Introduction à la vie dévote. Saint de Sales Francis
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Название: Introduction à la vie dévote

Автор: Saint de Sales Francis

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ véhémente, elle va jusqu'à délivrer le cœur de toutes les affections qui dépendent du péché. Remarquez ceci: une simple antipathie nous donne de l'aversion pour la personne qui nous déplaît, et nous fait fuir sa compagnie; mais si c'est une haine mortelle et violente, non-seulement nous fuyons et détestons celui qui en est l'objet, mais encore nous ne pouvons souffrir ni ses parens ni ses amis, ni la vue de son portrait, ni rien qui lui appartienne. De même quand le pénitent ne hait le péché que d'une contrition foible et légère, quoique véritable, il se résout seulement à ne plus pécher; au lieu que, s'il ressent une contrition forte et profonde, il déteste et le péché, et tout ce qui en dépend, et tout ce qui y conduit. Il faut donc, Philothée, agrandir tant qu'il nous sera possible notre contrition, afin qu'elle s'étende jusqu'aux moindres circonstances du péché. C'est ainsi que Magdeleine convertie perdit tellement le goût de ses péchés, que jamais elle n'y pensa; c'est ainsi que David protestoit, non-seulement qu'il haïssoit le péché, mais encore qu'il haïssoit les voies et les sentiers qui y mènent, et voilà précisément en quoi consiste ce rajeunissement de l'ame, qui est comparé par le même prophète au renouvellement de l'aigle.

      Or, pour parvenir à cette vive contrition, il faut que vous vous exerciez soigneusement aux méditations suivantes, très-propres à déraciner de votre cœur, moyennant la grâce de Dieu, le péché, et les principales affections du péché; aussi les ai-je composées exprès pour cela; vous les ferez l'une après l'autre, dans l'ordre que j'ai marqué, n'en prenant qu'une pour chaque jour, et vous y employant le matin, autant que possible, parce que c'est le temps le plus favorable aux fonctions de l'esprit. Après cela, vous en repasserez ce que vous pourrez en vous-même dans le courant de la journée; que si votre esprit n'est pas encore fait à la méditation, voyez ce qui est dit à ce sujet dans la seconde partie de cet ouvrage.

      CHAPITRE IX.

      Première méditation. – De la création

PRÉPARATION

      1. Mettez-vous en la présence de Dieu.

      2. Suppliez-le qu'il vous inspire.

CONSIDÉRATIONS

      1. Considérez qu'il n'y a que tant d'années que vous n'étiez pas au monde, et que votre être étoit un vrai rien. Où étions-nous, ô mon ame, en ce temps? Le monde avoit déjà bien duré, et de nous, il n'étoit nulle nouvelle.

      2. Dieu vous a tirée de ce rien, pour vous faire ce que vous êtes; et cela, sans qu'il eût besoin de vous, mais par un pur effet de sa bonté.

      3. Considérez avec respect l'être que Dieu vous a donné; vous êtes le premier et le plus parfait de tous les êtres de ce monde visible, capable de vivre éternellement, et de vous unir parfaitement à la divine Majesté.

Affections et résolutions

      1. Humiliez-vous profondément devant Dieu, lui disant de tout votre cœur avec le Psalmiste: O Seigneur, je suis devant vous comme un vrai néant; d'où vient que vous avez pensé à moi pour me créer? Hélas! mon ame, tu étois perdue dans cet ancien abîme, et tu y serois encore si Dieu ne t'en eût tirée; qu'y ferois-tu maintenant sans cette bonté de ton Dieu?

      2. Rendez grâces à Dieu. O mon grand et bon Créateur, combien vous suis-je redevable, puisque vous avez été me prendre dans mon néant pour me rendre par votre miséricorde ce que je suis? Que ferois-je jamais pour bénir dignement votre saint nom et remercier votre immense bonté?

      3. Confondez-vous. Mais hélas! mon Créateur, au lieu de m'unir à vous par mon amour et par mes services, je me suis rendue rebelle par les déréglemens de mon cœur, je me suis séparée de vous, pour me joindre au péché, je vous ai fui, j'ai méconnu votre bonté, comme si vous n'étiez pas mon Créateur.

