Introduction à la vie dévote. Saint de Sales Francis
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Название: Introduction à la vie dévote

Автор: Saint de Sales Francis

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ de Gênes, sainte Magdeleine, sainte Pélagie, et quelques autres; mais cette sorte de guérison est une cure miraculeuse et extraordinaire dans l'ordre de la grâce, comme la résurrection des morts dans l'ordre de la nature, en sorte que nous ne devons pas y prétendre. La guérison ordinaire, soit des corps, soit des esprits, ne se fait que petit à petit, par degrés, avec peine et patience. Les anges ont des ailes sur l'échelle de Jacob, et cependant ils ne volent pas; mais ils montent et descendent avec ordre, d'échelon en échelon. Ainsi va notre ame du péché à la dévotion; elle s'élève peu à peu, semblable à l'aube du jour qui ne chasse pas tout d'un coup les ténèbres, mais lentement et par degrés. Cette marche est au reste la plus sûre, car, comme dit l'aphorisme, la guérison qui se fait doucement est toujours plus certaine. Que s'il est vrai, chère Philothée, que le mal arrive à cheval et en poste, et s'en retourne à pied et au petit pas, il faut donc bien s'armer de force et de patience dans l'entreprise de la vie dévote. Hélas! quelle pitié de voir des ames engagées depuis peu dans la dévotion, s'inquiéter à cause de leurs fautes, se troubler, se décourager, presque jusqu'à vouloir tout quitter et retourner en arrière! Et d'un autre côté, quelle dangereuse tentation pour une ame de se croire guérie de ses moindres imperfections dès le premier jour de sa conversion, se regardant comme parfaite presqu'avant d'être faite, et se mettant à voler sans ailes! O Philothée, que la rechute est à craindre, quand on veut ainsi se tirer trop tôt des mains du médecin! Ne vous levez pas avant la lumière, dit le Prophète; levez-vous après être demeuré assis; et lui-même, pratiquant ce qu'il enseigne, ayant été lavé et purifié de ses fautes, demande de l'être encore davantage. L'exercice qui consiste à purifier notre ame de plus en plus, ne peut et ne doit se terminer qu'avec notre vie; ne nous troublons donc point dans nos imperfections; car notre perfection consiste à les combattre, et nous ne saurions les combattre sans les voir, ni les vaincre sans les rencontrer; et notre victoire ne consiste pas à ne les pas sentir, mais bien à n'y pas consentir.

      Ce n'est pas y consentir que d'en être incommodé. Il faut bien que, pour l'exercice de notre humilité, nous soyons quelquefois blessés dans ce combat spirituel. Mais nous ne sommes jamais vaincus, que quand nous venons à perdre ou la vie, ou le courage; or, les imperfections et les péchés véniels ne sauroient nous ôter la vie spirituelle, puisqu'elle ne se perd que par le péché mortel; il reste donc seulement qu'elles ne nous fassent point perdre le courage. Délivrez-moi, Seigneur, disoit David, du découragement et de la lâcheté; disons de même, et regardons-nous comme très-heureux dans cette guerre, de n'avoir d'autre condition à remplir pour être toujours vainqueurs, que de vouloir toujours combattre.

      CHAPITRE VI.

      Du premier retranchement, qui est celui des péchés mortels

      Le premier retranchement à faire est celui du péché. Pour cela, il faut avoir recours au sacrement de pénitence. Cherchez le plus digne confesseur que vous pourrez; ayez un de ces petits livres qui ont été faits pour aider les consciences à se bien confesser, comme Grenade, Bruno, Arias, Auger et autres: lisez-les bien, et remarquez de point en point en quoi vous avez offensé Dieu, depuis que vous avez atteint l'âge de la raison jusqu'à présent; que si vous vous défiez de votre mémoire, mettez par écrit ce que vous aurez remarqué.

      Ayant ainsi préparé et réuni tout ce qui charge votre conscience, rejetez-le par une contrition aussi vive et aussi parfaite que votre cœur pourra la concevoir, considérant ces quatre choses: que par le péché vous avez perdu la grâce de Dieu, abandonné votre part de paradis, mérité les peines éternelles de l'enfer, et renoncé à l'amour éternel de Dieu.

