Название: Rencontres Inoubliables
Автор: Roberto Badenas
Издательство: Bookwire
Жанр: Религия: прочее
isbn: 9788472088566
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Mais Jésus insiste. « Même l’hérédité, le milieu et l’éducation religieuse les plus favorables ne nous garantissent pas l’entrée dans le “royaume de Dieu“. Entrer dans cette sphère de réalité supérieure signifie, en effet, tout simplement décider que Dieu règne pleinement en nous »,
Et nous sommes si loin de le lui permettre qu’y accéder signifie réellement « naître de nouveau ».
Naître d’en haut, c’est commencer à vivre pleinement, parce qu’en tant qu’êtres humains, nous ne naissons pas totalement vivants. Dès que nous accédons à la vie, nous sommes déjà marqués par la finitude, nous portons en nous des germes de mort. Naître d’en haut, c’est briser cet épais carcan dans lequel nous nous sommes enfermés, qui nous fait croire que le monde qui nous entoure est la seule réalité. Naître d’en haut c’est ouvrir les yeux sur la lumière d’une autre existence, plus vraie. C’est atteindre la plénitude humaine en retrouvant la dimension spirituelle que nous avions perdue et découvrir ainsi qu’avec Dieu, les limites même de notre vie peuvent être transcendées.
Le bons sens de Nicodème vacille devant ce qu’il comprend à peine. Mais il lui coûte de reconnaître sa perplexité et de renoncer à ses conceptions. L’éclaircissement qu’il demande est teinté à la fois d’ingénuité et d’ironie :
« Comment un homme peut-il naître quand il est déjà vieux ? »
Vieux, l’était-il ? Où considérait-il que, bien qu’il ne le soit pas vraiment, il était trop tard pour recommencer ?
Cette objection ne manifeste pas nécessairement sa maladresse ni sa mauvaise volonté. Elle émane de quelqu’un qui sent bien qu’il est entraîné sur un terrain où il ne lui est pas simple d’avancer.
Il n’arrive pas à comprendre, à partir de ses points de référence, comment Dieu peut changer l’homme en respectant sa liberté. Jésus continue :
« L’idée de renaître est moins absurde que celle de tenter de gagner son salut par ses propres forces. Le succès de l’homme est plus certain si, au lieu d’édifier sa vie à partir de ses idéaux et de ses ressources humaines, il la réalise à partir de l’idéal et de la force de Dieu. Car Dieu n’exige de l’homme rien d’impossible : la nouvelle naissance ne lui est pas demandée, mais offerte. Personne en effet ne peut se donner naissance. Pour naître, on dépend toujours de quelqu’un d’autre. L’expérience de la nouvelle naissance s’apparente à l’accouchement physique, jusque dans le fait qu’elle se produit rarement sans douleur. »
En réalité, il n’existe pas de véritable « self made man ».
L’homme est incapable de se reconstruire sans aide extérieure. Repartir de zéro dépasse ses possibilités. Pour entreprendre une vie réellement nouvelle, il doit d’abord prendre conscience qu’il a besoin d’aide.
Face à la perplexité de Nicodème, Jésus reformule la même idée dans d’autres termes : « Il s’agit de “naître d’eau et d’esprit“. »
Pour un docteur en Écritures saintes, la mention de ces éléments primordiaux (en hébreu le même mot désigne l’air, le vent, le souffle vital et l’esprit) était une allusion claire aux principes de la création. La nouvelle naissance est une nouvelle création. Il ne s’agit donc pas d’un acte humain, mais divin.
En l’homme coexistent deux niveaux d’être : l’un « charnel », l’autre « spirituel ». Ils transmettent chacun la vie qu’ils possèdent. La chair transmet la faible condition humaine ; l’esprit, les possibilités de Dieu. Les aspirations humaines se maintiennent généralement, même avec la meilleure volonté, au niveau du bien-être économique, des satisfactions familiales ou du prestige personnel. En restant à ce niveau, personne ne parvient à réaliser le projet total que Dieu a conçu pour l’homme. Celui-ci ne peut dépasser seul la faiblesse inhérente à sa nature déchue. « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. » Pour transcender son impuissance spirituelle, il lui faut la puissance divine. « La nouvelle naissance que je te propose suppose l’entrée dans une réalité nouvelle, dont le centre réside en Dieu et non plus en l’homme. C’est passer d’une vie humaine limitée et renfermée sur elle-même à une vie libre et ouverte à toutes les possibilités de l’Esprit. C’est passer d’une existence centrée sur l’homme (anthropocentrique) à une existence centrée sur Dieu (théocentrique). C’est passer d’une réalité condamnée à la mort à une réalité qui conduit à la vie. »
Surpris par ce langage, Nicodème se demande comment ce changement est possible.
Non sans une pointe d’ironie, Jésus l’amène à entrevoir que la notion de vie nouvelle est à chercher en dehors des limites de sa propre formation :
« Tu es professeur de théologie et tu ne le sais pas ? » Nicodème a de grandes connaissances. La religion est sa spécialité. Dans ce monde d’argumentations théologiques, il se distingue par son érudition. Mais une notion élémentaire lui manque encore : il n’a pas compris que la vie spirituelle ne dépend pas de ses connaissances sur Dieu, mais de ses relations avec lui. Il n’a pas encore découvert que l’on peut obtenir la distinction suprême de docteur en Écritures saintes sans connaître, dans l’expérience, L’Être suprême.
« Ne t’étonne pas, poursuit Jésus, si je te parle avec insistance de naître de nouveau sans espérer que tu me comprennes parfaitement. Il en est de l’action de l’Esprit comme de celle du vent : on constate ses effets sans qu’il soit nécessaire de comprendre les mécanismes de son fonctionnement. »
En renaissant spirituellement, des violents se convertissent en apôtres de la paix. Des êtres paralysés par la haine se révèlent capables de pardonner et d’aimer. Des êtres égoïstes s’engagent dans les entreprises les plus généreuses... Peu importe que l’on ne sache pas expliquer le processus de la régénération. Ce qui importe, c’est qu’il se produise. Et pour cela, l’effort de notre volonté ne suffit pas. Il faut l’action puissante de la grâce. On ne peut pas préciser de quelle façon elle surgit, mais à un moment donné, elle fait irruption dans notre vie et la transforme. La nouvelle naissance ne se prouve pas, elle s’éprouve. Et non une fois pour toutes, mais chaque jour. (1 Corinthiens 15 : 31 ; 2 Corinthiens 4 : 16)
Nicodème finit par constater combien sa connaissance de Dieu est limitée. Il a essayé de comprendre Dieu à partir de ses références, mais la créativité divine ne se laisse enfermer dans le cadre d’aucune théologie. La faille ne réside cependant pas dans ses sources, mais dans leur interprétation. Tout l’Ancien Testament est une immense démonstration des initiatives incroyables de l’amour divin. Mais de même qu’il est difficile au matérialiste de concevoir des réalités autres que les réalités matérielles, de même le légaliste ne conçoit pas de relations avec Dieu en dehors des limites de ses propres conceptions. Nicodème demeure donc perplexe.
Au cours de ce dialogue tendu, le pharisien reste en deçà du cœur à cœur proposé et se limite à poser des questions qui trahissent son trouble.
« Comment cela peut-il se faire ? »
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