Persuasion. Austen Jane
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Название: Persuasion

Автор: Austen Jane

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/36777

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СКАЧАТЬ comme une compagne très utile pour leur installation. Lady Russel s'inquiéta, et fut surtout affligée de l'injure qu'on faisait à sa filleule en lui préférant Mme Clay.

      Anna était devenue insensible à ces affronts, mais elle sentait également l'imprudence d'un tel arrangement. Joignant à une grande dose d'observation la connaissance malheureusement trop complète du caractère de son père, elle prévoyait les plus fâcheux résultats de cette intimité. Elle ne croyait pas qu'il eût encore aucune velléité d'épouser Mme Clay, qui était marquée de la petite vérole, avait de vilaines dents et de lourdes mains, toutes choses qu'il critiquait sévèrement en son absence. Mais elle était jeune et d'une figure agréable, et son esprit délié, ses manières assidues avaient des séductions plus dangereuses qu'un attrait purement physique.

      Anna sentait si vivement le danger, qu'elle ne put s'empêcher de le faire voir à sa sœur. Elle avait peu d'espoir d'être écoutée, mais elle pensait qu'Élisabeth serait plus à plaindre qu'elle-même, si une pareille chose arrivait, et qu'elle pourrait lui reprocher de ne l'avoir pas avertie.

      Elle parla, et Élisabeth parut offensée; elle ne pouvait concevoir comment un aussi absurde soupçon était venu à sa sœur. Elle répondit avec indignation que son père et Mme Clay savaient parfaitement se tenir à leur place.

      «Mme Clay, dit-elle avec chaleur, n'oublie jamais qui elle est. Je connais mieux que vous ses sentiments, et je vous assure qu'en fait de mariage, ils sont particulièrement délicats. Elle réprouve plus fortement que personne toute inégalité de condition et de rang.

      »Quant à mon père, je n'aurais jamais cru qu'il pût être soupçonné, lui qui ne s'est pas remarié à cause de nous. Si Mme Clay était une très belle personne, je reconnais que sa présence ici serait dangereuse, non pas que rien au monde puisse engager mon père à faire un mariage dégradant; mais parce qu'il pourrait éprouver un sentiment qui le rendrait malheureux. Je crois que la pauvre Mme Clay, qui, malgré tous ses mérites, n'a jamais passé pour jolie, peut rester ici en toute sûreté. On croirait que vous n'avez jamais entendu mon père parler de ses imperfections, et vous l'avez entendu vingt fois. Ces dents, et ces marques de petite vérole! Je suis moins dégoûtée que lui, et j'ai connu une personne qui n'en était pas défigurée. Mais il en a horreur, vous le savez.

      – Il n'y a presque point de défaut physique, dit Anna, que des manières agréables ne puissent faire oublier.

      – Je pense très différemment, dit Élisabeth d'un ton sec. Des manières agréables peuvent rehausser de beaux traits, mais elles ne peuvent en changer de vulgaires. Mais comme j'ai à cela plus d'intérêt que personne, je trouve vos avis inutiles.»

      Anna fut très contente d'avoir achevé ce qu'elle avait à dire, et crut avoir bien agi. Élisabeth, quoique mécontente de l'insinuation, pouvait en faire son profit.

      Le landau mena à Bath pour la dernière fois Sir Walter, Élisabeth et Mme Clay. Ils étaient tous de très bonne humeur, et Sir Walter était même disposé à rendre un salut de condescendance aux fermiers et aux paysans affligés qui se trouveraient sur son passage.

      Pendant ce temps, Anna, triste mais calme, montait à la Lodge, où elle devait passer la dernière semaine.

      Son amie n'était pas plus gaie: elle sentait très vivement cette séparation.

      La respectabilité de cette famille lui était aussi chère que la sienne, et l'habitude avait rendu précieuses les relations quotidiennes. Il était pénible de regarder les jardins déserts, et encore plus de penser aux nouveaux propriétaires. Pour échapper à cette triste vue, et pour éviter les Croft, elle s'était décidée à s'en aller quand Anna la quitterait. Elles partirent donc ensemble, et Anna descendit à Uppercross, première station du voyage de lady Russel.

