Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron. Ciceron
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Название: Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron

Автор: Ciceron

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066373825

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СКАЧАТЬ au mot de vertu que le sens que nous lui donnons dans l’usage de la vie et dans nos discours, sans la définir par les termes magnifiques de quelques philosophes ; comptons au nombre des gens de bien ceux qui sont regardés comme tels, les Pauls, les Catons, les Gallus, les Scipions, les Philus ; on se contente de semblables gens de bien dans la vie commune ; et ne parlons pas de ceux qu’on ne trouve nulle part. L’amitié entre de tels hommes produit tant d’avantages, qu’il me serait difficile d’en faire l’énumération. D’abord, est-il un homme pour qui vivre soit réellement vivre, comme dit Ennius(7), s’il n’a pas à se reposer quelquefois dans le sein d’un ami ? Quoi de plus doux que d’avoir quelqu’un avec qui l’on puisse s’entretenir comme avec soi-même(8) ? Quelles seraient vos jouissances dans la prospérité, si vous n’aviez personne pour les partager ? et comment supporteriez-vous les maux de l’adversité, si votre ami ne s’en affligeait plus que vous-même ? Enfin tous les autres objets de nos désirs sont presque bornés chacun à leur utilité propre : nous devons aux richesses les commodités de la vie ; au crédit, les respects ; aux honneurs, la louange ; aux plaisirs, la joie ; à la santé, l’absence de la douleur et le libre usage des facultés physiques. L’amitié seule réunit une foule de biens et d’agréments : de quelque côté que vous tourniez vos regards, partout elle se présente à vous ; nulle part elle n’est étrangère, jamais hors de saison, jamais importune ; le feu et l’eau, comme on dit, ne sont pas d’un plus grand usage. Je ne parle pas, dans ce moment, de l’amitié vulgaire ou médiocre, qui a pourtant ses plaisirs et ses avantages, mais de l’amitié vraie et parfaite comme celle d’un petit nombre d’amis illustres. C’est alors surtout que l’amitié ajoute à l’éclat de la prospérité, et diminue, en les partageant, les maux de l’adversité.

      — Fannius. Je les ai souvent consultés, et j’ai pris plaisir à leurs réponses ; mais nous aimons mieux vous entendre vous-même ; nous vous prions de suivre le fil de votre discours.

      — Fannius. Hé, certes, il n’était pas difficile au plus juste des hommes de plaider la cause de la justice.

      — Scévola. Que sera-ce de l’amitié ? cela peut-il être difficile à celui qui s’est acquis la plus grande gloire en la cultivant avec la fidélité, la constance et la probité la plus parfaite ?

      — Lélius. En vérité, c’est me faire violence. Qu’importe, en effet, la manière dont vous me contraignez ? ce n’est pas moins une véritable contrainte. Est-il aisé, serait-il même juste de se refuser aux désirs de deux gendres, qui n’ont d’ailleurs que les plus honorables intentions ?

      VIII. Lorsque je réfléchis sur l’amitié, ce qui m’arrive très souvent, une question qui me paraît importante, c’est de savoir si elle doit son origine à la faiblesse et au besoin, et si les hommes n’y ont cherché qu’un commerce réciproque de services, afin de trouver en autrui ce qu’ils ne pourraient avoir par eux-mêmes, et de payer à leur tour ces services par des bienfaits semblables ; ou si, ces bons offices n’étant regardés que comme une suite de l’amitié, elle a réellement une autre origine et plus ancienne, et plus noble, et plus naturelle. Je crois que parmi les raisons qui peuvent faire qu’on se veuille du bien l’un à l’autre, la principale est de s’aimer ; et c’est d’aimer que vient le mot d’amitié. Il est bien une amitié feinte, simulée, qu’on cultive pour un temps dans la vue d’obtenir, par elle, quelques avantages ; mais la véritable amitié n’a rien de feint, rien de simulé ; tout en elle est vrai, tout part du cœur. L’amitié me paraît donc avoir plutôt son principe dans la nature que dans notre faiblesse ; elle est plutôt l’effet d’un sentiment d’affection, d’une certaine sympathie, qu’une combinaison d’intérêt. Nous pouvons nous faire une idée de ce qu’elle est par ce qui s’aperçoit aisément dans l’amour passager de certains animaux pour leurs petits, et dans celui qu’ils leur inspirent. C’est ce qu’on voit encore plus clairement dans l’homme, d’abord par cette tendresse qui unit les enfants et leurs parents, et dont le nœud ne peut être rompu que par un crime détestable, ensuite par le sentiment d’affection que nous éprouvons lorsque nous venons à rencontrer un homme dont le caractère et les mœurs nous conviennent, parce qu’il nous semble voir comme reluire en lui la probité et la vertu. Rien n’est, en effet, plus aimable que la vertu ; rien n’attire davantage l’amour des hommes, puisque nous chérissons, en quelque sorte, pour leur vertu et leur probité, ceux même que nous n’avons jamais vus. Pouvons-nous penser, sans un sentiment de bienveillance et d’affection, à C. Fabricius, à M’. Curius, morts si longtemps avant notre naissance ? Qui ne hait, au contraire, un Tarquin le Superbe, un Sp. Cassius, un Sp. Mélius ? Nous avons eu à disputer l’empire, au sein même de l’Italie, contre deux généraux, Pyrrhus et Annibal : la probité de l’un nous fait comme une loi de l’estimer, tandis que la cruauté de l’autre le rendra toujours odieux au peuple romain.