Introduction à la vie dévote. Saint de Sales Francis
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Название: Introduction à la vie dévote

Автор: Saint de Sales Francis

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ présent, alors cette présence seroit réelle et non purement imaginaire: car les espèces et apparences du pain sont comme une tapisserie derrière laquelle notre Seigneur se cache, et d'où il nous voit et nous considère très-bien, quoique nous ne le voyions pas en sa propre forme. Vous userez donc de l'un de ces quatre moyens, pour mettre votre ame en la présence de Dieu avant l'oraison; et ne songez pas à les vouloir employer tous ensemble, mais un seulement à la fois, et cela encore brièvement et simplement.

      CHAPITRE III.

      De l'invocation; second point de la préparation

      L'invocation se fait en cette manière: votre ame se sentant en la présence de Dieu, se pénètre d'un grand respect à la vue d'une si souveraine Majesté, et se reconnoît très-indigne de demeurer devant elle. Puis faisant réflexion que la divine bonté le permet ainsi, elle lui demande la grâce de la bien servir et adorer dans cette méditation. Que si vous le voulez, vous pourrez user de quelques paroles courtes et enflammées, comme sont celles-ci de David: Ne me rejetez pas, ô mon Dieu! de devant votre face, et ne m'ôtez pas votre Saint-Esprit: faites briller votre face sur votre servante, et je considérerai vos merveilles. Donnez-moi l'intelligence, et je scruterai votre loi, et je la garderai de tout mon cœur. Je suis votre servante, répandez sur moi votre esprit. Il vous sera bon aussi d'invoquer votre ange gardien, et les saintes personnes qui auront eu quelque part au mystère que vous méditez. Si, par exemple, vous faites votre oraison sur la mort de Notre-Seigneur, vous pourrez invoquer la sainte Vierge, saint Jean, sainte Magdeleine, le bon larron, afin que les sentimens et les mouvemens intérieurs qu'ils reçurent alors vous soient communiqués: si c'est sur votre mort que vous méditez, vous pourrez invoquer votre bon ange qui y sera présent, afin qu'il vous inspire les résolutions convenables, et de même pour les autres sujets de méditation.

      CHAPITRE IV.

      De la proposition du mystère; troisième point de la préparation

      Après ces deux points ordinaires de la préparation, il en est un troisième, qui n'est pas commun à toutes sortes de méditations, et qu'on appelle soit composition du lieu, soit représentation intérieure. Ce n'est pas autre chose qu'un certain exercice de l'imagination, par lequel on se fait un tableau du mystère ou du fait que l'on médite, comme s'il se passoit réellement sous nos yeux. Par exemple, si vous voulez méditer sur Notre-Seigneur en croix, vous vous imaginerez que vous êtes au mont Calvaire, et que vous assistez à tout ce qui fut dit et fait le jour de la passion; ou bien encore, ce qui est tout un, vous vous imaginerez qu'au lieu même où vous êtes, se fait le crucifiement de Notre-Seigneur, avec toutes les circonstances décrites par les évangélistes. J'en dis autant, quand vous méditerez sur la mort, ainsi que je l'ai indiqué dans la méditation qui y a trait, comme aussi quand vous méditerez sur l'enfer, ou sur tout autre semblable sujet où il s'agira de choses visibles et sensibles: car pour les autres qui traitent de choses invisibles, comme sont ceux de la grandeur de Dieu, de l'excellence des vertus, de la fin de notre création, il n'est pas question de vouloir employer cette méthode. Il est vrai qu'on peut encore se servir de quelques comparaisons pour rendre les considérations plus faciles, mais cela même a ses difficultés, et je ne veux traiter avec vous que fort simplement, et en sorte que votre esprit ne se fatigue pas trop en inventions. Or, par le moyen de l'imagination, nous enfermons notre esprit dans le mystère que nous voulons méditer, et nous l'empêchons ainsi de courir çà et là, à peu près comme on fait pour un oiseau que l'on enferme dans une cage, ou pour un épervier que l'on attache à ses longes, afin qu'il demeure sur le poing. Quelques-uns vous diront néanmoins qu'il vaut mieux dans la représentation des mystères user de la simple pensée de la foi, et de la simple vue de l'esprit, ou bien encore considérer que les choses se passent dans votre esprit. Mais cela est trop subtil pour le commencement, et jusqu'à ce que Dieu vous élève plus haut, je vous conseille, Philothée, de vous tenir bonnement dans la basse vallée que je vous indique.

