Название: LUPIN: Les aventures complètes
Автор: Морис Леблан
Издательство: Bookwire
Жанр: Языкознание
isbn: 4064066379902
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Il n’était pas très loin, à deux cents mètres tout au plus, dans l’omnibus Madeleine-Bastille, lequel omnibus roulait paisiblement au petit trot de ses trois chevaux, franchissait la place de l’Opéra et s’en allait par le boulevard des Capucines. Sur la plate-forme, deux grands gaillards à chapeau melon devisaient. Sur l’impériale, au haut de l’escalier, somnolait un vieux petit bonhomme : Herlock Sholmès.
Et la tête dodelinante, bercé par le mouvement du véhicule, l’Anglais monologuait :
« Si mon brave Wilson me voyait, comme il serait fier de son collaborateur !… Bah !… Il était facile de prévoir au coup de sifflet que la partie était perdue, et qu’il n’y avait rien de mieux à faire que de surveiller les alentours du restaurant. Mais, en vérité, la vie ne manque pas d’intérêt avec ce diable d’homme ! »
Au point terminus, Herlock s’étant penché, vit Arsène Lupin qui passait devant ses gardes du corps, et il l’entendit murmurer : « À l’Étoile. »
« À l’Étoile, parfait, on se donne rendez-vous. J’y serai. Laissons-le filer dans ce fiacre automobile, et suivons en voiture les deux compagnons. »
Les deux compagnons s’en furent à pied, gagnèrent en effet l’Étoile et sonnèrent à la porte d’une étroite maison située au numéro 40 de la rue Chalgrin. Au coude que forme cette petite rue peu fréquentée, Sholmès put se cacher dans l’ombre d’un renfoncement.
Une des deux fenêtres du rez-de-chaussée s’ouvrit, un homme en chapeau rond ferma les volets. Au-dessus des volets, l’imposte s’éclaira.
Au bout de dix minutes, un Monsieur vint sonner à cette même porte, puis, tout de suite après, un autre individu. Et enfin, un fiacre automobile s’arrêta, d’où Sholmès vit descendre deux personnes : Arsène Lupin et une dame enveloppée d’un manteau et d’une voilette épaisse.
« La Dame blonde, sans aucun doute », se dit Sholmès, tandis que le fiacre s’éloignait.
Il laissa s’écouler un instant, s’approcha de la maison, escalada le rebord de la fenêtre, et, haussé sur la pointe des pieds, il put, par l’imposte, jeter un coup d’œil dans la pièce.
Arsène Lupin, appuyé à la cheminée, parlait avec animation. Debout autour de lui, les autres l’écoutaient attentivement. Parmi eux, Sholmès reconnut le Monsieur à la redingote et crut reconnaître le maître d’hôtel du restaurant. Quant à la Dame blonde, elle lui tournait le dos, assise dans un fauteuil.
« On tient conseil, pensa-t-il… les événements de ce soir les ont inquiétés et ils éprouvent le besoin de délibérer. Ah ! Les prendre tous à la fois, d’un coup !… »
Un des complices ayant bougé, il sauta à terre et se renfonça dans l’ombre. Le Monsieur en redingote et le maître d’hôtel sortirent de la maison. Aussitôt le premier étage s’éclaira, quelqu’un tira les volets des fenêtres. Et ce fut l’obscurité en haut comme en bas.
« Elle et lui sont restés au rez-de-chaussée, se dit Herlock. Les deux complices habitent le premier étage. »
Il attendit une partie de la nuit sans bouger, craignant qu’Arsène Lupin ne s’en allât pendant son absence. À quatre heures, apercevant deux agents de police à l’extrémité de la rue, il les rejoignit, leur expliqua la situation et leur confia la surveillance de la maison.
Alors il se rendit au domicile de Ganimard, rue Pergolèse, et le fit réveiller.
– Je le tiens encore.
– Arsène Lupin ?
– Oui.
– Si vous le tenez comme tout à l’heure, autant me recoucher. Enfin, passons au commissariat.
Ils allèrent jusqu’à la rue Mesnil, et de là, au domicile du commissaire, M. Decointre. Puis, accompagnés d’une demi-douzaine d’hommes, ils s’en revinrent rue Chalgrin.
– Du nouveau ? demanda Sholmès aux deux agents en faction.
– Rien.
Le jour commençait à blanchir le ciel lorsque, ses dispositions prises, le commissaire sonna et se dirigea vers la loge de la concierge. Effrayée par cette invasion, toute tremblante, cette femme répondit qu’il n’y avait pas de locataires au rez-de-chaussée.
– Comment, pas de locataire ! s’écria Ganimard.
– Mais non, c’est ceux du premier, les messieurs Leroux… ils ont meublé le bas pour des parents de province…
– Un Monsieur et une dame ?
– Oui.
– Qui sont venus hier soir avec eux ?
– Peut-être bien… je dormais… pourtant, je ne crois pas, voici la clef… ils ne l’ont pas demandée…
Avec cette clef le commissaire ouvrit la porte qui se trouvait de l’autre côté du vestibule. Le rez-de-chaussée ne contenait que deux pièces : elles étaient vides.
– Impossible ! proféra Sholmès, je les ai vus, elle et lui.
Le commissaire ricana :
– Je n’en doute pas, mais ils n’y sont plus.
– Montons au premier étage. Ils doivent y être.
– Le premier étage est habité par des messieurs Leroux.
– Nous interrogerons les messieurs Leroux.
Ils montèrent tous l’escalier, et le commissaire sonna. Au second coup, un individu, qui n’était autre qu’un des gardes du corps, apparut, en bras de chemise et l’air furieux.
– Eh bien, quoi ! En voilà du tapage… est-ce qu’on réveille les gens…
Mais il s’arrêta, confondu :
– Dieu me pardonne… en vérité, je ne rêve pas ? C’est Monsieur Decointre !… Et vous aussi, Monsieur Ganimard ? Qu’y a-t-il donc pour votre service ?
Un éclat de rire formidable jaillit. Ganimard pouffait, dans une crise d’hilarité qui le courbait en deux et lui congestionnait la face.
– C’est vous, Leroux, bégayait-il… oh ! que c’est drôle… Leroux, complice d’Arsène Lupin… ah ! j’en mourrai… et votre frère, Leroux, est-il visible ?
– Edmond, tu es là ? C’est M. Ganimard qui nous rend visite…
Un autre individu s’avança dont la vue redoubla la gaieté de Ganimard.
– Est-ce possible ! On n’a pas idée de ça ! Ah ! Mes amis, vous êtes dans de beaux draps… qui se serait jamais douté ! Heureusement que le vieux Ganimard veille, et surtout qu’il a des amis pour l’aider… des amis qui viennent de loin !
Et se tournant vers Sholmès, il présenta :
– СКАЧАТЬ