L'oeuvre des conteurs allemands. Anonyme
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Название: L'oeuvre des conteurs allemands

Автор: Anonyme

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066083892

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СКАЧАТЬ feinte. Moi aussi j'étais indécise sur ce que j'allais faire. Devais-je faire semblant d'être ignorante ou justifier ma conduite en lui avouant ma curiosité? Si je faisais l'ingénue, elle pouvait facilement me tromper et me raconter des choses inexactes que j'aurais été forcée de croire pour ne pas me trahir. Mais j'étais plus avide qu'anxieuse. Je résolus donc d'être sincère, tout en lui cachant pourtant que mon calcul avait amené le nouvel état de choses. Marguerite semblait regretter de s'être abandonnée à la fougue de son tempérament.

      Je la calmai en lui racontant tout ce que j'avais appris le jour précédent. Je la suppliai de bien vouloir m'expliquer ces choses, puisque ses soupirs, ses mouvements et l'étrange fatigue qui l'avait immobilisée m'avaient révélé qu'elle était initiée. Je lui cachai cependant que je l'avais surprise, elle aussi, et que je savais à quels jeux elle se livrait en cachette; car je voulais me convaincre qu'elle n'allait pas me tromper. Mes questions naïves et curieuses la soulagèrent beaucoup. Elle se sentait de nouveau très à l'aise, comme une aînée donnant des leçons ou des conseils à une ingénue. Et comme je lui racontais tout avec de nombreux détails, et même la conduite passionnée de ma mère, elle n'eut plus honte et m'avoua qu'à côté de la religion elle ne connaissait rien de plus beau au monde que les jouissances sexuelles. Elle m'apprit donc tout, et si dans la suite vous trouvez quelque philosophie dans mes notes, j'en dois les premières notions à ma chère Marguerite, qui avait une grande expérience.

      J'appris la conformation exacte des deux sexes; de quelle façon s'accomplissait l'union; avec quelles sèves précieuses étaient atteints les buts naturels et humains, la perpétuation du genre humain et la plus forte volupté terrestre; et pourquoi la société voile ces choses et les entoure avec tant de mystères. J'appris encore que, malgré tous les dangers qui les entourent, les deux sexes peuvent quand même atteindre un assouvissement presque complet. Elle me mit en garde contre les suites malheureuses auxquelles une jeune fille s'expose en s'abandonnant toute. Ce que ma main inhabile lui avait procuré et ce que mon cousin avait fait étaient de ces assouvissements presque complets. Bien qu'elle eût connu toutes les joies de l'amour dans les bras d'un jeune homme vigoureux, elle était complètement satisfaite en se bornant aux joies qu'elle pouvait se donner elle-même, car elle avait eu un enfant et elle avait connu tous les malheurs d'une fille-mère. Elle me montra par l'exemple de sa vie qu'avec beaucoup de prudence et de sang-froid on pouvait s'adonner à bien des jouissances. L'histoire de sa vie était très intéressante et très instructive; elle me fut un exemple jusqu'à ma trentième année; elle fera le contenu de ma prochaine lettre. Pourtant j'avais déjà deviné bien des choses par moi-même. Ce qu'elle m'apprit de nouveau ne cessait de me surprendre.

      Tout cela était très beau, mais ce n'était toujours pas la chose même. Je brûlais de partager et de connaître moi-même ces sensations qui, sous mes yeux, avaient agité jusqu'à l'évanouissement six personnes si différentes. Pendant que Marguerite parlait, j'avais repris mon jeu sur son corps qu'elle avait si sensible. J'enroulais les boucles de ses cheveux, et quand elle parlait plus passionnément, je pressais son front brûlant et écartais amoureusement les mèches qui tombaient presque jusqu'à ses yeux. Je voulais lui faire comprendre que mon éducation n'était pas complète sans la pratique. Elle me racontait comment elle s'était abandonnée pour la première fois à ce jeune homme qui l'avait rendue mère. Elle voulait me faire comprendre la sensation divine que cause l'amour partagé. Elle me parlait de l'extase, de l'effusion réciproque et plénière; toutes ces belles choses la rendaient éloquente. Sa petite bouche se gonflait et s'entr'ouvrait, découvrant ses dents blanches et bien rangées. L'instant était venu de lui rappeler encore plus vivement ces choses. Et comme elle disait: «Il faut avoir goûté personnellement ces choses pour les comprendre», je lui fermai la bouche avec ma main grande ouverte, si bien qu'elle poussa un grand soupir et se tut immédiatement. Je caressais fiévreusement le front élégant qui résistait à ma main, quand je m'arrêtai tout à coup et lui dis: «Si vous voulez que je continue, vous devez me procurer un avant-goût de ce qui m'attend et de ce que vous m'avez si délicieusement décrit!». Aussitôt, elle me caressa gentiment comme je faisais, et je vis à la chaleur de ses baisers que ma proposition lui faisait le plus vif plaisir. Elle ôta ma main de sa bouche et m'embrassa avec toutes sortes de câlineries, de chatteries qui tenaient à la fois de la sœur et de l'amie, et que je ne savais pas bien lui rendre, car c'était la première fois que j'étais dans une telle situation.

