Rencontres Inoubliables. Roberto Badenas
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Название: Rencontres Inoubliables

Автор: Roberto Badenas

Издательство: Bookwire

Жанр: Религия: прочее

Серия:

isbn: 9788472088566

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СКАЧАТЬ romaine. Pour défendre leur cause aussi idéaliste que cruelle, ils sont prêts à tout : au soulèvement, à la guérilla, au meurtre, à donner leur vie ou à la perdre. Le gouvernement les appelle terroristes. Le peuple les craint, les admire et les protège.: ils incarnent la conscience nationale face à l’occupation militaire. Mais ils confondent la religion avec la voix de la race. Ils sont venus jusqu’au Jourdain, poussés par leur soif de liberté et de justice. Ils sont venus parce que Jean dénonce comme eux les abus des puissants, la corruption de la cour et la connivence du clergé. Et parce qu’ils espèrent un chef, un Messie qui libérera son peuple et le sauvera enfin de tous ses maux.

      Près de l’eau, dans un petit groupe dont les autres s’écartent sans dissimuler leur mépris, les publicains conversent : ces hommes sont douaniers, trésoriers, collecteurs d’impôts, employés des finances. Collaborateurs et bénéficiaires de l’occupation romaine, les publicains représentent la bureaucratie et le fisc : les bourreaux et les vautours du joug impérial.

      Ils sont accompagnés de quelques femmes à la beauté provocante et aux rires frivoles, couvertes de bijoux voyants et laissant derrière elles un sillage de parfums entêtants. Méprisées par les uns, exploitées et désirées par les autres, elles partagent avec les publicains la solidarité des marginaux : un peu d’argent pour un peu de compagnie. À mi-chemin entre la pègre et la bourgeoisie, les uns et les autres sont venus jusqu’au Jourdain parce que la solitude leur pèse. Peut-être aussi parce que leur vie ne les satisfait pas et qu’ils rêvent d’une autre existence où le respect et la compréhension seraient aussi pour eux.

      De temps en temps, on remarque dans la foule l’habit blanc des religieux esséniens. Austères, silencieux, renfermés en eux-mêmes comme en un autre monde, ils affichent, avec leur ascétisme mystique, une ferveur fataliste qui leur a fait abandonner toute action, excepté le prosélytisme. Dans l’ombre de leur monastère, en marge des besoins des autres et des problèmes de leur temps, ils représentent une autre forme de sectarisme militant.

      Enfin, le reste de l’auditoire est constitué par les gens du peuple : des paysans, des ouvriers, des femmes avec leurs enfants. Un essaim de pauvres, de mendiants, de malades. Des gens du commun, surtout des jeunes. Chacun chargé du fardeau de son histoire, traînant problèmes familiaux et conflits personnels, amours et haines, blessures et illusions, passions et craintes, frustrations et espérances.

      Parmi cette multitude de curieux, d’indifférents, d’inquiets ou de résignés, que rien ne distingue vraiment, se tiennent aussi peut-être, dans cette même attente, deux pêcheurs appelés Jean et André, une femme de profession douteuse connue sous le nom de Marie, un jeune docteur en droit préoccupé de son avenir, un banquier à la carrière trouble, un malade condamné qui se croit possédé du démon et quelques autres jeunes gens pleins de vie, en quête d’idéal...

      Au fond de leur regard, on décèle les mêmes insatisfactions et les mêmes luttes. Tous voudraient surmonter leur médiocrité, échapper aux impasses, à la grisaille de cette routine qu’ils subissent sans savoir pourquoi. Ils sont venus là en quête d’espérance, parce qu’ils pressentent que vivre peut être quelque chose de plus que travailler ou être au chômage, que souffrir ou se divertir. C’est pour cela qu’ils sont venus au bord du Jourdain écouter la parole de Dieu révélée par son prophète...

      Dès que le Baptiste apparaît sur les rochers, un silence attentif s’empare de l’auditoire. L’éclat qui illumine son regard est celui d’un envoyé de Dieu. Fils unique d’un vénérable prêtre, il a renoncé à la sécurité du temple pour obéir à sa difficile vocation. La parole que l’Esprit lui révèle dans le désert, il la proclame aux foules avec toute l’énergie de sa jeunesse.

