Название: Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition
Автор: Anonyme
Издательство: Ingram
Жанр: Здоровье
isbn: 9781940889009
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Il était venu me faire bénéficier de son expérience, si je le désirais. J’étais renversé, mais la chose m’intéressait ! Bien sûr qu’elle m’intéressait ! Je ne pouvais faire autrement car je n’avais plus d’espoir.
Il a parlé pendant des heures. Les souvenirs de mon enfance me revenaient à l’esprit. Il me semblait entendre, comme autrefois lors de paisibles dimanches, le prédicateur dont la voix me parvenait au loin, sur la colline où j’étais assis ; j’ai pensé au vœu de tempérance que je n’avais jamais prononcé, au mépris bonhomme de mon grand-père pour certaines gens d’Église et leurs agissements ; je me rappelais comment mon grand-père croyait à la musique des sphères célestes mais refusait aux prédicateurs le droit de lui dire comment l’écouter et son absence de peur alors qu’il parlait de ces choses juste avant de mourir. Tous ces souvenirs refaisaient surface. J’en avais la gorge serrée.
J’ai repensé à ce jour de la guerre où j’avais visité la cathédrale de Winchester.
J’avais toujours cru en une Puissance supérieure. J’avais souvent réfléchi à ces choses. Je n’étais pas athée. Peu de gens le sont réellement car l’athéisme implique une foi aveugle dans l’hypothèse étrange que cet univers est sorti du néant et ne mène nulle part. Mes idoles intellectuelles – les chimistes, les astronomes et même les évolutionnistes – supposaient que de grandes lois et de grandes forces régissaient ce monde. En dépit d’indices qui laissaient croire le contraire, il me semblait évident qu’un principe et un ordre puissants sous-tendaient tout cela. Comment pouvait-il exister tant de lois précises et immuables sans l’intervention d’une forme d’intelligence ? Je ne pouvais faire autrement que de croire en un Esprit de l’univers, lequel ne connaissait ni temps ni limites. Mais je n’étais pas allé plus loin.
C’est là que je m’éloignais des ministres du culte et du monde de la religion. Lorsqu’on me parlait d’un Dieu qui m’était personnel, d’un Dieu qui était amour, force surhumaine et guide, je devenais irrité et mon esprit se fermait d’un coup à pareille théorie.
Au Christ, je concédais la valeur d’un grand homme dont l’exemple était plus ou moins suivi par ceux qui se réclamaient de Lui. Son enseignement moral ? Excellent. Pour ma part, j’en avais retenu les principes qui me semblaient pratiques et qui n’étaient pas trop exigeants ; le reste, je l’écartais.
Les guerres, les bûchers et les querelles que les luttes religieuses avaient engendrés me dégoûtaient. Je me demandais vraiment si, tout compte fait, les religions de l’humanité avaient quelque chose de bon. À en juger par ce que j’avais vu en Europe et depuis, la puissance de Dieu dans les affaires humaines était négligeable et la fraternité des hommes une sinistre comédie. Si le diable existait, il semblait être le grand patron de la destinée humaine et, chose certaine, il me tenait.
Mais mon ami, qui restait assis devant moi, a déclaré de but en blanc que Dieu avait fait pour lui ce qu’il n’avait jamais pu faire pour lui-même. Sa volonté d’humain avait échoué. La médecine l’avait déclaré irrécupérable. La société s’apprêtait à l’enfermer. Comme moi, il avait admis sa défaite totale. Puis, il était littéralement ressuscité des morts, soudainement tiré des bas-fonds pour accéder à une vie meilleure que tout ce qu’il avait connu auparavant !
Cette force venait-elle de lui ? Non, bien sûr. Il n’y avait pas eu en lui plus de force que je n’en avais en cette minute même, c’est-à-dire absolument aucune.
