il semblait à Elizabeth que si sa famille avait pris tâche, ce soir-là, de se rendre ridicule, elle n’aurait pu le faire avec plus de succès. Heureusement qu’une partie de cette exhibition avait échappé à Mr. Bingley ; mais la pensée que ses deux sœurs et Mr. Darcy n’en avaient pas perdu un détail lui était fort pénible, et elle ne savait si elle souffrait plus du mépris silencieux de l’un ou des sourires moqueurs des deux autres.

      Le reste de la soirée offrit peu d’agrément à Elizabeth, agacée par la présence continuelle de Mr. Collins à ses côtés. S’il n’obtint pas d’elle la faveur d’une nouvelle danse, il l’empêcha du moins de danser avec d’autres. En vain lui offrit-elle de le présenter à ses amies ; il l’assura que la danse le laissait indifférent, que son seul objet était de lui être agréable et qu’il se ferait un devoir de lui tenir compagnie toute la soirée. Il n’y avait donc rien à faire. Elizabeth dut son unique soulagement à miss Lucas qui, en se joignant à leur conversation, détourna sur elle-même une partie des discours de Mr. Collins.

      Du moins Elizabeth n’eut-elle plus à subir les attentions de Mr. Darcy. Bien qu’il demeurât longtemps seul à peu de distance de leur groupe, il ne chercha plus à lui adresser la parole. Elizabeth vit dans cette attitude le résultat de ses allusions à Mr. Wickham et s’en félicita.

      Les habitants de Longbourn furent des derniers à prendre congé, et par suite d’une manœuvre de Mrs. Bennet, ils durent attendre leur voiture un quart d’heure de plus que les autres invités, ce qui leur laissa le temps de voir combien leur départ était ardemment souhaité par une partie de leurs hôtes. Mrs. Hurst et sa sœur étaient visiblement impatientes de retrouver leur liberté pour aller se coucher, et n’ouvraient la bouche que pour se plaindre de la fatigue, laissant Mrs. Bennet essayer sans succès de soutenir la conversation. Mr. Darcy ne disait mot ; Mr. Bingley et Jane, un peu à l’écart, causaient sans s’occuper des autres ; Elizabeth gardait le même silence que Mrs. Hurst et miss Bingley, et Lydia elle-même n’avait plus la force que de s’exclamer de temps à autre avec un large bâillement : « Dieu, que je suis lasse ! »

      Quand ils se levèrent enfin pour partir, Mrs. Bennet exprima d’une manière pressante son désir de voir bientôt tous ses hôtes à Longbourn, et s’adressa particulièrement à Mr. Bingley pour l’assurer du plaisir qu’il leur ferait en venant n’importe quel jour, sans invitation, partager leur repas de famille. Avec plaisir et reconnaissance, Mr. Bingley promit de saisir la première occasion d’aller lui faire visite après son retour de Londres où il devait se rendre le lendemain même pour un bref séjour.

      Mrs. Bennet était pleinement satisfaite. Elle quitta ses hôtes avec l’agréable persuasion que, – en tenant compte des délais nécessaires pour dresser le contrat et commander l’équipage et les toilettes de noces, – elle pouvait espérer voir sa fille installée à Netherfield dans un délai de trois ou quatre mois.

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      XIX

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