La coucaratcha. II. Эжен Сю
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Название: La coucaratcha. II

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ vos armes… Wolf?

      – Oui, j'aurai les miennes; – ainsi n'apportez pas les vôtres, c'est inutile… à moins pourtant que vous vous défiez…

      – Capitaine… lui dis-je très-sérieusement cette fois…

      – Pardon, mon ami; mais dites bien à votre témoin que c'est une affaire à mort, inarrangeable, qu'il y a eu des voies de fait.

      – Il le faut pardieu bien, m'écriai-je… et à quand cette belle équipée?.. car en vérité, mon ami Wolf, il faut l'avouer, nous sommes aussi fous, tranchons le mot, aussi bêtes que deux aspirants sortant de l'école de marine; mais enfin, à quand?

      – Mais, mon Dieu, dans une heure… trouvons-nous aux ruines du vieux port…

      – Va pour les ruines du vieux port.

      – Votre main, me dit Wolf.

      – La voici.

      – Vous ne m'en voulez pas au moins, me demanda-t-il encore.

      – Parbleu si, je vous en veux, et beaucoup.

      Il sourit, me salua de la tête, et nous nous séparâmes.

      § V.

      MON AMI WOLF

      J'étais revenu à bord pour faire quelques préparatifs, écrire quelques lettres, car en vérité je croyais rêver. – Un capitaine de frégate de mes amis consentit avec peine à me servir de témoin quand il sut quelles étaient les conditions de ce duel meurtrier. – A cinq pas, un pistolet chargé et l'autre non. —

      Ce qui me désespérait surtout, c'étaient les véhémentes sorties de mon digne témoin sur ce qu'il appelait ma crânerie. – Vous aurez cherché l'affaire, me disait-il, – comme cette fois à la Martinique. – Vous avez aussi la main trop légère, mon cher ami… il vous arrivera malheur… Quel dommage, un jeune officier d'une si belle espérance… et tutti quanti.

      – J'avais beau dire et redire que je n'étais pas l'agresseur, – il me répondait à cela: – Le capitaine Wolf, m'a-t-on dit, ne boit ordinairement que de l'eau; – il est connu pour sa douceur, son humeur triste et solitaire. – Comment diable voulez-vous qu'il se soit grisé et vous ait insulté le premier;… c'est impossible.

      – Mais cordieu, Monsieur, m'écriai-je…

      – Bon, bon, faites-moi une autre querelle à moi, me répondit l'imperturbable, pour me prouver que vous n'êtes pas querelleur…

      – C'était à devenir fou, aussi je me tus. – Je fermai mes lettres, – donnai quelques commissions à mon valet de chambre, – demandai un canot et me dirigeai vers le vieux fort avec mon témoin.

      – Quand nous débarquâmes, Wolf y était déjà;… Il vint au-devant de moi; – il n'était plus pâle, ses joues étaient légèrement rosées, ses cheveux soigneusement bouclés, ses yeux brillants, j'avais peu vu d'hommes d'une beauté aussi remarquable.

      – Allons donc, paresseux, me dit-il, d'un ton d'amical reproche…

      – Chose bizarre, pendant la traversée, j'avais fait tout au monde pour me monter comme on dit, – pour me mettre au niveau de cet horrible combat: – impossible: – j'allais là me brûler la cervelle sans colère, sans haine, sans fiel, sans prétexte, et seulement par point d'honneur, – car je connaissais assez Wolf pour être certain que, si j'eusse refusé le combat, il m'eût contraint à l'accepter par une insulte irréparable. – Aussi j'aimais encore mieux me battre presque sans savoir pourquoi; – sans lui en vouloir; – car malgré son crime je ne le haïssais pas, il s'en faut.

      – Oui, je l'avoue, cet être bizarre exerçait sur moi une singulière influence. – Son air triste, sa voix douce, son calme, une inconcevable sympathie de pensées qui s'étaient développées entre nous avant sa maudite confidence; – et puis, enfin, un amour inné chez moi pour tout ce qui est extraordinaire. – Tout cela faisait que je ne pensai pas un instant à la mort qui allait peut-être m'atteindre, occupé que j'étais à m'étonner de tant de choses inconcevables.

      – Messieurs, dit mon témoin, – toute représentation est sans doute inutile…

      – Inutile! répéta Wolf.

      – Vous savez que c'est un assassinat que l'un de vous deux va commettre, dit le témoin de Wolf.

      – Nous le savons, – répéta Wolf.

      – Allez donc, messieurs, et que Dieu vous pardonne, dit le bon capitaine d'une voix grave.

      – Ce témoin de Wolf – mesura cinq pas…

      – Mon témoin prit les pistolets que Wolf avait apportés et voulut les visiter.

      – Je m'y oppose formellement, Monsieur, – m'écriai-je en l'arrêtant…

      – Wolf me prit la main, la serra fortement et me dit: – Capitaine, – bien, – mais j'ai à vous faire une demande: – Vous confiez-vous assez à ma loyauté pour me laisser choisir – quoique ce soient mes armes?

      – Avant que nos témoins aient pu rien empêcher – j'avais pris les pistolets et je les présentais à Wolf, – Il en prit un.

      – Je pris l'autre.

      – Le cœur me battait horriblement.

      – Quoique la conduite singulière de Wolf me fît penser que peut-être tout ce duel n'était-il qu'une bizarre et mauvaise plaisanterie, – pourtant je me plaçai en face de Wolf.

      – De ma vie je n'oublierai son attitude calme, souriante, je dirai presque heureuse. – Il passa ses doigts dans sa belle chevelure noire, et appuya un instant son front dans sa main comme pour se recueillir, puis levant les yeux au ciel, il y eut dans son regard une expression de reconnaissance ineffable… puis il abaissa les yeux sur moi, – leva son pistolet et m'ajusta.

      – Je l'ajustai à mon tour; – les canons des deux pistolets se touchaient presque.

      – Êtes-vous prêts, Messieurs, dirent les témoins.

      – Oui…

      – Mon Dieu, pardonnez-leur, – dit en anglais le vieil officier taciturne, en frappant dans ses mains.

      – Nos deux coups partirent ensemble.

      – J'eus un moment d'éblouissement, – causé par la flamme et l'explosion du coup de Wolf, – et quand au bout d'une seconde je revins à moi, – je vis nos deux témoins courbés près de Wolf… qui s'appuyait sur son coude…

      – Mon Dieu, mon Dieu… Vous l'avez voulu, lui dis-je avec désespoir… car le malheureux était tout sanglant. Vous savez que ce n'est pas moi… Pardon, mon ami… – pardon… pardon… —

      – J'ai été l'agresseur, et je suis justement puni, – je vous pardonne ma mort, dit-il d'une voix faible… – Puis s'approchant du mon oreille, – ses derniers mots, que seul j'entendis, СКАЧАТЬ