      Elle me dit alors tristement: «Cela ne va pas, ma chère Pauline! Ton âme est encore fermée à l'amour. Mais je ne veux pas te laisser ainsi sans rien. Viens, assieds-toi là, de la façon que je vais t'indiquer, de façon que je puisse t'enseigner, ainsi qu'il sied à une jeune fille aussi jolie que toi. Je vais voir si je peux te procurer verbalement ce que ta virginité te défend encore.» Mon père avait aussi dit des mots aussi tendres à ma mère. Je ne me fis donc pas prier. Je m'agenouillai auprès d'elle en lui tenant la tête. À peine m'eut-elle touchée que mon âme commença à être renseignée sur ce qui me faisait si mal quand elle essayait de s'y prendre autrement. Mais quelle autre sensation en comparaison de tout ce que j'avais essayé jusqu'alors! Dès que son activité de femme expérimentée se fut communiquée à moi, une volupté inconnue m'inonda et je ne savais plus ce que l'on me faisait. Nous parlions maintenant avec volubilité, nos corps étaient l'un près l'autre. Je me renversai par devant et, appuyée sur la main gauche, je jouais avec la droite avec une de ses nattes épaisses; elle en avait deux qui descendaient très bas. Ces premières sensations de la volupté, que je devais connaître jusque dans mes années les plus mûres, m'enivraient déjà d'un bonheur ineffable. Sa langue m'éjouissait. Elle me chatouillait le front, les joues, le nez, aspirait chaque pli, baisait avec feu le tout, humectait mes paupières de salive, puis elle retournait aussitôt à mon oreille, où elle me causait un chatouillement vigoureux et indiciblement doux. Quelque chose de merveilleux et d'inconnu se pressait en moi. Toute ma sève allait se mettre en mouvement et je sentais que, malgré ma jeunesse, j'avais droit aux plus hauts ravissements. Je voulais lui rendre centuplé tout ce qu'elle me procurait. C'est avec rage que je la caressais, ainsi qu'elle-même me faisait. Enfin, ma main fut prise de fourmillements, à cause de la fausse position que j'avais adoptée à côté d'elle. Nous étions hors de nous et nous arrivâmes ensemble au but. Je sentis un dernier baiser mordre presque ma bouche, tandis que je la mordais également. Je perdis connaissance. Je m'abattis sur la jeune femme frissonnante. Je ne savais plus ce qui m'arrivait.

      Quand je revins à moi, j'étais couchée auprès de Marguerite. Elle avait remonté la couverture et me tenait tendrement embrassée. Je compris tout à coup que j'avais fait quelque chose de défendu. Mon désir et mon feu s'étaient éteints. Mes membres étaient brisés. Je ressentais une violente démangeaison aux endroits que Marguerite avait si fertilement caressés; le baume de ses baisers ne pouvait pas calmer ma tristesse. J'eus conscience d'avoir commis un crime et j'éclatai en sanglots. Marguerite savait que dans des cas semblables il n'y a rien à faire avec des petites niaises comme moi, elle me tenait contre sa poitrine et me laissa tranquillement pleurer. Enfin, je m'endormis.

      Cette nuit unique décida de toute ma vie. Mon être avait changé et mes parents le remarquèrent à mon retour. Étonnés, ils m'en demandèrent la cause. Nos relations, entre Marguerite et moi, étaient aussi des plus étranges. Le jour nous pouvions à peine nous regarder; la nuit, notre intimité était des plus folâtres, notre conversation des plus intimes, nos plaisirs des plus agréables. Je lui jurai de ne jamais me laisser séduire, et de ne jamais tolérer qu'un homme me fît connaître son étreinte dangereuse. Je voulais jouir de tout ce qui était sans danger. Quelques jours avaient suffi pour faire de moi ce que je suis encore et ce que vous avez si souvent admiré. J'avais remarqué que tout le monde se déguisait autour de moi, même les meilleures et les plus respectables. Marguerite, qui m'avait tout avoué, ne m'avait jamais parlé de cet instrument qui lui causait autant de joie que n'importe quelle autre chose et auquel elle n'aurait pas renoncé pour un empire. Je le désirais aussi de toute mon âme. Elle ne me l'avait jamais montré. L'idée me vint de dérober la clef de l'armoire où il était enfermé. Ma curiosité ne me laissait pas de repos. Je ne voulais pas avoir recours aux autres, je voulais tout apprendre par moi-même! Durant cinq СКАЧАТЬ