Chevalier, Héritier, Prince . Морган Райс
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СКАЧАТЬ Sartes.

      “C'est d'accord, dans ce cas ?” demanda Anka. “On libère les seigneurs de guerre pendant le festival de la Lune Rouge ?”

      Un par un, Sartes vit les autres hocher la tête. Même Hannah finit par le faire. Il sentit son père lui poser une main sur l'épaule. L'approbation qu'il vit dans ses yeux comptait plus que tout pour lui.

      Il pria simplement pour qu'ils ne meurent pas tous à cause de son plan.

      CHAPITRE TROIS

      Ceres rêvait et, dans ses rêves, elle voyait s'affronter des armées. Elle se voyait en train de combattre à leur tête, vêtue d'une armure qui brillait au soleil. Elle se voyait en train de diriger une grande nation, de mener une guerre qui allait décider de la destinée même de l'humanité.

      Pourtant, dans tout cela, elle se voyait aussi en train de plisser les yeux, de rechercher sa mère. Elle tendit le bras vers une épée et, quand elle baissa les yeux, elle constata qu'elle n'était pas encore là.

      Ceres se réveilla en sursaut. Il faisait nuit et la mer, éclairée par le clair de lune, s'étendait devant elle jusqu'à l'infini. Dansant sur l'eau dans son petit navire, elle ne vit aucune trace de terre. Seules les étoiles la convainquaient qu'elle faisait encore suivre le bon cap à sa petite embarcation.

      Des constellations familières brillaient au-dessus. Il y avait la Queue du Dragon, qui se situait bas dans le ciel, sous la lune. Il y avait l’Œil de l'Ancêtre, formé autour d'une des étoiles les plus brillantes que l'on voie dans toute l'obscurité. Le navire que les gens de la forêt avaient à moitié construit et à moitié fait pousser semblait ne jamais dévier du cap que Ceres avait choisi, même quand il fallait qu'elle se repose ou qu'elle mange.

      A tribord, Ceres vit des lumières dans l'eau. Des méduses lumineuses passèrent à côté d'elle, flottant comme des nuages sous-marins. Ceres vit la silhouette plus rapide d'un poisson en forme de fléchette se faufiler dans le banc de poissons en sautant sur des méduses à chaque passage et en partant vite avant que les tentacules des autres ne puissent le toucher. Ceres les regarda jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans les profondeurs.

      Elle mangea un morceau des fruits sucrés et succulents dont les insulaires avaient rempli son bateau. Quand elle était partie, il lui avait semblé qu'elle en aurait assez pour des semaines. Maintenant, il ne lui semblait plus en avoir tant que ça. Elle se mit à penser au chef du peuple de la forêt, qui était d'une beauté si étrange et asymétrique à cause de sa malédiction qui rendait certaines parties de sa peau vert mousse ou rudes comme l'écorce. Était-il revenu sur l'île, jouait-il son étrange musique, pensait-il à elle ?

      Autour de Ceres, la brume commença à s'élever de l'eau et s'épaissit en réfléchissant des fragments du clair de lune tout en l'empêchant de voir le ciel nocturne au-dessus d'elle. La brume tourbillonna et se déplaça autour du bateau. Des tentacules de brouillard avançaient comme des doigts. Ceres pensait à Eoin et cela semblait inexorablement la faire penser à Thanos. Thanos, qui avait été tué sur les plages de Haylon avant que Ceres ait pu lui dire qu'elle n'avait pas vraiment pensé les paroles violentes qu'elle avait prononcées quand il était parti. Seule dans son bateau, Ceres ne pouvait oublier à quel point il lui manquait. L'amour qu'elle avait ressenti pour lui lui semblait être un fil qui la ramenait vers Delos, alors même que Thanos ne s'y trouvait plus.

      Penser à Thanos la faisait souffrir. Ces souvenirs lui semblaient être une blessure ouverte qui risquait de ne jamais se refermer. Il y avait beaucoup de choses qu'il fallait qu'elle fasse mais aucune d'elles ne lui ramènerait Thanos. Il y avait beaucoup de choses qu'elle aurait dit s'il avait été là, mais il n'y était pas. Il n'y avait que le vide de la brume.

