Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron. Ciceron
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Название: Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron

Автор: Ciceron

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066373825

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СКАЧАТЬ les deux villes qui étaient les plus dangereuses ennemies de cet empire, et nous délivra par là des guerres présentes et futures. Que dirai-je de ses mœurs si faciles, de sa piété filiale envers sa mère, de sa libéralité à l’égard de ses sœurs, de sa bonté pour les siens, de sa justice envers tous ? Ce sont des choses qui vous sont connues ; et le deuil de ses funérailles a prouvé combien il était cher aux Romains. Eh ! quel plaisir aurait-il eu de vivre quelques années de plus ? Quoique la vieillesse ne soit pas à charge, comme je me souviens que Caton, un an avant sa mort, nous le prouva à Scipion et à moi ; cependant elle éteint cette vigueur dont Scipion jouissait encore. Non, rien n’a manqué ni à sa vie, ni à sa fortune, ni à sa gloire. La promptitude de sa mort(3) lui en a ôté le sentiment. On ne sait que dire de ce genre de mort ; vous savez ce que le public en soupçonne. Ce qu’il est permis de dire avec vérité, c’est qu’entre les jours les plus beaux et les plus heureux pour Scipion, le plus glorieux, sans doute, a été la veille de sa mort, lorsque les pères conscrits, le peuple romain, les alliés et les peuples du Latium le reconduisirent en triomphe du sénat à sa maison : il semble qu’après ce jour il n’a pu descendre dans les demeures souterraines, et que ce haut degré de gloire était déjà un pas vers les cieux.

      — Fannius. Ce que vous espérez, Lélius, ne peut manquer d’arriver. Mais puisque vous en êtes sur l’amitié, et que nous en avons le loisir, vous me ferez un extrême plaisir, ainsi qu’à Scévola, je pense, de nous communiquer vos idées et vos principes sur l’amitié, comme vous le faites sur toute autre chose, quand nous vous en prions.

      — Scévola. Oui, sans doute, ce sera un extrême plaisir pour moi, et j’allais vous en prier, lorsque Fannius m’a prévenu. Vous ferez donc en cela une chose qui nous sera fort agréable à tous les deux.

      V. — Lélius. Je le ferais sans peine si je m’en sentais les moyens ; car le sujet est beau, et nous en avons le Loisir, comme dit Fannius. Mais qui suis-je, moi, et quels sont mes talents ? C’est assez la coutume des savants, et principalement des Grecs, de traiter ainsi sur-le-champ tous les sujets qu’on leur propose. Cette tâche est difficile ; et, pour la remplir, il ne faut pas être médiocrement exercé. Je suis donc d’avis que vous vous adressiez à ceux qui font métier de ces discussions, pour savoir tout ce qu’on peut dire sur l’amitié. Pour moi, je ne puis que vous exhorter à la préférer à tout dans la vie. Rien n’est en effet plus conforme à notre nature, rien n’est plus utile dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. Mais je pense d’abord que l’amitié ne peut exister qu’entre les honnêtes gens ; et je n’attache pas à ce dernier mot la signification, juste peut-être, mais sans utilité publique, mais trop rigoureuse, que des esprits subtils lui ont donnée, en avançant que le sage seul était honnête homme. Je veux encore que cela soit vrai ; mais ensuite ils définissent le sage de manière qu’il n’en aurait jamais existé. Nous devons, nous, considérer les choses telles qu’elles sont dans l’usage, dans la vie commune, et non telles qu’on les feint, qu’on les imagine, ou qu’on les désire. Sans doute les Fabricius ; les M’. Curius, les Tib. Coruncanius, qui étaient regardés par nos pères comme autant de sages, ne l’auraient jamais été d’après la règle de ces philosophes. Qu’ils gardent pour eux leur définition du sage, elle est pour nous trop obscure et trop exclusive ; et qu’ils nous accordent que c’étaient là d’honnêtes gens. Mais ils n’en feront rien : ils soutiendront qu’il n’y a d’honnête homme que le sage. Allons donc terre à terre, comme on dit ; et tous ceux qui, dans leurs actions et toute leur conduite, ne montrent que bonne foi, intégrité, justice, générosité, sans mélange de cupidité, de passions honteuses ou violentes, qui sont invariables dans leurs principes comme les Romains que je viens de nommer, honorons-les d’un titre que la voix publique leur donne, et appelons-les honnêtes gens, parce qu’ils suivent, autant que le peuvent les hommes, la meilleure règle pour bien vivre, la nature. Il me semble, en effet, que les hommes sont nés pour vivre en société, et qu’ils doivent être d’autant plus unis, que la nature les rapproche davantage ; que, par conséquent, nous devons plus tenir à nos concitoyens qu’aux étrangers, à nos parents qu’à ceux qui ne le sont pas. L’union entre les parents est donc formée par la nature même(6) ; mais ce n’est pas la plus solide. L’amitié l’emporte sur la parenté, en ce que la bienveillance est essentielle à l’une, et qu’elle n’est pas inséparable de l’autre. Ôtez la bienveillance, la parenté reste, mais l’amitié disparaît. Or, ce qui peut donner surtout une idée de la force de l’amitié, c’est que, dans cette immense société du genre humain, formée par la nature, l’amitié restreint et resserre de telle sorte le cercle de nos sentiments, et cette affection qui nous fut donnée pour l’universalité des hommes, qu’elle la concentre dans deux amis, ou dans un très petit nombre d’amis.