Les Rejetés. Owen Jones
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Название: Les Rejetés

Автор: Owen Jones

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Зарубежное фэнтези

Серия:

isbn: 9788835426998

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СКАЧАТЬ avaient bombardé cette région et le Laos et avait voulu faire sa part pour que cela cessât.

      Il avait rallié la cause communiste et était parti s’entraîner au combat au Vietnam dès que cela avait été possible. Nombre de ses camarades d’entraînement avaient été comme lui – partiellement chinois, mais surtout fatigués que des forces étrangères influençassent le futur de leurs compatriotes. Il ne parvenait pas à comprendre pourquoi des Américains vivant à des milliers de kilomètres de là en avaient quelque chose à faire de qui était au pouvoir dans son petit coin du monde, alors que cela lui était bien égal, à lui, quel président ils avaient élu.

      Toutefois, le destin avait alors décidé qu’il n’aurait jamais la chance de tirer des coups de feu enragés, et il fut touché par le shrapnel d’une bombe américaine alors qu’il se faisait transférer depuis le camp d’entraînement vers le champ de bataille pour son tout premier jour. Ses blessures avaient fait un mal de chien, mais elles n’avaient pas mis sa vie en péril. Elles furent néanmoins suffisantes pour le faire exclure de l’armée une fois qu’il fut apte à quitter l’hôpital. Le plus gros morceau avait touché la partie supérieure de sa jambe gauche, mais quelques bouts plus petits avaient criblé son abdomen, ce qui pouvait selon lui éventuellement être la source de ses soucis actuels. Cela avait également causé la rumeur selon laquelle on lui avait tiré dessus.

      Il était rentré au pays boiteux et avec une compensation financière suffisante pour acheter une ferme exclusivement dédiée à l’agriculture, mais, comme sa jambe lui posait problème, il avait acheté une ferme plus petite et un troupeau de chèvres, qu’ils avaient fait s’accoupler puis vendues à la place. Un an après son retour, il s’était résigné au fait que sa jambe ne progresserait pas plus qu’elle n’avait pu le faire jusque-là, et avait entretemps épousé une jolie fille du coin qu’il avait connue et désirée toute sa vie, avec laquelle il avait construit une vie heureuse mais très humble.

      Depuis lors, chaque jour de la semaine à l’exception des dimanches, Monsieur Lee menait son troupeau brouter dans les hautes terres et, en été, il restait souvent passer la nuit dans l’un des bivouacs qu’il avait mis en place ici et là ; une compétence qu’il avait acquise à l’armée. Il se rappelait avec nostalgie de ces jours comme de jours heureux, même s’il ne les aurait pas décrits de la sorte à l’époque.

      Il n’y avait plus de prédateurs dans ces montagnes en dehors de l’humain, car tous les tigres avaient depuis longtemps été chassés afin d’être utilisés dans l’industrie médicale chinoise. Monsieur Lee avait des sentiments contradictoires à ce sujet. D’un côté, il savait bien que cela n’était pas une bonne chose, mais de l’autre, il n’avait aucune envie d’avoir à défendre ses chèvres contre des tigres rôdant dans la nuit. Lorsque la maladie l’avait frappé, à peine environ une semaine plus tôt, il avait déjà eu à son actif près de trente années en tant que chevrier, et connaissait donc les montagnes aussi bien que certaines personnes connaissaient leur parc local. Il savait quelles zones étaient à éviter en raison des mines terrestres et de la strychnine déposées par les Américains dans les années 70 et lesquelles avaient été nettoyées, même s’il semblait que les démineurs avaient manqué un ou deux explosifs, comme l’une de ses chèvres avait pu le découvrir à peine un mois plus tôt. Cela avait été bien triste pour elle, mais sa dépouille n’avait pas été gâchée, et sa mort avait été rapide. Une pierre délogée par mégarde avait activé une mine et été propulsée vers le ciel, arrachant la tête de la bête dans sa course.

      Le chemin du retour à la maison aurait été trop long avec sa carcasse sur les bras, aussi Monsieur Lee avait-il passé quelques jours dans les montagnes à la dévorer tandis que sa famille se faisait un sang d’encre à son sujet à la ferme.