      Vous voyez bien, Philothée, que je parle d'une confession générale de toute la vie; une telle confession, je l'avoue, n'est pas toujours absolument nécessaire, mais elle est cependant extrêmement bonne et utile dans ces commencemens; aussi je vous conseille fort d'y recourir. Souvent les confessions ordinaires de ceux qui vivent d'une vie tiède et commune, sont remplies de grands défauts: on ne se prépare point, ou fort peu: on n'a point la contrition requise: on va se confesser avec la volonté tacite de retourner au péché: on ne veut pas éviter les occasions dangereuses, ni prendre les moyens nécessaires pour réformer sa vie; en tous ces cas, la confession générale est indispensable pour assurer le salut. Mais de plus, la confession générale nous appelle à la connoissance de nous-mêmes, nous provoque à une salutaire confusion pour notre vie passée, nous fait admirer la miséricorde de Dieu, qui nous a attendus si patiemment; elle apaise nos cœurs, délasse nos esprits, excite en nous de bonnes résolutions, donne sujet à notre père spirituel de nous dire les choses convenables à notre position, et enfin nous ouvre le cœur pour confesser nos péchés à l'avenir avec plus de confiance et de sincérité.

      Ainsi, puisqu'il s'agit d'un renouvellement général de notre cœur, et d'une conversion universelle de notre ame à Dieu, c'est avec raison, ce me semble, Philothée, que je vous conseille cette confession générale.

      CHAPITRE VII.

      Du second retranchement, qui est celui des affections au péché

      Tous les Israélites sortirent de la terre d'Egypte; mais tous n'en sortirent pas de cœur et d'affection. Aussi, quand ils furent dans le désert, plusieurs regrettèrent les ognons et les viandes d'Egypte. Ainsi il y a des pécheurs qui sortent effectivement du péché et qui n'en perdent pas pourtant l'affection. Ils se proposent bien de ne plus pécher, mais c'est avec une certaine répugnance à se priver des plaisirs du péché; leur cœur y renonce et s'en éloigne, mais il ne laisse pas néanmoins de se retourner souvent de ce côté-là, comme la femme de Loth se retournoit vers Sodome. Ils s'abstiennent du péché comme les malades s'abstiennent du melon: ils n'en mangent pas, parce que le médecin les menace de mort s'ils en mangent; mais ils se tourmentent de cette privation: ils en parlent, ils hésitent sur ce qu'il faut faire, ils veulent au moins le sentir, et estiment fort heureux ceux qui peuvent en manger. De même ces foibles et lâches pénitens s'abstiennent pour quelque temps du péché, mais c'est à regret: ils voudroient bien pouvoir pécher sans être damnés, ils parlent du péché avec goût, et estiment heureux ceux qui s'y livrent. Un homme résolu de se venger changera de volonté en se confessant; mais bientôt après, on le trouvera au milieu de ses amis, prenant plaisir à parler de sa querelle, disant que, sans la crainte de Dieu, il eût fait ceci et cela; que la loi divine est bien gênante; que le pardon des injures est bien difficile; que plût à Dieu qu'il fût permis de se venger! Ah! qui ne voit que, bien que ce pauvre homme soit hors du péché, il est néanmoins tout embarrassé de l'affection du péché, et qu'étant hors d'Egypte par l'effet, il y est encore par le désir, ne laissant pas d'aimer toujours et de regretter les ognons qu'il y mangeoit? Comme fait aussi cette femme qui, après avoir détesté son inconduite, se plaît encore néanmoins à être flattée et recherchée. Hélas! que de telles gens sont en danger de se perdre!

      Philothée, puisque vous voulez entreprendre la vie dévote, il ne faut pas seulement vous contenter de quitter le péché, mais il faut encore délivrer tout-à-fait votre cœur des actions qui dépendent du péché. Car, outre le danger de la rechute, ces misérables affections amolliroient perpétuellement votre esprit, et l'appesantiroient de telle sorte qu'il ne pourroit plus faire de bonnes œuvres avec cette promptitude, cette persévérance et ce zèle, qui sont de l'essence de la vraie dévotion. Les ames qui, après avoir quitté le péché, ont encore ces affections et ces langueurs, ressemblent, à mon avis, aux personnes qui ont les pâles couleurs: elles ne sont pas absolument malades, mais toutes leurs actions sont malades: elles mangent sans goût, dorment sans repos, rient sans joie, et se traînent plutôt qu'elles ne marchent. De même ces ames font le bien avec des lassitudes spirituelles si grandes, que leurs bonnes œuvres, déjà fort petites en nombre et en effet, cessent d'avoir la moindre grâce.

      CHAPITRE VIII.

      Du moyen de faire ce second retranchement

      Il faut pour cela se former une vive et forte idée de tout le mal que le péché nous СКАЧАТЬ