Le Robinson suisse ou Histoire d'une famille suisse naufragée. Johann David Wyss
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Название: Le Robinson suisse ou Histoire d'une famille suisse naufragée

Автор: Johann David Wyss

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066086046

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СКАЧАТЬ notre porcelaine de nouvelle façon, nous l'abandonnâmes exposée au soleil pour la laisser durcir. Nous nous remîmes alors en marche, Fritz cherchant à façonner une cuiller avec une calebasse, et moi avec la coque de l'une des noix de coco que nous avions mangées. Mais je dois avouer que notre œuvre était encore loin d'égaler celles que j'avais vues au musée, de la façon des sauvages.

      Tout en parlant et en marchant, nous ne cessions d'avoir l'œil au guet; mais tout était silencieux et tranquille autour de nous. Après quatre grandes heures de chemin, nous arrivâmes à un promontoire qui s'avançait au loin dans la mer, et qui était formé par une colline assez élevée. Ce lieu nous parut le plus convenable comme observatoire, et nous commençâmes aussitôt à le gravir. Après bien des fatigues et des peines, nous atteignîmes le sommet, et la vue magnifique dont nous jouîmes nous dédommagea amplement.

      Nous étions au milieu d'une nature admirable de végétation et de couleurs. En examinant autour de nous avec une bonne longue-vue, nous avions un spectacle encore plus admirable.

      D'un côté c'était une immense baie, dont les rives se perdaient en gradins dans un horizon bleu, le long d'une mer calme et unie comme un miroir, où le soleil se jouait et scintillait, et semblait appartenir au paradis terrestre; d'un autre côté, une campagne fertile, des forêts verdoyantes, de grasses prairies. Je soupirai à ce beau spectacle; car nous n'apercevions aucune trace de nos malheureux compagnons.

      «Que la volonté de Dieu soit faite! m'écriai-je. Nous aurions pu tous vivre ici sans peine; il n'a permis qu'à nous d'y parvenir: il a agi comme il lui convenait le mieux.

      —La solitude ne me déplaît nullement, répondit Fritz, puisqu'elle est animée par la présence de mes chers parents et de mes frères; les hommes des premiers temps ont vécu comme nous allons le faire.

      —J'aime ta résignation, lui répondis-je. Mais nous nous trouvons en ce moment rôtis par le soleil; viens à l'ombre prendre notre repas, et songeons à retourner vers nos bien-aimés.»

      Nous nous dirigeâmes vers un bois de palmiers qui couronnait le sommet de la colline. Avant d'y atteindre, nous eûmes à traverser une sorte de marécage hérissé de gros roseaux qui s'entrelaçaient souvent et nous barraient le passage. Nous avancions lentement, et sans cesse sur nos gardes, sur ce sol brûlé, que je savais habité de préférence par des animaux venimeux; Turc nous précédait en furetant partout pour nous avertir. Chemin faisant, je coupai un de ces roseaux au milieu desquels nous montions, pour me servir d'appui en même temps que d'arme, et je remarquai qu'il en découlait un jus gluant qui me poissait les mains; je le portai à mes lèvres, et je reconnus à n'en pouvoir douter que nous étions dans un champ de cannes à sucre. Je m'abreuvai de cette délicieuse boisson, qui me rafraîchit considérablement, et, voulant laisser à mon bon Fritz, qui marchait devant sans se douter de rien, le plaisir de la découverte, je lui criai de couper un de ces roseaux pour s'en faire une canne; il m'obéit; et, comme il le brandissait en marchant, il s'en dégagea une grande abondance de jus qui remplit sa main; il la porta comme moi à sa bouche, et, comprenant tout de suite ce que c'était, il me cria: «Père! la canne à sucre! que c'est bon, que c'est excellent! Nous allons en rapporter à mes frères et à maman.» Et en même temps il brisa plusieurs morceaux de la canne qu'il tenait, pour mieux en extraire le jus.

      Je fus obligé de l'arrêter, de peur qu'il ne se fît du mal.