      Monsieur Lee était un homme heureux. Il appréciait son travail et de passer sa vie à l’extérieur, et il avait déjà depuis longtemps fait la paix avec le fait qu’il ne deviendrait jamais riche ni ne voyagerait à nouveau à l’étranger. C’était là la raison pour laquelle son épouse et lui-même étaient au bout du compte contents de n’avoir eu que deux enfants. Il les aimait tous deux sans aucune préférence et ne désirait que le meilleur pour eux, mais il était néanmoins également content qu’ils eussent arrêté leurs études afin de pouvoir travailler à plein temps à la ferme, où sa femme cultivait par ailleurs des herbes et des légumes et s’occupait de trois cochons et de quelques dizaines de poulets.

      Monsieur Lee songeait déjà à comment il allait pouvoir agrandir son exploitation grâce à cette aide supplémentaire. Peut-être pourraient-ils ajouter une douzaine de volailles supplémentaires, quelques porcs, voire un champ de maïs sucré à leur actif. Il finit cependant par s’extirper de ses rêveries.

      « Et si c’est grave, Meuh ? Je ne te l’ai pas encore dit, mais j’ai fait deux syncopes cette semaine, et je ne suis pas passé loin d’en faire deux ou trois de plus.

      — Pourquoi tu ne me l’as pas dit plus tôt ?

      — Je ne voulais pas que tu te fasses du souci, et tu n’aurais de toute façon rien pu y faire, non ?

      — Non, pas moi-même, mais je t’aurais envoyé voir ta tante plus tôt, voire un médecin.

      — Ah, tu me connais. Je t’aurais dit : « attendons de voir ce que ma tante en dit avant de dépenser tout cet argent. » Mais je dois bien avouer que je me sens très bizarre parfois, et j’ai un peu peur de ce que ma tante va me dire demain.

      — Moi aussi. Tu te sens vraiment si mal ?

      — Parfois. C’est surtout que je n’ai pas d’énergie du tout. Normalement, j’arrive toujours à courir et sauter après les chèvres, et maintenant rien que les regarder me fatigue !

      — Quelque chose ne va vraiment pas ; ça, j’en suis certaine. Bon, Paw, dit-elle, en utilisant son surnom peu imaginatif pour lui, puisque cela signifiait simplement « papa » en thaï. Les enfants arrivent. Tu veux leur parler de tout ça maintenant ?

      — Non, tu as raison. À quoi bon les inquiéter maintenant ? Mais je pense que ma tante me convoquera demain en fin d’après-midi, donc dis-leur que nous aurons une réunion de famille aux alentours du dîner et qu’ils devront être présents. Je pense que je vais aller me coucher maintenant. Je me sens de nouveau fatigué. Le crachat de ma tante m’a brièvement ragaillardi, mais ça ne fait déjà plus effet. Dis-leur que je vais bien, mais demande à Den de sortir les chèvres pour moi demain, d’accord ? Il n’a pas besoin d’aller loin ; jusqu’à la rivière suffira, histoire qu’elles broutent et boivent… Ça ne leur fera pas de mal si ce n’est qu’un jour ou deux.

      Quand tu auras quelques minutes, est-ce que tu pourras aussi me faire de ton thé spécial, s’il te plaît ? Celui au gingembre, à l’anis, et tout ça… Ça devrait me requinquer un peu… Oh, et pourquoi pas aussi des graines de melon ou de tournesol… Tu pourrais demander à Din d’en casser quelques-unes pour moi ?

      — Tu ne voudrais pas une tasse de soupe ? C’est ce que tu préfères.

      — D’accord, mais, si je dors, pose-la sur la table et je la boirai froide plus tard. Salut, les enfants. Je vais me coucher tôt aujourd’hui, mais pas d’inquiétude, je vais bien. Votre mère vous donnera les détails. J’ai juste une espèce d’infection, je crois. Bonne nuit, tout le monde.

      — Bonne nuit, Paw », répondirent-ils tous.

      Din avait l’air de se faire le plus de souci d’entre eux tous, mais ils le regardèrent tous avec angoisse prendre СКАЧАТЬ