Название: Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition
Автор: Anonyme
Издательство: Ingram
Жанр: Здоровье
isbn: 9781940889009
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Par ailleurs, et si étrange que cela puisse paraître à ceux qui ne comprennent pas, une fois qu’un changement psychique s’est produit, cette même personne qui semblait condamnée et dont les problèmes étaient tellement nombreux qu’elle désespérait de les résoudre, réussit soudainement sans difficulté à surmonter son besoin d’alcool simplement en s’efforçant d’observer quelques règles simples.
Des hommes m’ont lancé cet appel sincère et désespéré : « Docteur, je ne peux continuer ainsi ! J’ai toutes les raisons de tenir à la vie ! Il faut que je cesse de boire, mais j’en suis incapable ! Il faut que vous m’aidiez ! »
Face à ce problème, il doit arriver parfois qu’un médecin, s’il est honnête avec lui-même, reconnaisse sa propre impuissance. Même s’il donne tout ce qu’il peut, souvent ce n’est pas assez. On a le sentiment que quelque chose au-delà de la force humaine est nécessaire pour produire le changement psychique essentiel. Bien que le nombre de personnes rétablies grâce à l’intervention d’un psychiatre soit considérable, nous, médecins, sommes forcés d’admettre que nous avons marqué très peu de points dans la solution du problème pris dans son ensemble. Nombreux sont les alcooliques qui ne peuvent pas répondre à l’approche psychologique traditionnelle.
Je ne suis pas d’accord avec ceux qui voient en l’alcoolisme uniquement un problème de maîtrise mentale. J’ai connu plusieurs hommes qui, par exemple, avaient travaillé pendant des mois sur une question ou sur une affaire dont le dénouement, prévu pour un jour précis, devait être en leur faveur. Ces hommes ont pris un verre à environ un jour de la date fixée et dès lors, le besoin irrésistible de boire a pris le dessus sur toute autre chose, de sorte que la rencontre importante n’a jamais eu lieu. Ces hommes ne buvaient pas pour fuir la réalité ; ils buvaient pour satisfaire un besoin de boire au-delà de tout entendement.
Il arrive souvent que les situations résultant de ce besoin impérieux amènent certains hommes à faire le sacrifice suprême plutôt que de continuer à lutter.
La classification des alcooliques semble une tâche des plus difficiles, et la faire avec force détails dépasse l’objet de ce livre. Il y a bien sûr les psychopathes, qui sont émotionnellement instables. Nous connaissons bien cette catégorie de patients. Ceux-ci se mettent toujours « au sec pour de bon ». Ils sont rongés par le remords et prennent plusieurs résolutions, mais jamais de décisions.
Il y a le genre d’homme qui refuse d’admettre son incapacité à prendre de l’alcool. Il pense à diverses façons de boire. Il varie ses consommations ou change d’environnement. Il y a le type d’alcoolique qui demeure convaincu qu’après une longue période d’abstinence, il sera capable de prendre un verre sans risque. On rencontre également le style maniaco-dépressif, qui est peut-être le moins compris par ses amis et sur qui on pourrait écrire tout un chapitre.
Puis il existe des personnes qui se comportent normalement sur tous les plans, sauf en ce qui concerne l’alcool. Ils sont souvent talentueux, intelligents et aimables.
Toutes ces personnes, ainsi que beaucoup d’autres, ont un symptôme en commun : elles sont incapables de boire sans contracter un goût immodéré pour l’alcool. Ce phénomène, comme nous l’avons suggéré, pourrait être la manifestation d’une allergie qui différencie ces gens et les place dans un groupe à part. Cette réaction face à l’alcool n’a jamais été enrayée de façon permanente par aucun traitement connu quel qu’il soit. Le seul remède que nous pouvons conseiller est l’abstinence totale.
Cela nous précipite au milieu d’un chaud débat. De nombreuses opinions ont été émises, les unes en faveur de l’abstinence, les autres contre ; mais dans le milieu médical, l’opinion générale est que la plupart des alcooliques chroniques sont condamnés.
