Le dernier chevalier. Paul Feval
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le dernier chevalier - Paul Feval страница 9

Название: Le dernier chevalier

Автор: Paul Feval

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066083267

isbn:

СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      Remettons-nous avec elle aux écoutes, le soir de l'arrivée du chevalier Nicolas.

      À la dernière question de M. Joseph coupant si brusquement l'éloge dithyrambique de la princesse Jeanne pour demander des nouvelles de Jeanneton, le chevalier Nicolas, qui jusqu'alors avait écouté avec une religieuse déférence, rougit tout à coup, comme une jeune fille, et Madeleine se dit:

      —Bon! celui-là est un amoureux! Pas bête! car les Dupleix, malgré tout, ont peut-être apporté de là-bas des roupies plein leurs malles!

      M. Nicolas, cependant, répondait à la question de son vieil ami, concernant Jeanneton:

      —C'est sur l'ordre de Mlle de Vandes que j'ai quitté mon régiment avec un congé. Elle n'y pouvait plus tenir de l'envie qu'elle avait de savoir où vous en êtes de vos affaires. Elle a pour vous, qui êtes plus que son père, un véritable culte.

      —Chère Jeanneton! murmura le bonhomme. Son cœur est encore plus beau que son visage... Mais comment te donne-t-elle des ordres, garçon? Je suppose que toi, plein de bon sens, comme tu es, et d'honnêteté, et de fierté, car je ne connais pas de cœur mieux placé que le tien, tu n'as pas la folie d'élever tes vœux jusqu'à ma nièce?

      —Ah! se dit Madeleine: l'orgueil! C'est dur à tuer... je m'intéresse à ces tourtereaux-là, moi!

      Et ses yeux, friands d'attendrissement, se mouillèrent comme si elle eut assisté à la représentation d'une tragédie bourgeoise du bon Nivelle de la Chaussée, ancêtre humide de tous nos mélodrames à mouchoirs.

      Nicolas, au contraire, sourit et répliqua:

      —Nous voilà bien! Mes affaires de cœur sont en aussi piteux état d'un côté que de l'autre. Je ne sais pas comment mes parents ont appris, là-bas, au Vigan, que mon régiment a ses quartiers aux environs de votre ermitage du pays de Gueldre, mais ils m'écrivent lettres sur lettres pour me dire de me garder de vous et de la belle des belles...

      —Auraient-ils honte? s'écria le bonhomme en se redressant.

      —Honte! répéta le chevalier Nicolas; non certes; mais ils ont peur, sachant que Dupleix est trop grand pour certaines petites gens, et que M. mon cousin de Choiseul, notamment, ne le tient pas en fort amicale odeur, à cause des Anglais, que M. mon cousin ménage.

      —C'est vrai, pensa tout haut Dupleix, tu es petit cousin du ministre, toi!

      —La peste! se disait de son côté Madeleine: en voici un qui ne se mouche pas du pied! Je vais me tenir sur son passage quand il s'en ira, pour le saluer de la belle manière! Un cousin du ministre!

      —Quant à l'audace que j'aurais eue, poursuivit le chevalier, d'élever mes pensées jusqu'à Jeanne de Vandes, votre nièce, je ne dis ni oui ni non, mon respectable ami. Les pensées d'un chacun vont où elles veulent, et les chiens regardent bien les évêques!

      —Bravo! pensa Madeleine: c'est un vrai cœur que ce grand garçon-là!

      Joseph Dupleix lui-même n'avait point l'air trop mécontent de cette réponse à la fois badine et franche, prononcée avec douceur, mais ponctuée d'un regard loyal et droit.

      —Ah! fit-il, ne te fâche pas, garçon; j'ai grimpé si haut, un jour, en ma vie, que je ne peux pas me déshabituer de faire la roue, tout déplumé que je suis. Y a-t-il longtemps que tu as quitté le Cloître?

