L'oeuvre des conteurs allemands. Anonyme
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Название: L'oeuvre des conteurs allemands

Автор: Anonyme

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066083892

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СКАЧАТЬ puis la raconter sans dégoût. Après le thé, je voulus soulager un besoin naturel. Il y avait deux portes, côte à côte. Les deux lieux étaient séparés par des planches, dont quelques-unes étaient très largement fendues. Je voulais justement sortir, quand j'entendis que quelqu'un s'approchait. On entra dans le cabinet d'à côté. On verrouilla la porte. Je ne voulais pas sortir avant que mon voisin s'éloignât. Par curiosité et sans mauvaise pensée, je regardai par une fente. Je vis mon cousin. Il s'occupait de toute autre chose que je croyais. Il s'était assis les jambes allongées et tâchait de réveiller sa léthargie avec beaucoup de feu, et je vis que l'opération prenait bientôt une excellente tournure. Ainsi que mon corps ne pouvait pas être comparé à celui de ma mère, celui de mon cousin ne pouvait l'être avec le corps de mon père. Il s'occupait avec beaucoup de constance. Ses yeux si froids s'animèrent peu à peu. Je le vis frissonner, crisper ses lèvres et tout à coup le résultat de tant d'efforts apparut, résultat encore énigmatique pour moi. Je regardai par terre pour me rendre bien compte du but qu'avait poursuivi la main, maintenant immobile et fatiguée. Ce spectacle m'expliquait bien des choses, particulièrement tout ce que mes parents avaient dit, et je savais ce que Marguerite avait remplacé artificiellement. Tout cela me répugna outre mesure. Pourtant, durant ce spectacle, une nervosité grandissante s'était mêlée à ma curiosité. Mais maintenant, en voyant la prostration et l'abattement de ce jeune homme, son péché secret me dégoûtait. Ses yeux étaient fixes et troubles. Mes père et mère étaient beaux, quand ils criaient «Je t'aime» ou autre chose; mon cousin, par contre, était laid, grotesque, semblait flétri. Je comprenais très bien ce que Marguerite faisait, car une jeune fille est toujours forcée de se livrer secrètement à ses sentiments et à ses jouissances. D'ailleurs elle l'avait fait avec enthousiasme, avec vivacité et passion; mon cousin, par contre, s'y était livré machinalement, sans poésie, las et animalement. Qu'est-ce qui pouvait pousser un jeune homme sain et robuste à s'adonner à une passion aussi misérable, alors qu'auprès de tant de femmes et de filles il aurait pu se satisfaire beaucoup plus facilement?

      Je me sentais comme personnellement offensée, frustrée de quelque chose. Si avec un peu d'adresse il s'était adressé à moi, je lui aurais probablement fait tout ce que ma mère avait fait à mon père, ce qui l'avait ravi.

      J'avais appris bien des choses. J'en tirai de justes conclusions. Je n'avais plus besoin que de l'initiation de Marguerite pour être complètement éclairée. Je voulais absolument savoir pourquoi on cachait si soigneusement ces choses; je voulais savoir ce qui était dangereux, ce qui était défendu, et voulais goûter moi-même ces voluptés dont j'avais vu les éclats.

      La nuit tombait. Un lourd orage se préparait. À dix heures, au premier coup de tonnerre, nous allâmes tous nous coucher. Ma petite cousine couchait dans la chambre de ses parents; j'étais donc seule avec Marguerite. J'observais très attentivement tout ce qu'elle faisait. Elle verrouilla la porte, ouvrit sa sacoche et mit ses effets dans une armoire. Elle cacha le paquet mystérieux sous une pile de linge, ainsi que le livre dans lequel je l'avais vue lire. Je résolus aussitôt de profiter de mon séjour à la campagne pour prendre connaissance de ces objets et les étudier soigneusement. Marguerite devait tout me confesser, sans que j'eusse besoin de la menacer de révéler ses joies secrètes. J'étais très fière de sentir que ma ruse allait la surprendre, la convaincre, la réduire; que j'allais l'obliger à m'avouer tout, sans autre subterfuge. Ma curiosité grandissait et je ne sais pas pourquoi je goûtais un plaisir particulier.

      L'orage éclata. Les coups de tonnerre se succédaient sans interruption. Je fis semblant d'avoir très peur. Marguerite venait à peine de se coucher qu'au premier éclair je sautai hors de mon lit et je me réfugiai toute tremblante auprès d'elle. Je la suppliai de bien vouloir me recevoir; je lui dis que ma mère le faisait à chaque orage. Elle me prit dans son lit, me caressa pour me tranquilliser. Je la tenais enlacée, je la serrais de toutes mes forces. À chaque éclair, je me blottissais contre elle. Marguerite m'embrassait machinalement, par bonté et non comme je l'aurais désiré. Je ne savais comment faire pour obtenir davantage.