      Dans la force de sa voix résonne la conscience insoumise de celui qui ne redoute rien ni personne, l’éloquence irrésistible de celui qui clame la vérité, qu’il fustige les vices les plus communs de la plèbe ou qu’il condamne les crimes les plus secrets des puissants. Son message est simple et direct :

      « Dieu vient à nous ! Le règne du Messie approche : préparons-nous à le recevoir ! »

      Jean est une âme ferme mais sensible ; la souffrance et l’injustice qu’il discerne dans la vie de ses auditeurs éveillent en lui à la fois indignation et compassion. C’est pourquoi certains perçoivent ses paroles comme des blâmes et des menaces, tandis que d’autres y trouvent consolation et encouragement. Pour les uns, son discours a le pessimisme amer d’un oiseau de malheur. Pour les autres, le Baptiste est un prédicateur d’espérance. Son message pénètre irrésistiblement dans la conscience de ses auditeurs, au point de troubler l’indifférence des uns, d’exacerber le fanatisme des autres et d’éveiller chez d’autres encore une inquiétude spirituelle.

      Aux détenteurs du pouvoir établi qui sont fermés à toute réforme, il dit.:

      « Race de vipères, ne croyez pas que vos fonctions religieuses peuvent vous protéger de l’indignation divine. La hache est prête à attaquer la racine des arbres. Tout arbre qui ne produit pas de bon fruit sera abattu, si grand soit-il. » (Matthieu 3 : 5-10)

      La voix inflexible du prophète s’adoucit devant les êtres affligés et résonne entre les pierres comme un cri de libération. Ceux que les honnêtes gens méprisent prennent conscience de leur insuffisance et sont les premiers à répondre à ses appels.

      « Que devons-nous faire ? » lui demandent les publicains. (Luc 3 : 12-13)

      « Renoncez à la cupidité. N’exigez rien de plus que ce qui a été fixé. Découvrez la solidarité. »

      « Que devons-nous faire ? » demandent les soldats, qui savent combien le pouvoir corrompt. (Luc 3 : 4)

      « Renoncez à la violence. N’abusez pas de la force. Vivez dans la fraternité. »

      « Que devons-nous faire ? » continue à demander la foule. (Luc 3 : 10,11)

      « Renoncez à l’égoïsme. Partagez avec ceux qui n’ont rien. Pratiquez la générosité. »

      La voix puissante continue de vibrer dans les airs. « Repentez-vous, changez de cap ! Cessez d’errer dans le désert et suivez le Sauveur vers la terre promise ! Comme nous sommes tous souillés par le mal, nous avons besoin de nous purifier. Le baptême symbolise la purification, la mort au passé et l’entrée dans une vie nouvelle. Si vous voulez manifester votre désir de conclure une alliance avec Dieu, entrez dans l’eau. »

      Jean s’arrête de parler. En silence, il descend jusqu’au milieu de la rivière. Quelques-uns sentent s’éveiller en eux une flamme nouvelle. Quelque chose au fond d’eux-mêmes est en train de jaillir, comme si la vie et l’espérance désiraient renaître. Après un moment de recueillement, un soldat dépose son armure sur le sol et entre dans le Jourdain. Puis un publicain le suit. Deux femmes lui emboîtent le pas. Ensuite quelques jeunes gens s’approchent résolument de la rive. Mais quelque chose les retient.

      Devant eux, un jeune homme qu’ils n’avaient pas vu arriver se dépouille de sa tunique. À en juger par la musculature de ses épaules et de ses bras, ce doit être un athlète ou un charpentier. Mais quelque chose en lui sort du commun, attire fortement l’attention et échappe à tout pronostic. Sa présence inspire de l’admiration et du respect. Comme s’il faisait rayonner autour de lui une atmosphère surnaturelle. Son visage juvénile, hâlé par le grand air, reflète une sérénité, une noblesse, une force, une beauté d’âme inconnues jusque-là. Il éclipse même le Baptiste.

      Tous les yeux se fixent sur l’étrange inconnu. Jean lui-même en reste pétrifié. En le voyant s’avancer vers lui, СКАЧАТЬ