      4. Abaissez-vous devant Dieu. O mon ame, souviens-toi que le Seigneur est ton Dieu, c'est lui qui t'a faite, et tu ne t'es pas faite toi-même: ô Dieu! je suis l'ouvrage de vos mains.

      Je ne veux donc plus me complaire en moi-même, puisque de moi-même je ne suis rien. De quoi te glorifies-tu, ô cendre et poussière? pourquoi t'élèves-tu, ô néant? Oui, désormais je veux pour m'humilier faire telle et telle chose, supporter tel et tel mépris: je veux changer de vie, et suivre fidèlement mon créateur: je m'honorerai de la condition de créature, à laquelle il m'a appelée; j'immolerai entièrement toutes mes volontés aux siennes; et pour cela j'aurai recours aux moyens qui me seront indiqués, et dont je me ferai bien instruire par mon père spirituel.

CONCLUSION

      1. Remerciez Dieu. O mon ame, bénis le Seigneur, et que tout ce qui est en toi exalte son saint nom; car sa bonté t'a tirée du néant, et sa miséricorde t'a créée.

      2. Offrez. O mon Dieu, je vous offre l'être que vous m'avez donné, avec tout mon cœur. Je vous le consacre entièrement.

      3. Priez. O Dieu, fortifiez en moi ces affections et ces résolutions. O sainte Vierge, recommandez-les à la miséricorde de votre Fils, avec toutes les personnes pour qui je dois prier, etc. Pater noster, Ave, Maria.

      Après l'oraison, faites-vous comme un bouquet spirituel des considérations qui vous ont le plus touchée, afin d'en respirer de temps en temps la bonne odeur dans le courant de la journée.

      CHAPITRE X

      Deuxième méditation. – De la fin pour laquelle nous sommes créés

PRÉPARATION

      1. Mettez-vous devant Dieu.

      2. Priez-le qu'il vous inspire.

CONSIDÉRATIONS

      1. Si Dieu vous a mise dans ce monde, ce n'est pas qu'il eût besoin de vous; car vous lui êtes complètement inutile. Mais il a voulu seulement exercer sur vous sa bonté en vous faisant part de sa grâce et de sa gloire. Pour cela, il vous a donné l'entendement pour le connoître, la mémoire pour vous souvenir de lui, la volonté pour l'aimer, l'imagination pour vous représenter ses bienfaits, les yeux pour voir les merveilles de ses ouvrages, la langue pour le louer, et ainsi des autres facultés.

      2. Etant créée et mise au monde à cette intention, vous devez éviter et rejeter soigneusement toute action qui y seroit contraire; et pour celles qui ne peuvent pas vous servir, il faut les mépriser comme vaines et superflues.

      3. Considérez le malheur du monde, qui ne pense point à cela, et qui vit comme s'il croyoit n'être né que pour bâtir des maisons, planter des arbres, amasser des richesses et s'occuper de frivoles amusemens.

Affections et résolutions

      1. Confondez-vous, en reprochant à votre ame la misère où elle a vécu jusqu'à présent; misère si grande, qu'elle n'a que peu ou point pensé à tout ceci. Hélas! devez-vous dire, à quoi pensois-je, ô mon Dieu, quand je ne pensois pas à vous? De quoi me ressouvenois-je, lorsque je vous oubliois? qu'aimois-je, lorsque je ne vous aimois pas? Hélas! je devois me nourrir de vérité, et je me remplissois de vanité; je servois le monde, et le monde n'est fait que pour me servir.

      2. Détestez la vie passée. Je vous renonce, pensées vaines et inutiles; je vous abjure, souvenirs détestables et frivoles; je vous déteste, amitiés fausses et perfides, services perdus, reconnoissance aveugle, misérables complaisances.

      3. Convertissez-vous à Dieu. Et vous, ô mon Dieu, mon Sauveur, vous serez dorénavant le seul objet de mes pensées; non, jamais je n'appliquerai mon esprit à ce qui pourroit vous déplaire. Ma mémoire se remplira tous les jours de l'immense et infinie bonté, que vous avez si complaisamment exercée envers moi. Vous serez les délices de mon cœur, le charme et le bonheur de ma vie.

      Ah! c'en est fait: tels et tels amusemens СКАЧАТЬ