Le Robinson suisse ou Histoire d'une famille suisse naufragée. Johann David Wyss
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Название: Le Robinson suisse ou Histoire d'une famille suisse naufragée

Автор: Johann David Wyss

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066086046

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СКАЧАТЬ qu'Ernest et ses deux plus jeunes frères resteraient près de leur mère, tandis que Fritz, comme le plus prudent, viendrait avec moi. Mes fils furent alors réveillés à leur tour, et tous, sans en excepter le paresseux Ernest, quittèrent joyeusement leur lit de mousse.

      Tandis que ma femme préparait le déjeuner, je demandai à Jack ce qu'il avait fait de son homard; il courut le chercher dans un creux de rocher où il l'avait caché pour le dérober aux chiens. Je le louai de sa prudence, et lui demandai s'il consentirait à m'en abandonner une patte pour le voyage que j'allais entreprendre.

      «Un voyage! un voyage! s'écrièrent alors tous mes enfants en sautant autour de moi, et pour où aller?»

      J'interrompis cette joie en leur déclarant que Fritz seul m'accompagnerait, et qu'ils resteraient au rivage avec leur mère, sous la garde de Bill, tandis que nous emmènerions Turc avec nous. Ernest nous recommanda de lui cueillir des noix de coco si nous en trouvions.

      Je me préparai à partir, et commandai à Fritz d'aller chercher son fusil; mais le pauvre garçon demeura tout honteux, et me demanda la permission d'en prendre un autre, car le sien était encore tout tordu et faussé de la veille. Après quelques remontrances, je le lui permis; puis nous nous mîmes en marche, munis chacun d'une gibecière et d'une hache, ainsi que d'une paire de pistolets, sans oublier non plus une provision de biscuit et une bouteille d'eau.

      Cependant, avant de partir, nous nous mîmes à genoux et nous priâmes tous en commun; puis je recommandai à Jack et à Ernest d'obéir à tout ce que leur mère leur ordonnerait pendant mon absence. Je leur répétai de ne pas s'écarter du rivage; car je regardais le bateau de cuves comme le plus sûr asile en cas d'événement. Quand j'eus donné toutes mes instructions, nous nous embrassâmes, et je partis avez Fritz. Ma femme et mes fils se mirent à pleurer amèrement; mais le bruit du vent qui soufflait à nos oreilles, et celui de l'eau qui coulait à nos pieds, nous empêchèrent bientôt d'entendre leurs adieux et leurs sanglots.

      La rive du ruisseau était si montueuse et si escarpée, et les rocs tellement rapprochés de l'eau, qu'il ne nous restait souvent que juste de quoi poser le pied; nous suivîmes cette rive jusqu'à ce qu'une muraille de rochers nous barrât tout à fait le passage. Là, par bonheur, le lit du ruisseau était parsemé de grosses pierres; en sautant de l'une à l'autre nous parvînmes facilement au bord opposé. Dès ce moment notre marche, jusqu'alors facile, devint pénible; nous nous trouvâmes au milieu de grandes herbes sèches à demi brûlées par le soleil, et qui semblaient s'étendre jusqu'à la mer.

      Nous y avions à peine fait une centaine de pas, lorsque nous entendîmes un grand bruit derrière nous, et nous vîmes remuer fortement les tiges; je remarquai avec plaisir que Fritz, sans se troubler, arma son fusil et se tint calme, prêt à recevoir l'ennemi. Heureusement ce n'était que notre bon Turc, que nous avions oublié, et qui venait nous rejoindre. Nous lui fîmes bon accueil, et je louai Fritz de son courage et de sa présence d'esprit.

      «Vois, mon fils, lui dis-je: si, au lieu d'attendre prudemment comme tu l'as fait, tu eusses tiré ton coup au hasard, tu risquais de manquer l'animal féroce, si c'en eût été un, ou, ce qui était pis, tu pouvais tuer ce pauvre chien et nous priver de son secours.»

      Tout en devisant, nous avancions toujours; à gauche, et près de nous, s'étendait la mer; à droite, et à une demi-heure de chemin à peu près, la chaîne de rochers qui venait finir à notre débarcadère suivait une ligne presque parallèle à celle du rivage, et le sommet en était couvert de verdure et de grands arbres. Nous poussâmes plus loin; Fritz me demanda pourquoi nous allions, au péril de notre vie, chercher des hommes qui nous avaient abandonnés. Je lui rappelai le précepte du Seigneur, qui défend de répondre au mal autrement que par le bien; et j'ajoutai que d'ailleurs, en agissant ainsi, nos compagnons avaient plutôt cédé à la nécessité qu'à un mauvais vouloir. Il se tut alors, et tous deux, recueillis dans nos pensées, nous poursuivîmes notre chemin.