      Le Cloître (Kloster) était le nom de la résidence très modeste où Dupleix avait abrité sa famille, loin de Paris, au début de son interminable procès contre la Compagnie des Indes. Il y a quantité de lieux ainsi nommés en Allemagne, surtout dans les districts catholiques qui avoisinent les Pays-Bas. Nous connaissons déjà Kloster-Seven, où M. de Richelieu cueillit les fleurs sculptées de son pavillon de Hanovre. Le Kloster de la famille Dupleix, appelé Kloster-camp, quoique la petite ville de ce nom en fût éloignée de plus d'une lieue, devait acquérir une célébrité d'un genre bien différent, non point à cause de Dupleix lui-même, mais grâce à son jeune compagnon, en qui vous avez déjà deviné notre dernier chevalier.

      Celui-ci répondit:

      —Voici deux longues semaines que j'ai quitté la Gueldre, avec une permission de douze jours seulement, et j'ai passé tout ce temps-là à courir d'auberge en auberge pour vous découvrir. J'ai cru que je ne vous trouverais jamais!

      —Garçon, dit Dupleix en souriant tristement, les vieux cerfs qui n'ont plus de jarret apprennent la science de ruser. J'espère que, pendant ces quinze jours, tu as rendu plus d'une fois tes devoirs à M. le duc de Choiseul; on le dit fort enclin à pousser ceux de sa famille.

      —Oui, répondit le chevalier, on le dit et, dès cet automne, MM. les officiers d'Auvergne-infanterie m'appelaient colonel pour se moquer de moi.

      —Colonel d'abord, général ensuite... Ton père et ta mère n'ont pas tort, Nicolas, c'est moi qui suis un vieux fou. Certes, tu ferais un mauvais marché en épousant notre pauvre Jeanneton, qui est la fille d'adoption d'un homme en disgrâce: aussi, je te prie de n'y plus songer, mon ami; je t'en prie sérieusement... Combien de fois as-tu été voir le ministre?

      —Pas une seule fois.

      Dupleix lui tendit la main; mais il secoua la tête en murmurant:

      —Parmi les animaux que Noé conserva dans l'arche, je n'ai jamais ouï mentionner celui qu'on nomme le désintéressement: tu es un homme d'avant le déluge... Et pourquoi Jeanneton a-t-elle eu l'idée de t'envoyer vers moi?

      —Pour que vous donniez signe de vie, d'abord, et ensuite...

      —Ensuite?

      —Vous n'allez pas vous fâcher?

      —Peut-être... Seriez-vous déjà d'accord tous les deux? Venais-tu me demander sa main?

      —Pas tout à fait...

      —Comment! malgré l'insultante répugnance de tes parents?

      —Ce sont de bonnes gens, monsieur le marquis, et qui m'aiment bien, mais je vous ai dit: «Pas tout à fait.» Mlle de Vandes sait que je vous admire comme l'un des plus grands citoyens que notre France ait produits et que je vous aime avec la respectueuse tendresse d'un fils; elle m'a dit: «Les hostilités sont suspendues, ici sur la frontière; mon oncle est tout seul là-bas, et puisqu'il se cache de nous, c'est qu'il doit tenter quelque suprême bataille. Allez vers lui. Vous êtes brave, vous êtes prudent...»

      —Elle ne te fait pas de méchants compliments, sais-tu, chevalier, notre Jeanneton! By Jove! elle a raison! Ce que c'est que l'âge, Nicolas! j'ai vécu entre vous deux pendant plus de six mois et je ne me suis aperçu de rien! Quand le corps de ton jeune maréchal M. de Castries arriva de Lorraine pour couvrir le bas Rhin et que le régiment d'Auvergne prit ses cantonnements dans mon parc, je fermai mes portes. Notre deuil n'avait rien à faire avec la gaieté de ces brillants et joyeux officiers français qui riaient sous nos grands arbres du matin au soir en attendant la fête de la bataille. Jeanne, mon admirable femme, a beau être forte comme une Romaine, elle regrette un peu son diadème de princesse, tout en pleurant sur l'abaissement de la France en ces pays d'outre-mer où nous avions fait, elle surtout, la France si glorieuse! Jeannette, Mme de Bussy, se concentre dans sa douleur et suit par la pensée le héros malheureux que Dieu lui a donné pour époux. Le brave СКАЧАТЬ