      La brume continuait à s'enrouler autour du bateau et, à présent, Ceres voyait des morceaux de roc émerger de l'eau. Certains étaient des morceaux tranchants de basalte noir mais d'autres avaient les couleurs de l'arc-en-ciel, comme si on avait décoré les eaux bleues et tumultueuses de l'océan avec des pierres précieuses géantes. Certains portaient des marques tourbillonnantes et en spirale et Ceres ne savait pas vraiment si ces marques étaient naturelles ou si la main d'un artiste disparu depuis longtemps les avait sculptées.

      Est-ce que sa mère était quelque part au-delà de ces rocs ?

      Cette pensée fit frissonner Ceres d'excitation et s'éleva en elle comme la brume qui tourbillonnait autour du bateau. Elle allait voir sa mère. Sa vraie mère, pas celle qui l'avait toujours détestée et qui l'avait vendue aux esclavagistes à la première occasion. Ceres ne savait pas à quoi cette femme allait ressembler mais la simple possibilité de le découvrir la remplissait d'excitation alors qu'elle faisait longer les rocs au petit bateau.

      De forts courants tiraient sur son bateau, menaçant de lui arracher le gouvernail de la main. Ceres se dit que, si elle n'avait pas eu la force que lui donnaient ses pouvoirs, elle n'aurait probablement pas pu tenir le coup. Elle tira le gouvernail vers le côté et son petit bateau réagit avec ce qui était presque la grâce d'un être vivant, passant si près d'un des rocs que Ceres aurait pu le toucher.

      Elle continua à évoluer entre les rocs et, à chacun qu'elle passait, elle se mettait à penser qu'elle se rapprochait toujours plus de sa mère. Quelle sorte de femme serait-elle ? Dans ses visions, elle avait été impossible à distinguer mais Ceres pouvait imaginer et espérer. Peut-être serait-elle douce, gentille et tendre, tout ce que sa mère de substitution de Delos n'avait jamais été.

      Qu'est-ce que sa mère penserait d'elle ? Ceres fut prise au dépourvu par cette question pendant qu'elle faisait traverser la brume au bateau. Elle ne savait pas ce qui l'attendait. Peut-être sa mère allait-elle la regarder et ne voir en elle qu'une personne qui avait échoué au Stade, qui n'avait été qu'une esclave de l'Empire, qui avait perdu la personne qu'elle aimait le plus. Et si sa mère la rejetait ? Et si elle était dure, ou cruelle, ou sans merci ?

      Ou peut-être, seulement peut-être, serait-elle fière de sa fille.

      Ceres sortit de la brume si brusquement qu'on aurait dit qu'un rideau venait d'être levé. Maintenant, la mer était calme, débarrassée des rocs acérés qui en avaient émergé auparavant. Ceres constata immédiatement qu'il y avait quelque chose de différent. D'une façon ou d'une autre, la lumière de la lune semblait avoir plus d'éclat et, autour d'elle, des nébuleuses tournaient en formant des taches de couleur dans la nuit. Même les étoiles semblaient changées. A présent, Ceres ne retrouvait plus les constellations familières qui s'y étaient trouvées auparavant. Une comète laissa une traînée en traversant l'horizon. Elle était rouge feu, de plusieurs teintes de jaune et d'autres couleurs sans équivalence ici-bas.

      Chose encore plus étrange, Ceres sentit les pouvoirs qui l'habitaient pulser comme s'ils répondaient à l'endroit où elle se trouvait. Elles lui donnèrent l'impression de s'étendre en elle, de s'ouvrir et de lui permettre de vivre ce nouvel endroit de cent façons qu'elle n'avait jamais encore imaginées.

      Ceres vit une forme s'élever de l'eau, un cou long et serpentin se dresser avant de replonger sous les vagues en éclaboussant le bateau. La créature refit une brève apparition et Ceres eut l'impression que quelque chose d'immense longeait le bateau en nageant dans l'eau puis s'éloignait. Des créatures à forme d'oiseau voletèrent dans le clair de lune et ce fut seulement quand ils s'approchèrent que Ceres vit que c'étaient des phalènes argentés plus gros que sa tête.

      Ceres sentit soudain ses yeux s'alourdir de sommeil. Elle attacha le gouvernail, s'allongea puis laissa le sommeil s'emparer d'elle.

      ***

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