      Uppercross est un village de moyenne grandeur, qui, il y a quelques années, était tout à fait dans le vieux style anglais. Il contenait seulement deux maisons supérieures d'apparence à celles des fermiers et des laboureurs: celle du squire avec ses hauts murs, ses portes massives et ses vieux arbres, solide et antique; et la cure, compacte, ramassée, enfermée dans un jardin bien soigné, avec une vigne et des poiriers palissant les murs. Mais, au mariage du jeune squire, la ferme avait été changée en cottage pour sa résidence; et le Cottage Uppercross, avec sa véranda, ses fenêtres françaises, et ses autres agréments, attirait l'œil du voyageur à un quart de mille, aussi bien que l'imposante Great-House avec ses dépendances.

      Anna était venue souvent là. Elle connaissait les chemins d'Uppercross aussi bien que ceux de Kellynch. Les deux familles se voyaient si souvent, allant à toute heure l'une chez l'autre, qu'Anna fut presque surprise de trouver Marie seule.

      Mais étant seule, elle devait nécessairement être souffrante et de mauvaise humeur. Marie, mieux douée qu'Élisabeth, ne valait pas sa sœur Anna comme intelligence et comme caractère.

      Quand elle était bien portante, heureuse et entourée, elle était gaie et aimable, mais la moindre indisposition l'abattait. Elle n'avait aucune ressource contre la solitude, et, ayant hérité de la personnalité des Elliot, elle était toujours prête à se croire négligée et méconnue.

      Physiquement, elle était inférieure à ses deux sœurs et n'avait jamais été que ce qu'on appelle généralement «une belle fille».

      En ce moment, elle était couchée sur un divan dans le salon, dont l'élégant ameublement avait été fané par quatre étés successifs et la présence de deux enfants.

      L'arrivée d'Anna fut saluée par ces mots:

      «Ah! vous voilà enfin! je commençais à croire que vous ne viendriez pas. Je suis si malade que je puis à peine parler. Je n'ai pas vu depuis le matin une créature vivante.

      – Je suis fâchée de vous trouver souffrante, répondit Anna, vous m'aviez donné jeudi de bonnes nouvelles de votre santé.

      – Oui, je parais toujours mieux portante que je ne suis. Depuis quelque temps, je suis loin d'aller bien. Je ne crois pas, dans toute ma vie, avoir été si souffrante que ce matin. J'aurais pu me trouver mal, et personne pour me soigner. Ainsi lady Russel n'a pas voulu entrer? je ne crois pas qu'elle soit venue ici trois fois cet été.»

      Anna s'étant informée de son beau-frère, Marie lui répondit:

      «Charles est à la chasse; je ne l'ai pas aperçu depuis sept heures du matin. Il a voulu partir, quoiqu'il ait vu combien j'étais souffrante; il disait ne pas rester longtemps, mais il est une heure, et il n'est pas rentré. Je n'ai pas vu une âme pendant toute cette longue matinée.

      – Vous avez eu vos petits garçons avec vous?

      – Oui, tant que j'ai pu supporter leur bruit; mais ils sont si indisciplinés qu'ils me font plus de mal que de bien. Le petit Charles ne m'écoute pas, et Walter devient aussi méchant que lui.

      – Vous allez bientôt vous trouver mieux, dit gaiement Anna. Vous savez que je vous guéris toujours. Comment se portent vos voisins de Great-House?

      – Je n'en sais rien, je ne les ai pas vus aujourd'hui, excepté M. Musgrove, qui s'est arrêté et m'a parlé à la fenêtre, mais sans descendre de cheval, quoique je lui aie dit combien j'étais souffrante. Personne n'est venu près de moi. Cela ne convenait pas aux misses Musgrove; sans doute elles n'aiment pas à se déranger.

      – Elles peuvent encore venir, il est de bonne heure.

      – Je n'ai pas besoin d'elles; elles parlent et rient beaucoup trop pour moi. Je suis très malade, Anna. C'était peu СКАЧАТЬ