      «Je veux apporter à ma mère des cannes à sucre,» criait-il; et, malgré le conseil que je lui donnai de ne pas se charger d'un fardeau trop lourd, il coupa une douzaine des plus grosses cannes, les réunit en faisceau avec des feuilles, et les plaça sous son bras.

      Cependant nous ne tardâmes pas à atteindre le bois que nous avions aperçu, et qui était composé en partie de palmiers. Nous étions à peine assis pour achever notre dîner, qu'une troupe de singes, effrayés par notre arrivée et par les aboiements de Turc, s'élancèrent en un moment à la cime des arbres, d'où ils nous firent les plus affreuses grimaces. Je remarquai alors que la plupart de ces palmiers portaient des noix de coco, et j'eus l'idée de forcer les singes à nous cueillir ce fruit: je me levai, et j'arrivai à temps pour empêcher Fritz de tirer un coup de fusil.

      «À quoi bon, lui dis-je: imite-moi plutôt, et prends garde à ta tête, car ces animaux vont nous inonder de noix. Je pris alors une pierre, et je la jetai vers les singes. Quoiqu'elle atteignît à peine la moitié du palmier, elle suffît pour mettre en colère les malignes bêtes; et elles firent pleuvoir alors sur nous une telle quantité de noix, que nous ne savions où nous mettre pour les éviter, et que la terre en fut bientôt toute couverte. Fritz riait de bon cœur de ma ruse, et, quand la pluie de noix eut un peu cessé, il se mit à les ramasser. Nous cherchâmes ensuite un petit endroit ombragé, où nous nous assîmes; puis nous procédâmes à notre repas en mêlant de la crème de coco au jus de nos cannes, ce qui nous procura un manger délicieux. Nous abandonnâmes à Turc les restes de notre homard, ce qui ne l'empêcha pas de manger des amandes de coco et des cannes qu'il broyait entre ses dents. Quand nous eûmes fini, je liai ensemble quelques noix qui avaient conservé leur queue; Fritz ramassa son paquet de cannes, et nous reprîmes notre chemin.

       Table des matières

       Table des matières

      Fritz ne tarda pas à trouver le fardeau pesant; il le changeait à chaque instant d'épaule, puis le mettait sous son bras, puis s'arrêtait et commençait à se lamenter.

      «Je n'aurais pas cru que ces cannes à sucre fussent si pesantes, dit-il.

      —Patience et courage; ton fardeau sera celui d'Ésope, qui s'allège en avançant. Donne-moi une de ces cannes, et prends-en une pour toi. Quand notre bâton de pèlerin et notre ruche à miel seront usés, nous en reprendrons d'autres, et tu seras soulagé d'autant. Il fit ce que je disais; je plaçai le reste en croix sur son fusil, et nous continuâmes à marcher.

      Me voyant porter de temps en temps à mes lèvres la canne qu'il m'avait donnée, Fritz voulut en faire autant; mais il eut beau sucer, rien ne coula dans sa bouche. Étonné de ce phénomène, car il voyait bien que le roseau était plein de jus, il m'en demanda la raison. Au lieu de la lui dire, je le laissai la deviner, et il finit par découvrir qu'en pratiquant une petite ouverture au-dessous du premier nœud pour donner de l'air, il obtiendrait ce qu'il voulait.

      Nous marchâmes quelque temps en silence. «Au train dont nous allons, nous ne rapporterons pas grand'chose à la maison; j'aimerais mieux en rester là.

      —Bah! les cannes vont sécher au soleil. Ne t'inquiète pas, il suffit que nous en conservions une ou deux pour les leur faire goûter.

      —Eh bien! alors j'aurai du moins le plaisir de leur rapporter un excellent lait de coco, dont j'ai là une bonne provision dans une bouteille de fer-blanc.

      —Étourdi! ne crains-tu pas que la chaleur n'ait fait perdre à ce lait toute sa douceur?

      —Oh! ce serait bien dommage; je veux voir ce qui en est.»

      Il СКАЧАТЬ