Introduction à la vie dévote. Saint de Sales Francis
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Название: Introduction à la vie dévote

Автор: Saint de Sales Francis

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ ne tuent pas l'ame, elles la rendent extrêmement malade. Les mouches mourantes, dit le Sage, font perdre au baume son odeur et sa vertu. Il veut dire que si les mouches s'arrêtent peu sur le baume, et y goûtent seulement en passant, elles ne gâtent que ce qu'elles prennent, et le reste demeure intègre: au lieu que si elles meurent au beau milieu du baume, elles le gâtent beaucoup et lui ôtent de son prix. De même les péchés véniels arrivant en une ame dévote et ne s'y arrêtant pas long-temps, ne l'endommagent qu'assez peu; mais si ces mêmes péchés demeurent dans l'ame par l'affection qu'elle y met, ils lui feront perdre comme au baume sa suavité, c'est-à-dire la sainte dévotion.

      Les araignées ne tuent pas les abeilles; mais elles gâtent et corrompent leur miel, et quand elles s'attachent à la ruche, elles en embarrassent si fort les rayons avec leurs toiles que les abeilles ne peuvent plus y faire leur ménage. Ainsi le péché véniel ne tue pas notre ame, mais il gâte la dévotion; et quand il s'y attache par l'habitude et par l'affection que nous y mettons, il embarrasse tellement les puissances de l'ame, qu'elle ne peut plus agir avec cette ferveur et cette promptitude de charité, qui est le propre de la vraie dévotion. Ce n'est rien, Philothée, de dire un petit mensonge, de se dissiper légèrement en paroles ou en actions, d'avoir un peu de curiosité dans les regards, un peu de vanité dans les habits; de se plaire à tel jeu, à telle frivolité, à telle danse, pourvu que, dès que les araignées spirituelles seront entrées dans notre ame, nous les en chassions aussitôt, comme les abeilles s'efforcent de chasser les araignées corporelles; mais si nous les laissons s'arrêter dans notre cœur, et non-seulement cela, si nous nous plaisons à les y retenir et à les y multiplier, bientôt nous verrons notre miel perdu, et la ruche de notre conscience empestée et détruite. Or, je le dis encore une fois, ce ne sera jamais une ame généreuse qui se plaira ainsi à déplaire à son Dieu, et qui mettra son affection à ce qu'elle sait lui être désagréable.

      CHAPITRE XXIII.

      Qu'il se faut défaire de l'affection aux choses inutiles et dangereuses

      Les jeux, les bals, les festins, les parures, les comédies, en soi ne sont pas de mauvaises choses, mais bien des choses indifférentes, dont on peut faire un bon ou un mauvais usage. Toutefois il s'y trouve toujours plus ou moins de danger, et le danger devient encore bien plus grand, lorsqu'on s'y affectionne. Ainsi, Philothée, encore qu'il soit permis de jouer, de danser, de se parer, d'entendre d'honnêtes comédies, d'assister à un festin, je dis que de mettre à cela son affection, c'est faire une chose contraire à la dévotion, une chose très-nuisible et périlleuse. Ce n'est pas mal de le faire, mais c'est mal de s'y affectionner. Et vraiment c'est grand dommage de semer en la terre de notre cœur des affections si frivoles: car elles prennent la place du bon grain, et empêchent que notre ame ne porte de bonnes inclinations.

      Ainsi les anciens Nazaréens s'abstenoient, non-seulement de tout ce qui peut enivrer, mais encore de raisin et même de verjus. Non pas que le raisin et le verjus enivrent; mais ils craignoient que le verjus ne leur donnât le goût du raisin, et le raisin le goût du vin. Or, je ne dis pas que nous ne puissions jamais user des choses dangereuses, mais je dis que nous ne pouvons jamais y mettre notre affection sans compromettre la dévotion. Les cerfs qui sont trop en venaison se retirent et se cachent dans leurs buissons, sentant bien que leur graisse les charge, et qu'ainsi ils ne pourroient courir, s'ils venoient à être attaqués; de même le cœur de l'homme, chargé d'affections inutiles et dangereuses, ne peut courir après son Dieu avec cette promptitude, cette aisance et cette ardeur qui sont le vrai point de la solide dévotion. Que de petits enfans s'attachent et s'échauffent à la poursuite des papillons, personne ne le trouvera mauvais, parce que ce sont des enfans; mais, n'est-ce pas une chose ridicule, ou plutôt lamentable, de voir des hommes faits se préoccuper et se passionner pour des bagatelles aussi petites que celles que j'ai nommées, lesquelles, outre leur inutilité, ont encore le danger de dérégler et de perdre ceux qui les poursuivent? J'ai donc raison de dire, ma chère Philothée, qu'il se faut défaire de telles affections; car bien que les actes n'en soient pas toujours contraires à la dévotion, néanmoins l'affection qu'on y met lui cause toujours un grand préjudice.

