Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 4. Dozy Reinhart Pieter Anne
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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      – Je le crois bien, reprit l’aveugle; mille mercis pour ta peine et assure le prince de ma gratitude.

      Son trésor sous le bras, le pauvre homme courut à son misérable taudis avec autant de vitesse que sa cécité le lui permettait, et après avoir soigneusement fermé la porte, il s’empressa d’ouvrir sa cassette.

      Il n’y a, dit-on, rien de plus enivrant pour un malheureux qui a lutté longtemps contre la misère et que le hasard enrichit tout d’un coup, que de couver des yeux son monceau d’or, de se laisser éblouir par l’éclat de ces belles pièces luisantes. Aveugle, le Sévillan ne pouvait se donner une telle jouissance; chez lui, le tact et l’ouïe devaient remplacer la vue, et ravi, plongé dans une extase délicieuse, il tâtait, palpait, maniait ses chères espèces, les faisait sonner, les comptait, les plaçait dans sa bouche, les goûtait pour ainsi dire… Le poison produisit son effet: avant la nuit venue le malheureux était un cadavre70.

      Bâdîs et Motadhid étaient tous les deux cruels, mais avec des nuances assez sensibles. Tandis que le premier, dans ses accès d’aveugle fureur, massacrait souvent ses victimes de ses propres mains, Motadhid empiétait rarement sur les attributions du bourreau; mais quoiqu’il n’aimât pas à souiller de sang ses mains aristocratiques, la haine chez lui était plus implacable, plus tenace, que chez son rival. Son ennemi mort, la vengeance de Bâdîs était satisfaite, sa rage assouvie; il faisait attacher la tête du cadavre à un poteau, la coutume le voulait ainsi, mais il n’allait pas plus loin. Chez le prince de Séville, au contraire, la haine ne se rassasiait jamais; il poursuivait ses victimes jusqu’au-delà du trépas; il voulait que l’aspect de leurs restes mutilés stimulât sans relâche ses passions féroces. A l’exemple du calife Mahdî, il fit planter des fleurs dans les crânes de ses ennemis, et les plaça dans la cour de son palais. Un morceau de papier, attaché à l’oreille de chaque crâne, portait le nom de celui auquel ce crâne avait appartenu jadis. Souvent il s’extasiait devant ce jardin, comme il disait. Et cependant il ne contenait pas les têtes à ses yeux les plus précieuses, celles des princes qu’il avait vaincus. Celles-là, il les gardait, avec le plus grand soin, au fond de son palais, dans une cassette71.

      Ajoutons que ce monstre de cruauté était à ses propres yeux le meilleur des princes, un Titus formé exprès pour le bonheur du genre humain. «Si tu désires, mon Dieu, que les mortels soient heureux, disait-il dans ses vers, fais-moi régner alors sur tous les Arabes et sur tous les barbares; car jamais je n’ai dévié de la bonne route, jamais je n’ai traité mes sujets autrement qu’il ne convient à un homme généreux et magnanime. Toujours je les protége contre leurs agresseurs, toujours je détourne les calamités de leur tête72

      VI

      Ayant d’abord mis à mort Habîb, le vizir et le confident de son père73, Motadhid tourna ses armes contre les Berbers et principalement contre ceux de Carmona, ses voisins. Il avait un motif tout particulier pour haïr les Berbers, car il croyait que, s’il n’y pourvoyait, ils ôteraient le trône à lui ou à ses descendants, ses astrologues lui ayant prédit que sa dynastie serait renversée par des hommes nés hors de la Péninsule74. Il mit donc tout en œuvre pour les extirper. Cette guerre fut de longue durée. Mohammed, le prince de Carmona, fut tué après s’être laissé attirer dans une embuscade (1042-3)75; mais comme son fils Ishâc lui succéda76, les hostilités continuèrent.

      En même temps Motadhid étendait ses limites du côté de l’ouest. En 1044 il enleva Mertola à Ibn-Taifour77. Puis il attaqua Ibn-Yahyâ, seigneur de Niébla. Ce n’était pas un Berber, c’était un Arabe, mais quand il s’agissait d’arrondir son territoire, Motadhid n’y regardait pas de si près. Réduit à l’étroit, Ibn-Yahyâ se jeta dans les bras des Berbers. Modhaffar de Badajoz vint à son secours, repoussa Motadhid, et se mit à former contre lui une ligue formidable dans laquelle entrèrent Bâdîs, Mohammed de Malaga et Mohammed d’Algéziras. Abou-’l-Walîd ibn-Djahwar, qui, dans l’année 1043, avait succédé à son père comme président de la république de Cordoue, fit tout ce qu’il pouvait pour réconcilier les deux partis; mais ce fut en vain: personne ne prêta l’oreille à ses ambassadeurs.

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      1

      Jusque-là Elvira avait été la capitale de cette province, mais cette ville ayant eu fort à souffrir de la guerre civile, ses habitants émigrèrent vers l’année 1010, et se transportèrent à Grenade.

      2

      Son père était l’infortuné Abdérame-Sanchol.

      3

      Ibn-Haiyân, apud Ibn-Bassâm, t. I, fol. 157 r. et v.; Abd-al-wâhid, p. 42, 43.

      4

      Ibn-Haiyân, apud Ibn-Bassâm, t. I, fol. 129 r.; Abbad., t. II, p. 32, 208 etc.

      5

      Abbad., t. I, p. 221.

      6

      Abbad., t. I, p. 220. Cf. Caussin, t. III, p. 212, 422.

      7

      Abbâd était le trisaïeul d’Ismâîl.

      8

      Abbad., t. I, p. 220, 381 et suiv.; t. II, p. 173.

      9

      Abbad., t. I, p. 221.

      10

      Abd-al-wâhid, p. 65; Abbad., t. I, p. 221.

      11

      Abbad., t. I, p. 221.

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<p>70</p>

Abd-al-wâhid, p. 67, 68.

<p>71</p>

Abbad., t. I, p. 243, 244; Abd-al-wâhid, p. 67; Ibn-Bassâm, t. I, fol. 109 r.

<p>72</p>

Abbad., t. II, p. 52.

<p>73</p>

Abbad., t. I, p. 242.

<p>74</p>

Abbad., t. I, p. 251; t. II, p. 60.

<p>75</p>

Abbad., t. II, p. 209, 216.

<p>76</p>

Ibn-Haiyân, apud Ibn-Bassâm, t. I, fol. 109 r. Ibn-Khaldoun (Abbad., t. II, p. 216) donne à ce prince le nom d’al-Azîz. C’est une erreur.

<p>77</p>

Abbad., t. II, p. 211.