Baccara. Hector Malot
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Читать онлайн книгу Baccara - Hector Malot страница 16

Название: Baccara

Автор: Hector Malot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066089610

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СКАЧАТЬ doit assurer le bonheur de ta vie, il ne s'agit plus de se dérober, il faut aborder la situation en face, si périlleuse qu'elle puisse être pour toi comme pour nous, affronter le mécontentement de ta grand'mère, et courir aussi l'aventure d'un refus de Michel Debs ne trouvant pas la dot sur laquelle il comptait... peut-être.

      —Qui dit que M. Debs est un homme d'argent?

      —Ce n'est pas moi; mais tu conviendras qu'il est possible qu'il le soit; si tu as des raisons pour croire qu'il ne l'est pas, dis-les; tu vois que, par la force même des choses, nous voilà ramenés au point d'où nous sommes partis et que tu es obligée de répondre franchement, puisque ce sont tes sentiments qui dicteront notre conduite.

      Et oui, sans doute, elle voyait que la force des choses les avait ramenés au point d'où ils étaient partis, mais la situation n'était plus du tout la même pour elle, agrandie qu'elle était, rendue plus solennelle par les paroles de son père: si un sentiment de retenue féminine et de pudeur filiale lui avait fermé les lèvres, maintenant elle devait les ouvrir loyalement et sans réticences; elle le devait pour son père, elle le devait pour elle-même.

      —Certainement, dit-elle, il ne s'est jamais rien passé entre M. Debs et moi qui ressemble même de très loin à ce que j'ai lu dans les livres; il ne m'a pas sauvé la vie au bord du gave écumeux pendant notre voyage dans les Pyrénées, où il ne nous accompagnait pas d'ailleurs; il n'est jamais venu non plus soupirer sous mon balcon, puisque nous n'avons pas de balcon; il ne m'a pas fait remettre des lettres par des soubrettes dont on paye le silence avec de l'or; mais, cependant, il est vrai que, dans les projets de mariage que moi aussi j'ai faits de mon côté pendant que du tien tu en faisais d'autres, j'ai pensé à lui; tu ne sais peut-être pas qu'on se marie beaucoup au couvent, c'est même à ça qu'on passe son temps, eh bien, quand, dans le grand jardin de la rue du Maulévrier, je parlais de mon mari à mes amies, il avait les yeux noirs, la barbe frisée, les cheveux ondulés de... enfin c'était Michel. Pourquoi? Il ne faut pas me le demander; je ne le sais pas, et rien de la part de Michel ne pouvait me donner à penser qu'il voudrait m'épouser un jour. Mais moi, j'avais plaisir à me dire que je l'épouserais; on est très hardi en imagination et aussi en conversation; quand toutes vos amies ont des maris à revendre, il faut bien en avoir un aussi, et on le prend où l'on peut.

      —Il ne t'avait jamais rien dit?

      —Oh! papa, pense donc que je n'étais qu'une gamine et que lui était déjà un jeune homme.

      —Et quand tu es rentrée du couvent?

      —Il s'est passé ce que je t'ai dit; j'ai bien vu que je ne lui étais pas indifférente... et que je lui plaisais.

      Il voulut lui venir en aide:

      —Et tu en as été heureuse?

      —Dame!

      —L'as-tu ou ne l'as-tu pas été?

      —Puisque c'était la continuation de ce que j'avais si souvent combiné, je ne pouvais pas ne pas être satisfaite.

      —Satisfaite seulement?

      —Heureuse, si tu veux.

      —Et lui as-tu laissé voir ce que tu éprouvais?

      —Peux-tu croire!

      —Enfin, pour qu'il demande ta main, il faut bien qu'il pense que tu ne le refuseras point.

      —Je l'espère, sans cela il ne serait pas du tout le mari que j'ai vu en lui, ce serait la fille de la maison Adeline qu'il rechercherait, ce ne serait pas moi, et c'est pour moi que je veux être épousée. Ce n'est pas à ta fortune que devaient s'adresser ces yeux tendres.

      Ces quelques mots ouvraient à Adeline une espérance sur laquelle il se jeta:

      —De sorte que, pour toi, si Michel ne trouvait pas la dot sur laquelle il doit compter, il ne se retirerait pas.

      Oh! s'il était seul! Mais il ne l'est pas; il a sa grand'mère, sa mère, son oncle. Me laisserais-tu épouser un jeune homme qui n'aurait rien... que ses beaux yeux? Est-ce que c'est tout de suite que tu vas dire que tu ne peux pas me donner de dot?

      —Il le faut bien.

      —Alors, demain, Michel peut n'être plus... qu'un étranger pour moi!

      Ce fut d'une voix tremblante qu'elle prononça ces quelques mots, avec un accent qui remua Adeline.

      —Comme tu es émue!

      —C'est qu'il n'y a pas que de l'humiliation dans un mariage manqué.

      Ce cri de douleur était l'aveu le plus éloquent et le plus formel qu'elle pût faire.

      Traversant le chemin, il vint à elle et, la prenant dans son bras, il l'embrassa tendrement.

      —Eh bien, il ne manquera pas, rassure-toi, ma chérie.

      —Comment?

      —Cela, je n'en sais rien; mais nous chercherons, nous trouverons. Est-ce que tu peux être malheureuse par nous, par moi?

      —Il faut répondre.

      —Certainement, certainement.

      —Que veux-tu répondre?

      Le Normand se retrouva:

      —Il y a réponse et réponse; si je disais ce soir au père Eck que je ne peux pas te donner demain une dot, peut-être arriverions-nous à une rupture; mais ce qui me serait impossible demain sera sans doute possible dans un délai... quelconque: les affaires n'iront pas toujours aussi mal; nous nous relèverons; ta mère a des idées; il n'y a qu'à gagner du temps.

      —Oh! je ne suis pas pressée de me marier.

      —C'est cela même: tu n'es pas pressée; nous gagnerons du temps; avec le temps tout s'arrange; ton mariage avec Michel se fera, je te le promets.

      X

      De l'endroit où ils s'étaient arrêtés en plein bois, ils apercevaient de petites colonnes de fumée bleuâtre qui montaient droit à travers les branches nues des grands arbres.

      —Nous voici arrivés, dit Adeline! je vais voir où en sont les bûcherons, et tout de suite nous rentrerons à Elbeuf, de façon à ce que je puisse aller ce soir même chez M. Eck.

      Sous bois on entendait des coups de hache et de temps en temps des éclats de branches avec un bruit sourd sur la terre qui tremblait,—celui d'un grand arbre abattu.

      —Il fallait faire de l'argent, dit-il en arrivant dans la vente où les bûcherons travaillaient; malheureusement les bois se vendent si mal maintenant!

      Il eut vite fait d'inspecter le travail des ouvriers et ils revinrent rapidement au château, où tout de suite les chevaux furent attelés. Il n'était pas trois heures; ils pouvaient être à Elbeuf avant la nuit.

      Pendant tout le chemin, Adeline reprit le bilan qu'il avait fait le matin en venant; seulement il le reprit dans un sens contraire: en allant au Thuit, tout était compromis; en rentrant СКАЧАТЬ