      CHAPITRE XXIV.

      Qu'il se faut défaire des mauvaises inclinations

      Nous avons encore, Philothée, certaines inclinations naturelles qui, n'ayant point leur source dans nos péchés particuliers, ne sont pas proprement péchés, ni mortels, ni véniels, mais s'appellent seulement imperfections; et leurs actes, défauts ou manquemens. Par exemple, sainte Paule, comme le rapporte saint Jérôme, avoit une grande inclination à la tristesse et aux larmes, à ce point, qu'à la mort de son mari et de ses enfans, elle faillit mourir de chagrin. Cela étoit une imperfection, et non un péché, puisque c'étoit contre son gré et sa volonté. Il y a des caractères qui sont naturellement légers, d'autres qui sont rébarbatifs, d'autres qui ne peuvent se plier à l'opinion d'autrui; ceux-ci sont enclins à la colère, ceux-là à l'amour des créatures; bref, il n'est guère de personnes en qui l'on ne puisse remarquer quelque sorte d'imperfection; or, quoique ces imperfections soient comme propres et naturelles à chacun de nous, il n'est pas cependant impossible, avec du soin et de l'attention, de les affoiblir et de les corriger, et même de s'en délivrer entièrement; et je vous dis, Philothée, que c'est là ce qu'il faut faire. On a bien trouvé le moyen de changer les amandiers amers en amandiers doux, en les perçant simplement au pied, pour en faire sortir le suc; pourquoi donc ne pourrions-nous pas aussi faire sortir nos mauvaises inclinations, pour devenir meilleurs? Il n'y a point de si bon naturel qui ne puisse devenir mauvais par les habitudes vicieuses: et de même aussi il n'y en a point de si méchant qui, premièrement par la grâce de Dieu, secondement par le zèle et l'application, ne puisse être dompté et surmonté. Je m'en vais donc maintenant vous donner les avis, et vous proposer les remèdes au moyen desquels vous purgerez votre ame de l'attache au péché véniel, des affections dangereuses et des imperfections, et par là vous assurerez d'autant plus votre conscience contre tout péché mortel. Dieu vous fasse la grâce de les bien pratiquer!

      SECONDE PARTIE

CONTENANT DIVERS AVIS POUR L'ÉLÉVATION DE L'AME A DIEU PAR L'ORAISON ET LES SACREMENS

      CHAPITRE PREMIER.

      De la nécessité de l'Oraison

      1. L'oraison mettant notre esprit en face de la lumière divine, et exposant notre volonté à la chaleur de l'amour céleste, il n'y a rien d'aussi propre à purger notre entendement de ses ignorances, et notre volonté de ses affections mauvaises. C'est l'eau de bénédiction, qui, par sa douce fraîcheur, fait reverdir et fleurir les plantes de nos bons désirs, lave nos ames de leurs imperfections, et désaltère nos cœurs brûlés par les passions.

      2. Mais surtout je vous conseille l'oraison mentale et d'affection, particulièrement celle qui a pour objet la vie et la passion de Notre-Seigneur. En le regardant souvent par la méditation, toute votre ame se remplira de lui, vous apprendrez à le connoître, et vos actions se formeront sur le modèle des siennes. Il est la lumière du monde: c'est donc en lui, par lui, et pour lui que nous devons être éclairés. Il est l'arbre du désir; c'est donc à son ombre que nous devons nous rafraîchir; il est la vraie fontaine de Jacob, c'est donc dans ses eaux que nous devons nous laver de toutes nos souillures; enfin, les enfans, à force d'entendre leurs mères, et de bégayer avec elles, apprennent à parler leur langage; et nous aussi, demeurant auprès du Sauveur par la méditation, et observant avec soin ses paroles, ses actions et ses sentimens, nous apprendrons, moyennant sa sainte grâce, à parler, à agir et à vouloir comme lui. Il faut s'arrêter là, Philothée; et, croyez-moi, nous ne saurions aller à Dieu le Père que par cette porte; car, de même que la glace d'un miroir ne sauroit arrêter notre vue, si elle n'étoit enduite par derrière de plomb ou d'étain; de même la Divinité n'auroit pu jamais être bien contemplée par nous en ce bas monde, si elle ne se fût jointe à l'humanité sacrée du Sauveur; or, puisqu'il en est ainsi, il est visible que la vie et la mort de Jésus sont l'objet le plus proportionné à notre СКАЧАТЬ