      CHAPITRE V.

      Des considérations; seconde partie de la méditation

      Après l'action de l'imagination, vient l'action de l'entendement, que nous appelons méditation, et qui consiste à faire une ou plusieurs considérations capables d'élever notre cœur en Dieu, et de nous faire prendre goût aux choses saintes et divines. Or, c'est en cela que la méditation est fort différente de l'étude, car la fin de l'étude est de devenir savant, habile à écrire ou à disputer; au lieu que la fin de la méditation est d'acquérir la vertu et le saint amour de Dieu. Après donc que vous aurez renfermé votre esprit dans le sujet de méditation, soit par l'imagination, si le sujet est sensible, soit par la simple proposition, s'il ne l'est pas, ainsi que je l'ai dit plus haut, vous commencerez à faire sur ce sujet quelques considérations, comme vous en trouvez des exemples dans les méditations que je vous ai données. Que si votre esprit trouve assez de goût, de lumière et de fruit dans l'une de ces considérations, il faut vous y arrêter, sans passer outre, faisant en cela comme les abeilles, qui ne quittent point une fleur, tant qu'elles y trouvent du miel à cueillir. Mais si vous ne trouvez pas votre nourriture en l'une de ces considérations, après en avoir quelque temps essayé, vous passerez à une autre; et cela simplement, sans empressement et sans trouble.

      CHAPITRE VI.

      Des affections et des résolutions; troisième partie de la méditation

      La méditation excite de bons mouvemens dans la volonté ou partie affective de notre ame, comme font l'amour de Dieu et du prochain, le désir du Paradis et de la gloire, le zèle du salut des ames, l'imitation de la vie de Notre-Seigneur, la compassion, l'admiration, la joie, la crainte de la disgrâce de Dieu, du jugement et de l'enfer, la haine du péché, la confiance en la bonté et la miséricorde divine, la confusion et le regret de notre mauvaise vie passée. C'est dans ces affections ou autres semblables que votre esprit doit s'épancher et s'étendre le plus qu'il lui sera possible. Que si vous voulez être aidée pour cela, prenez le premier tome des Méditations de dom André Lapilia, et voyez sa préface; car il y donne la manière de bien dilater les affections. Vous trouverez cela encore, et plus amplement, dans la seconde partie du Traité de l'oraison par le Père Arias.

      Il ne faut pas cependant, Philothée, vous tant arrêter à ces affections générales, que vous ne les convertissiez en résolutions particulières et spéciales pour l'amendement de votre vie. Par exemple, la première parole que Notre-Seigneur dit sur la croix, répandra, je suppose, dans votre ame le désir de l'imiter en ce qui concerne le pardon des injures et l'amour des ennemis. Or, je dis que cela est peu de chose, si vous n'y ajoutez encore une résolution particulière, à peu près de cette manière: Eh bien donc! je ne me piquerai plus de telles paroles fâcheuses qu'un tel ou une telle, mon voisin ou ma voisine, mon domestique ou ma servante, disent de moi; ni de tel et tel mépris que je reçois de celui-ci ou de celui-là: au contraire, je dirai et ferai telle ou telle chose, pour adoucir l'esprit de l'un, ou pour gagner le cœur de l'autre. C'est ainsi, Philothée, que vous vous corrigerez de vos fautes en peu de temps; au lieu que par des affections générales, vous ne le feriez que lentement et difficilement.

      CHAPITRE VII.

      De la conclusion et du bouquet spirituel

      Enfin, il faut terminer la méditation par trois actes, qu'il faut faire avec le plus d'humilité possible. Le premier de ces actes est un acte de remercîment, par lequel nous rendons grâces à Dieu des affections et des résolutions qu'il nous a inspirées, et de la grande miséricorde qu'il a déployée dans le mystère qui a fait le sujet de notre méditation. Le second acte est un acte d'offrande, par lequel nous offrons à Dieu sa bonté même et sa miséricorde, les mérites de la mort et du sang de Jésus-Christ et aussi nos affections et nos résolutions en union des vertus de son divin Fils. Le troisième acte est un acte de supplication, par lequel nous demandons à Dieu, et nous le conjurons de nous communiquer les grâces et les vertus de son Fils, et de bénir nos affections СКАЧАТЬ