      Au bout de deux heures de marche environ, nous atteignîmes enfin un petit bois quelque peu éloigné de la mer. En cet endroit, nous nous arrêtâmes pour goûter la fraîcheur de son ombrage, et nous nous avançâmes près d'un petit ruisseau.

      Les arbres étaient touffus, le ruisseau coulait paisiblement, mille oiseaux peints des plus belles couleurs s'ébattaient autour de nous. Fritz, en pénétrant dans le bois, avait cru apercevoir des singes; l'inquiétude de Turc, ses aboiements répétés, nous confirmèrent dans cette pensée. Il se leva pour essayer de les découvrir; mais, tout en marchant, il heurta contre un corps arrondi qui faillit le faire tomber. Il le ramassa, et me l'apporta en me demandant ce que c'était, car il le prenait pour un nid d'oiseau.

      «C'est une noix de coco.

      —Mais n'y a-t-il pas des oiseaux qui font ainsi leur nid?

      —Il est vrai; cependant je reconnais la noix de coco à cette enveloppe filandreuse. Dégageons-la, et tu trouveras la noix.»

      Il obéit, et nous ouvrîmes la noix: elle ne contenait qu'une amande sèche et hors d'état d'être mangée. Fritz, tout désappointé, se récria alors contre les récits des voyageurs qui avaient fait une description si appétissante du lait contenu dans la noix, et de la crème que recouvrait l'amande. Je l'arrêtai en lui faisant remarquer que celle-ci était tombée et desséchée depuis longtemps, et que nous en trouverions probablement de meilleures. En effet, nous en rencontrâmes une qui, bien qu'un peu rance, ne laissa pas de nous faire beaucoup de plaisir. J'expliquai alors à Fritz comment l'amande du cocotier rompt sa coque à l'aide de trois trous où cette enveloppe est moins dure qu'en tout autre endroit. Nous continuions cependant à marcher; le chemin nous conduisit longtemps encore à travers ce bois, où nous fûmes plusieurs fois obligés de nous frayer un passage avec la hache, tant était grande la multitude de lianes qui nous barraient le chemin. Nous arrivâmes enfin à une clairière où les arbres nous laissèrent un plus libre accès.

      Dans cette forêt la végétation était d'une beauté et d'une vigueur remarquables, et tout autour de nous s'élevaient des arbres plus curieux les uns que les autres. Fritz les regardait tous avec étonnement, et me faisait remarquer, dans son admiration, tantôt leurs fruits, tantôt leur feuillage. Il arriva bientôt près d'un nouvel arbre plus extraordinaire que les autres, et s'écria: «Quel est donc cet arbre, mon père, dont les fruits sont attachés au tronc, au lieu de l'être aux branches? Je vais en cueillir.» J'approchai, et je reconnus avec joie des calebassiers tout chargés de leurs fruits. Fritz, remarquant ce mouvement, me demanda si c'est bon à manger, et à quoi c'est utile.

      «Cet arbre, lui dis-je, est un des plus précieux que produisent ces climats, et les sauvages y trouvent en même temps leur nourriture et les ustensiles pour la faire cuire. Son fruit est assez estimé parmi eux, mais les Européens n'en font aucun cas; ils en trouvent la chair fade et coriace, et la laissent pour se servir de l'écorce, qui se façonne de mille manières.» Je lui expliquai comment les sauvages, en divisant cette écorce, savent en faire des assiettes, des cuillers et même des vases pour faire bouillir de l'eau. À ces mots il m'arrêta, et me demanda si cette écorce est incombustible, pour résister à l'action du feu.

      «Non, lui répondis-je; mais les sauvages n'ont pas besoin de feu; ils font rougir des cailloux et les jettent dans l'eau, que ce manège échauffe bientôt jusqu'à l'ébullition. Fritz me pria alors d'essayer de faire quelque ustensile pour sa mère. J'y consentis, et je lui demandai s'il portait de la ficelle sur lui, pour partager les calebasses; il me dit qu'il en avait un paquet dans sa gibecière, mais qu'il aimait mieux se servir de son couteau. «Essaie, lui dis-je, et voyons qui de nous deux réussira le mieux.»

      Fritz jeta bientôt loin de lui, avec humeur, la calebasse qu'il avait prise, et qu'il avait entièrement gâtée, parce que son couteau glissait à chaque instant СКАЧАТЬ