Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 7 - (P). Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
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СКАЧАТЬ Fait inusité pour l'époque, et qui semble d'autant plus étrange, que, dans cet édifice, tous les autres arcs sont plein cintre. Cet architecte, au lieu d'élever la coupole sur les pendentifs à l'aplomb h, la retraita en l, et donna à celle-ci une courbe en ogive émoussée lm, ainsi que le fait voir la coupe. Si bien que la coupe faite sur la diagonale no donne le tracé D. Il faut dire que les pendentifs, au lieu d'être construits au moyen de claveaux dont les coupes tendraient au centre n, sont formés d'assises de gros moellons posés horizontalement en encorbellement, comme on le voit en p. Les pendentifs n'étaient donc ici qu'une apparence, non point un principe de structure compris et admis. Ce fait seul semblerait indiquer que si l'église de Saint-Front fut élevée à l'instar de celle de Saint-Marc, ainsi que l'a parfaitement démontré Félix de Verneilh 89, la construction en aurait été confiée à quelque architecte occidental qui, ne se rendant pas un compte exact du système des coupoles sur pendentifs (puisque ces pendentifs ne sont, après tout, que des encorbellements), cherchait par conséquent à diminuer leur surplomb en ne faisant pas élever les coupoles à l'aplomb de la section supérieure de ces pendentifs. Plus tard nos architectes occidentaux, mieux renseignés ou plus savants, élevèrent de véritables coupoles sur pendentifs, ainsi que le démontrent les églises d' Angoulême, de Solignac, de Cahors, de Souillac, etc. Et cependant on observera que la courbe génératrice admise pour les pendentifs de Saint-Front de Périgueux demeura consacrée, car les arcs-doubleaux de ces églises donnent tous des courbes brisées, bien que, dans ces contrées, le plein cintre fût longtemps en honneur (voy. ARCHITECTURE RELIGIEUSE, CONSTRUCTION, COUPOLE).

       PÉNÉTRATION, s. f. Mot employé en architecture pour désigner les points d'intersection de deux corps ou de deux formes. Ainsi, par exemple, dans la figure 139 (article CONSTRUCTION), les ouvertures des lucarnes de la grand'salle du château de Coucy forment des pénétrations dans la voûte en lambris. Dans l'architecture romane, on voit quelquefois des fenêtres faire pénétration dans des voûtes en maçonnerie. Quelques voûtes en berceau de l'époque romane reçoivent aussi parfois des voûtains en pénétration. Ces cas toutefois sont extrêmement rares. En voici (fig. 1) un exemple provenant de l'église abbatiale de Fontgombaud (Indre) (XIIe siècle). Il est surprenant qu'ayant reconnu le danger des voûtes en berceau, dont les poussées agissent sur toute la longueur des murs goutterots, les architectes du XIIe siècle n'aient pas plus souvent employé le système des pénétrations, qui avait cet avantage de répartir ces poussées sur certains points plus solides ou contre-butés. Dans l'église de Fontgombaud, les arcs et voûtes sont en plein cintre. Cette pénétration seule, bien que de la même époque, présente une courbe en tiers-point; elle avait été pratiquée dans la première travée des bras de croix, pour permettre l'ouverture d'une fenêtre supérieure exceptionnelle. On voit des fenêtres en pénétration dans la voûte de la nef de la petite église de Châteauneuf (Saône-et-Loire).

      On donne aussi le nom de pénétrations à ces formes prismatiques verticales qui, dans l'architecture du XVe siècle, passent à travers les bandeaux et se retrouvent à des hauteurs différentes (voy. l'article TRAIT).

       PENTURE, s. f. Pièce de serrurerie employée pour suspendre les vantaux de portes (voy. SERRURERIE).

       PERRON, s. m. Pendant le moyen âge, le mot perron s'emploie communément pour désigner l'emmarchement extérieur qui donne entrée dans la salle principale du château ou du palais, dans le lieu réservé aux plaids, aux grandes assemblées.

      Dans la Chanson des Saxons 90, les barons apportent à Charlemagne chacun quatre deniers. L'empereur fait mettre la somme en monceau:

      «Karles les a fait fondre à force de charbons.

      Devant la maistre sale an fu faiz. i. perrons,

      Li baron de Herupe (Angers) i escristrent lor nons;

      Puis i fu mis li Karle, si que bien le savons,

      Que jamais en Herupe n'iert chevages semons 91

      Le perron est une de ces traditions des peuples du Nord dont l'origine remonte bien loin dans les annales historiques. C'est la plate-forme des Scythes, l'amoncellement de pierres sur lequel s'assied le chef de la tribu; l'emblème du lieu élevé où se tiennent et d'où descendent les races conquérantes et supérieures. Il serait intéressant de rechercher et de réunir les origines de la plate-forme assise sur un emmarchement, car c'est là un des monuments que l'on trouve sur la surface du globe partout où une race supérieure s'est établie au milieu de peuplades conquises. C'est du haut d'un perron que l'imperator romain parle aux troupes sous ses ordres. Le tribunal de campagne sur lequel s'assied le général pour recevoir la soumission des vaincus, n'est-ce qu'un amoncellement de pierres avec emmarchement 92. C'est sur un perron que l'auteur de la Chanson de Roland fait mourir son héros, comme sur un lieu sacré:

      «Prist l'olifan, que reproce n'en ait,

      E Durandal s'espée en l'altre main;

      D'un arbaleste ne poest traire un quarrel;

      Devers Espaigne en vait en un guaret,

      Muntet sur un tertre desuz un arbre bele;

      Quatre perrons i ad de marbre faite;

      Sur l'erbe verte si est caeit envers,

      Là s'est pasmet; kar la mort li est près 93

      Dans les romans des XIe et XIIIe siècles, il est sans cesse question de perrons au haut desquels se tiennent les seigneurs pour recevoir leurs vassaux:

      «Li dux s'asist sus un peon de marbre 94

      C'est au bas du perron des palais que descendent les personnages qui viennent visiter le suzerain; c'est là qu'on les reçoit, si l'on veut leur faire honneur.

      «De joiaus, de richesses trestous Paris resplent:

      Au perron de la sale la roijne descent,

      Maint haut baron l'adestrent moult debonairement,

      Car de li honorer a chascun bon talent 95

      Lorsque Guillaume d'Orange se rend auprès du roi de France après la prise d'Orange, il arrive incognito:

      «Li cuens Guillaumes descendi au perron

      Mès ne trova escuier né garçon

      Qui li tenist son auferrant gascon (son cheval).

      Li bers l'atache à l'olivier réon 96

      Les perrons des châteaux étaient accompagnés de montoirs (voy. MONTOIR):

      «Sor les chevax monterent c'ou lor tint au perron 97:

      Fors de la salle aneit-un mis,

      Un grant peron de marbre bis,

      U li poisant hume munteient.

      Qui СКАЧАТЬ



<p>89</p>

L'architecture byzantine en France, 1851.

<p>90</p>

Chanson des Saxons, de Jean Bodel, poëte artésien du XIIIe siècle.

<p>91</p>

Chap. XLV.

<p>92</p>

Voyez les bas-reliefs de la colonne Trajane.--«Ipse in munitione pro castris consedit: eo duces producuntur.» (De bello gall., lib. VII, reddition d'Alise.)

<p>93</p>

La Chanson de Roland, st. CLXV.

<p>94</p>

Ogier l'Ardenois, vers 8517.

<p>95</p>

Li Romans de Berte aus grans piès, chap. IX.

<p>96</p>

Guillaume d'Orange, La bataille d'Aleschans, vers 2568 et suiv.

<p>97</p>

La Chanson des Saxons, chap. XXII.