Pièces choisies. Valentin Krasnogorov
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Название: Pièces choisies

Автор: Valentin Krasnogorov

Издательство: ЛитРес: Самиздат

Жанр: Драматургия

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СКАЧАТЬ (Ne réagissant pas du tout à ses étreintes. Le ton froid :). Ne jouez pas la passion.

      LUI. Mais je ne la joue pas. Ce n’est pas la passion mais la curiosité qui pousse un homme vers une nouvelle femme.

      ELLE. (Sèchement.). Contentez-vous de satisfaire votre curiosité sans l’aide de vos mains. Posez-moi, par exemple, des questions et je répondrai.

      LUI. Alors, vous êtes venue seulement pour parler? Ici, dans cette chambre?

      ELLE. Naturellement. Selon vous, il vaut mieux discuter dehors dans le froid, le vent et la pluie? (Et comme il la tient toujours enlacée, elle continue.) Si vous ne me relâchez pas immédiatement, je m’en vais tout de suite.

      L’homme relâche la femme. Pause.

      LUI. Si ces caprices doivent se poursuivre, pourquoi donc êtes-vous venue?

      ELLE. Peut-être, parce que je me sentais seule. Comme vous.

      LUI. Qu’est-ce qu’une belle-de-nuit comme toi peut connaître de la solitude? De la vraie solitude, quand tu n’as personne à qui adresser la parole, à qui te confier, personne pour te comprendre et te répondre? Quand tu te sens seul même entouré de gens, même si à tes côtés dort un être supposé proche mais en vérité étranger.

      La femme ne répond pas. Pause.

      LUI. Alors quoi, nous allons longtemps nous regarder comme ça?

      ELLE. Calmez-vous et asseyez-vous.

      LUI. Je ne te comprends pas.

      ELLE. En revanche, moi je vous comprends très bien. Vous n’êtes tout simplement pas sûr de vous et vous ne savez pas comment vous y prendre. Vous êtes tout le temps balloté entre votre timidité et un sans-gêne que vous prenez pour de l’audace.

      LUI. C’est juste, pardon.

      ELLE. Et si vous ne vous conduisez pas comme il faut, je partirai tout de suite.

      LUI. Qu’est-ce que c’est que ce nouveau jeu?

      ELLE. La continuation de l’ancien. Seulement, comme au football, après la pause, nous changeons de camp. Au restaurant, c’est moi qui vous sollicitais et maintenant c’est votre tour. Montrez-moi comment vous vous y prenez.

      LUI. Pour dire vrai, je ne sais pas du tout m’y prendre.

      ELLE. Je l’avais déjà remarqué.

      Pause.

      LUI. Avec vous, j’ai un peu de difficulté à relancer la conversation. Vous ne m’avez même pas dit comment vous vous appelez.

      ELLE. Si vous voulez, appelez-moi Constance. Ou Nadine. Ou Aimée.

      LUI. Et en réalité?

      ELLE. (Sans répondre à la question, elle s’approche de la fenêtre.). Quel sale temps dehors…

      LUI. (Il s’approche d’elle et regarde aussi par la fenêtre.). Oui, il fait froid et c’est inconfortable… Il y a quelque chose qui coince dans notre rencontre.

      ELLE. Ne vous désolez pas, nous avons toute une nuit devant nous. Tout peut changer.

      LUI. Vous le promettez?

      ELLE. Je l’espère. Tout dépend de vous.

      LUI. Et pourquoi ne me demandez-vous pas mon nom?

      ELLE. Parce que je le connais.

      LUI. (Stupéfait.). Comment ça?

      ELLE. Comme ça. Je ne sais pas, cependant, comment je dois vous appeler. Il est un peu tôt pour vous appeler Serge, et « Monsieur Odintsov » me paraît trop formel.

      LUI. Prenons un juste milieu. Vous pouvez m’appeler Serguéï.

      ELLE. J’espère mériter le droit de vous appeler de façon plus intime.

      LUI. Mais, tout de même, comment connaissez-vous mon nom? (Après un temps de réflexion :) Peut-être, en bas, à l’accueil?

      ELLE. Peu importe. Je le connais, voilà tout.

      Quelqu’un frappe légèrement à la porte.

      LUI. (Étonné.). On frappe, ou je rêve?

      ELLE. Non, vous ne rêvez pas.

      LUI. (Troublé.). Qui cela peut-il être?

      ELLE. Ouvrez, vous saurez bien.

      LUI. Non.

      ELLE. Vous craignez que l’on me voie dans votre chambre? N’ayez crainte, maintenant il n’y a pas de police des mœurs.

      Après quelque hésitation, l’homme part. On entend un bruit sourd, des voix puis le bruit de la porte qui se ferme. L’homme réapparaît, poussant devant lui un chariot sur lequel il n’est pas difficile d’apercevoir une bouteille de champagne dans un seau à glace, des flûtes et quelques hors-d’œuvre. L’homme a l’air très perplexe.

      LUI. Voici… Le champagne… Il nous vient du restaurant. Le garçon a même refusé l’argent. Il dit que c’est réglé. Bizarre. Je n’ai rien commandé.

      ELLE. Il n’y a rien de bizarre. C’est un don du ciel.

      LUI. (Comprenant.). Voilà pourquoi vous cherchiez le garçon, lorsque nous sortions!… Vous m’obligez à rougir. C’était à moi de le faire, mais ça ne m’est pas venu à l’esprit. Je suis un âne.

      ELLE. Essayez de rectifier ça à l’avenir. (Elle prend son sac à main et se dirige vers la sortie.)

      LUI. Attendez, où allez-vous de nouveau?

      ELLE. Rassurez-vous, je reviens.

      LUI. Vous revenez, c’est sûr?

      ELLE. Pensez-vous que je veuille rester sans champagne? (Elle sort.)

      L’homme, ne sachant que penser, regarde dans le couloir, revient, ôte sa veste, va à nouveau à la porte mais, à ce moment-là, la femme revient. Elle est vêtue d’une robe de soirée et tient dans ses mains une boîte et un petit bouquet de fleurs.

      LUI. (Réjoui et étonné.). Où et comment avez-vous eu le temps de vous métamorphoser si vite?

      ELLE. J’ai décidé de réactiver votre curiosité. (Embrassant du regard la pièce :) Eh bien, qu’attendez-vous? Pourquoi rien n’est-il prêt?

      LUI. Et que faut-il préparer?

      ELLE. Tout de même, quel empoté! Mettons la table ici.

      Ils transportent la table au centre de la pièce.

      ELLE. À présent, versez de l’eau dans le vase.

      La femme sort une nappe de la boîte, en recouvre la table, pose des chandeliers et des chandelles sortis de la même boîte. L’homme, СКАЧАТЬ