      La chaleur de son corps me pénétrait et me réjouissait beaucoup. Je cachais mon visage entre ses seins. Un frisson inconnu me courait le long des membres. Pourtant je n'osais pas toucher ce que je désirais tant. J'étais prête à tout et je n'avais plus aucun courage, maintenant que tout allait s'accomplir. Tout à coup, je m'avisai de me plaindre d'une douleur qui siégeait assez bas. Je ne savais pas ce que cela pouvait être. Je gémissais. Marguerite me tâta et je guidai sa main de-ci de-là. Je lui assurai que la douleur diminuait quand je sentais la chaleur de sa main et qu'elle disparaissait complètement quand elle me frictionnait. Je disais cela si candidement que Marguerite ne pouvait pas deviner mon dessein. Ses attouchements étaient d'ailleurs beaucoup trop dociles et non pas passionnés. Je l'embrassais, je me serrais contre elle, mes bras l'étreignaient, emprisonnaient son buste et, peu à peu, je sentis que d'autres sentiments l'envahissaient.

      Sa main me caressait avec précaution, avec timidité même, mais avec cette timidité sûre d'elle-même et qui finit par arrivera ses fins. Marguerite allait avec beaucoup d'hésitation encore. Elle était aussi craintive que moi. Ces caresses peureuses me causaient pourtant un plaisir indicible. Je sentais que chez elle aussi des désirs s'éveillaient. Mais je me gardai bien de lui avouer que ses caresses me faisaient plus de bien que le soulagement passager de mes prétendues douleurs. Et, en vérité, c'était une sensation tout autre que de savoir une main étrangère sur moi!

      Une chaleur ravissante pénétrait tout mon corps. Et quand son doigt me frôlait, comme le papillon frôle la fleur épanouie, je tressaillais longuement. Je lui dis alors que ma douleur persistait, que j'avais dû me refroidir, puisque j'avais si mal. Cela lui faisait évidemment plaisir de pouvoir soulager mon mal avec si peu de peine. Sa caresse se faisait exquisement douce, maintenant elle descendait, s'attardait de plus en plus aux endroits les plus sensibles de tout mon être. Mais cela me faisait réellement mal; quand je tressaillais, elle retournait bien vite au point douloureux. Elle s'excitait manifestement; sa tendresse augmentait, son étreinte était plus étroite. J'avais atteint mon but. Bien que mon expédient ne fût pas très ingénieux, elle se plaignit tout à coup d'une douleur de même sorte que la mienne. Elle aussi s'était probablement refroidie. Je lui proposai de la soulager comme elle avait fait pour moi. C'était très naturel, puisqu'elle-même me faisait tant de bien. Elle agréa aussitôt mon offre et me laissa libre chemin. J'étais très fière de voir ma ruse réussir. Néanmoins je caressais gauchement et timidement l'objet de tous mes désirs. Je ne voulais pas me trahir. Je reconnus tout de suite une très grande différence. Tout était beaucoup plus plein et plus mûr que chez moi. Ma main ne bougeait pas, elle se contentait de toucher.

      Marguerite ne pouvait supporter cette immobilité. Elle se soulevait, se tordait; ses bras tremblaient et s'agitaient étrangement, et tout à coup elle me déclara que sa douleur exigeait plus d'activité. Complaisamment, mais sans trop me presser, je tâchai d'apaiser cette malencontreuse douleur. J'éprouvais un grand plaisir à reconnaître tous les détails de l'admirable structure de la créature humaine. Mais j'étais toujours si maladroite et si inexpérimentée que Marguerite devait s'agiter elle-même pour cueillir le fruit de sa dissimulation. C'est ce qu'elle faisait aussi et je tenais maintenant le rôle que mon père avait eu quand ma mère était active et lui immobile. Marguerite approchait, haletante et tremblante, elle se jetait passionnément sur ma chevelure, elle baisait mes cheveux jusqu'à la racine. Au début, ses baisers étaient tièdes et humides, bientôt ils furent brûlants et secs. Maintenant elle poussait des petits cris inarticulés et mon front fut tout à coup pressé dans un baiser très chaud. Je compris qu'elle était arrivée aux dernières limites de son plaisir. Son excitation se calma aussitôt, elle s'étendit immobile à mes côtés et respirait avec peine.

      Tout m'avait réussi. Le hasard et ma ruse m'avaient été propices. Je voulais mener cette intimité jusqu'au bout, coûte que coûte. Quand Marguerite revint à elle, elle était très gênée. Elle ne savait comment m'expliquer sa conduite et me cacher sa volupté. Mon immobilité la trompait. Elle pensait que j'ignorais encore tout СКАЧАТЬ