Quelle est la solution ? Je ne saurais sans doute mieux répondre qu’en décrivant l’une de mes expériences.
Environ une année auparavant, un homme a été admis à l’hôpital pour alcoolisme chronique. Il s’était partiellement rétabli d’une hémorragie gastrique et semblait présenter des symptômes de détérioration mentale pathologique. Il avait perdu tout ce qui compte dans la vie ; seul le goût de l’alcool semblait le maintenir en vie. Il admettait ouvertement qu’il n’y avait plus d’espoir pour lui. Après la période de désintoxication, on n’a pas trouvé de dommage permanent causé à son cerveau. Il a accepté de suivre le programme exposé dans ce livre. Une année plus tard, il a demandé à me voir et j’ai alors ressenti une sensation très étrange. Je connaissais cet homme de nom et je reconnaissais quelque peu ses traits, mais là s’arrêtait toute ressemblance. L’individu tremblant, désespéré et à bout de nerfs, avait fait place à un homme débordant d’aise et d’assurance. Je me suis entretenu avec lui pendant un moment, mais je ne pouvais toujours pas me convaincre que j’avais déjà connu cet homme. Lorsqu’il m’a quitté, je ne l’avais toujours pas reconnu. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis sans qu’il ne retouche à une goutte d’alcool.
Lorsque j’ai besoin de me remonter le moral, je me rappelle le cas d’un autre homme qu’un éminent médecin de New York m’avait adressé. Le patient avait établi lui-même son diagnostic, puis, ayant conclu que sa condition était sans espoir, s’était caché dans une grange abandonnée, déterminé à mourir. Il a été trouvé par une équipe de recherches et conduit chez moi dans une condition désespérée. À la suite de sa réhabilitation physique, il m’a dit franchement qu’il considérait son traitement comme peine perdue, à moins que je ne puisse lui assurer – ce que jamais personne n’avait fait – que dans l’avenir, il démontrerait « assez de volonté » pour résister à l’envie de boire.
Sa condition d’alcoolique était tellement compliquée et son état dépressif tellement avancé que nous avons cru que son seul espoir résidait dans ce que nous appelions alors la « psychologie morale » ; même cela, croyions-nous, n’aurait peut-être aucun effet.
Cependant, il en est venu effectivement à adopter les idées contenues dans ce livre. Il n’a pas pris un verre depuis très longtemps. Je le vois de temps à autre et son comportement est comparable à celui que l’on souhaite trouver chez tout homme.
Je recommande vivement à tous les alcooliques de lire ce livre jusqu’à la dernière page, et s’il s’en trouve parmi eux qui le font avec l’intention de se moquer, il pourrait arriver que ceux-là mêmes restent pour prier.
William D. Silkworth, m.d.
Chapitre 1
L’HISTOIRE DE BILL
LA fièvre de la guerre était grande dans la petite ville de Nouvelle-Angleterre où, jeunes officiers frais émoulus de Plattsburg, nous avions été cantonnés. Comme nous étions flattés lorsque les notables nous ouvraient la porte de leur maison, nous donnant le sentiment d’être des héros ! Tout chantait l’amour, le triomphe, la guerre ; moments sublimes ponctués d’intervalles des plus joyeux. Enfin je participais à la vie et, au milieu de l’allégresse, j’ai découvert l’alcool pour la première fois. J’avais oublié les sévères mises en garde et les préjugés de ma famille au sujet de l’alcool. Le moment venu, nous nous sommes embarqués pour « là-bas... outre-mer ». Comme je m’ennuyais beaucoup, je me suis de nouveau tourné vers l’alcool.
Nous avons débarqué en Angleterre. J’ai visité la cathédrale de Winchester. Très ému, je suis allé me promener. Mon attention fut attirée par une épitaphe gravée sur une vieille pierre tombale :
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