J’étais renversé. Je commençais à croire que les gens de religion avaient peut-être raison après tout. Il s’était passé quelque chose dans le cœur d’un homme et cette chose avait réussi l’impossible. Mon opinion sur les miracles a changé sur-le-champ. Finies les opinions d’autrefois ; un miraculé était là assis en face de moi, de l’autre côté de ma table. Il apportait de grandes nouvelles.
J’ai constaté que mon ami avait fait plus que mettre de l’ordre dans sa vie intérieure. Il évoluait sur une base différente. Il avait pris racine dans un sol nouveau.
Malgré cette preuve vivante qu’était mon ami, des restes de vieux préjugés persistaient dans mon esprit. Le mot Dieu soulevait encore en moi une certaine antipathie. Mon sentiment de révolte s’est intensifié lorsque fut exprimée l’idée qu’un Dieu existait peut-être pour moi. Ce concept me déplaisait. J’acceptais qu’on parle d’une Intelligence créatrice, d’un Esprit universel ou de l’Âme de la nature, mais je résistais au concept d’un Empereur des cieux, si aimable que puisse être sa domination. Depuis, j’ai parlé à quantité d’hommes qui pensaient comme moi.
Mon ami m’a fait une suggestion qui m’a semblé nouvelle. « Pourquoi ne choisis-tu pas ta propre conception de Dieu ? »
Sa proposition m’a ébranlé. J’ai senti fondre la montagne de glace des préjugés intellectuels dans l’ombre desquels j’avais vécu et tremblé pendant des années. Enfin, je retrouvais la lumière du soleil.
Il suffisait que j’accepte de croire en une Puissance supérieure à moi-même. Je n’avais rien de plus à faire pour commencer. J’ai vu que ce pouvait être le point de départ de la croissance. En adoptant une attitude de complète bonne volonté, je pourrais connaître le changement que je constatais chez mon ami. Pourrais-je y parvenir ? Bien sûr !
Ainsi, je suis devenu convaincu que Dieu porte attention aux hommes à la condition que ceux-ci le désirent suffisamment. Enfin, je voyais, je sentais, je croyais. Mes yeux n’étaient plus obstrués par l’orgueil et les préjugés. Un monde nouveau m’apparaissait.
J’ai soudain compris la vraie signification de mon expérience dans la cathédrale. L’espace d’un instant, j’avais eu besoin de Dieu et je L’avais désiré. J’avais timidement souhaité qu’Il soit là, et Il était venu. Mais le sentiment de Sa présence avait été rapidement étouffé par les clameurs du monde, surtout celles qui s’élevaient en moi. Il en avait été ainsi depuis ce temps-là. Comme j’avais été aveugle !
À l’hôpital, on m’a éloigné de l’alcool pour la dernière fois. Le traitement semblait indiqué car je montrais des signes de delirium tremens.
Puis, je me suis humblement offert à Dieu tel que je Le concevais alors, Lui demandant de disposer de moi comme Il l’entendait. Je me suis confié à Lui sans réserve pour qu’Il me guide et me protège. Pour la première fois, j’ai admis que seul je n’étais rien ; que sans Lui j’étais perdu. Sans me ménager, j’ai regardé mes fautes en face et consenti à ce que mon tout nouvel Ami les extirpe. Depuis lors, je n’ai plus pris un verre.
Mon ancien camarade de classe est venu me voir et je lui ai fait part de tous mes problèmes et de tous mes défauts. Nous avons dressé la liste des personnes à qui j’avais causé du tort ou envers qui je nourrissais du ressentiment. Je me suis montré entièrement disposé à rencontrer ces personnes et à admettre mes torts, sans jamais les juger. J’allais redresser tous les torts causés du mieux que je le pouvais.
Je devais mettre à l’épreuve ma nouvelle conscience de la présence de Dieu en moi. Le bon sens serait le contraire de ce qu’il avait été jusqu’à présent. Dans le doute, je devais m’asseoir, tranquille, et demander seulement que me soient données la force et la lumière pour régler СКАЧАТЬ