Le dernier chevalier. Paul Feval
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Название: Le dernier chevalier

Автор: Paul Feval

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066083267

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СКАЧАТЬ tour.

      Au lieu de se retirer, il déposa de nouveau son chapeau sur un meuble, puis sa canne dans un coin et reprit d'un ton digne:

      —Ma chère Madame Homayras, je vous prie de m'ouvrir l'œil de la chambre, là-bas, pour service public.

      Assurément la veuve avait fait de son mieux pour en arriver là, et pourtant elle n'obéit point tout de suite.

      —Est-il vrai, demanda-t-elle, qu'on va tirer un feu d'artifice au Pont-Tournant, pour la petite victoire de M. d'Aché, qui a brûlé quatre frégates anglaises?

      —Au Bengale? On le dit, répliqua Marais. Pondichéry est ravitaillé...

      —Ça ne serait pas beaucoup la peine, continua la veuve, de montrer de la complaisance aux amis qu'on a dans le gouvernement, s'ils ne vous retournaient pas de temps en temps vos politesses.

      —Vous avez envie de voir les fusées?

      —Oui, mais pas avec le peuple.

      —C'est naturel. Je vous apporterai deux billets verts pour le boulingrin de la Petite-Provence.

      —Pourquoi pas des billets bleus pour la terrasse du bord de l'eau?

      —Ce sont les places du beau monde.

      —Eh bien! fit la veuve, si vous me preniez sous le bras, vous, M. Marais, qui êtes quelqu'un de conséquence, je suppose que nous ne salirions pas les banquettes du beau monde à nous deux!

      —Certes, certes, ma commère; mais qui veillerait au bien du roi, si j'allais ainsi promener les dames à l'heure de la besogne? Vous aurez des billets bleus à fleurs de lis jaunes. C'est dit, mais je ne vous accompagnerai pas... Voyons! faisons vite!

      Il se dirigea vers une petite porte qui n'était point celle où l'inconnue voilée venait de se montrer; mais Madeleine l'arrêta encore.

      —Assurez-moi dit-elle, qu'il n'arrivera point malheur à M. Joseph, en suite de tout ceci.

      —Comment! s'écria Marais, malheur? Pourquoi? Voici déjà deux ans que Robert-François Damiens a été roué en place de Grève, et je n'ai pas ouï dire qu'il ait laissé derrière lui des complices.

      —A-t-on idée de me parler de Damiens à propos de ce brave homme-là! fit la veuve. C'est la douceur même! S'il avait une mouche à tuer, il sonnerait la chambrière. J'entendais tout bonnement qu'un chacun peut se trouver dans l'embarras, pas vrai, M. Marais, avoir des dettes...

      —Bien! bien! C'est un banqueroutier?

      —Je ne dis pas cela...

      —Mais vous le pensez... Qu'il soit ce qu'il voudra, ce n'est pas lui qui m'occupe, mais bien la ravissante inconnue. J'ai un flair étonnant pour ces choses-là, voyez-vous: je parierais que nous sommes sur la piste d'une bonne aventure. Donc, découplons les chiens, et en chasse, ma commère!

      Il savait le chemin, car il passa le premier. La porte donnait accès sur un couloir étroit et assez long, à l'extrémité duquel s'ouvrait une toute petite chambre qui prenait jour sur le corridor. La veuve et l'inspecteur y entrèrent sans bruit, et le carreau dormant qui laissait passer un peu de lumière fut aveuglé à l'aide d'un rideau dont la chute suffit à produire une complète obscurité.

      Dans cette nuit, on entendit un bruit à peine perceptible et pareil au grinchement d'un guichet qui s'ouvre.

      Aussitôt une lueur vague apparut, désignant dans la muraille, à quatre pieds du sol, un disque qui avait à peu près le diamètre et l'apparence d'une écumoire, percée d'une multitude de trous brillants.

      C'était l'œil de Madeleine Homayras qui venait de s'ouvrir.

      À trois pas, cela faisait l'effet d'une petite lune luisant discrètement dans le noir. M. Marais s'en approcha sur la pointe du pied, gaiement et souriant d'avance au succès de sa chasse; mais à peine son regard eût-il passé au travers du tamis, qu'il se rejeta en arrière avec effroi, balbutiant d'une voix altérée:

      —Venez donc ici, ma commère! Je vois trente-six chandelles, moi! on dirait qu'ils ont fait la fin au bonhomme!

      La veuve, qui était restée auprès de la porte, ne fit qu'un saut jusqu'à la muraille, pendant que ce cri s'étouffait dans sa gorge:

      —M. le gouverneur assassiné! chez moi! aux Trois-Marchands! ce serait pour en perdre la tête!

      Elle repoussa l'inspecteur stupéfait, qui tremblait vraiment, pour tout de bon, et regarda à son tour dans la chambre voisine.

       Table des matières

       Table des matières

      La chose appelée œil de police par les gens du métier et aussi regard, n'est pas du tout une invention moderne On en trouve des traces assez nombreuses dans l'antiquité, où l'espionnage se pratiquait honorablement aussi bien dans les monarchies que dans les républiques. En fait d'ombrageuses défiances, pourtant, les républiques ont généralement remporté les premiers prix.

      À Sparte, c'étaient de simples trous, à cause de l'austérité qui régnait dans cette patrie du vice rogue et tout hérissé de stoïque vanité. Ils y servaient surtout à surveiller les études des jeunes voleurs exercés aux frais de l'État. Les vénérables docteurs ès filouterie, lumière de l'université lacédémonienne, éprouvaient ainsi la capacité des aspirants au baccalauréat, distribuant des diplômes aux mains les mieux crochues et notant d'infamie les paresseux que la puberté avait surpris ne sachant pas encore dégonfler les poches de leurs concitoyens.

      À Syracuse, au contraire, c'étaient de magnifiques palais où la science architecturale déployait toutes ses ressources pour allonger la vue des observateurs, en multipliant la puissance de leur ouïe. L'œil de Denys l'ancien, qu'il appelait son oreille, est resté illustre. Il avait la forme d'un lit. Grâce aux merveilleux efforts de la science, déjà maîtresse de l'optique et de l'acoustique, quiconque s'étendait sur ce lit entendait tout ce qu'on disait, voyait tout ce qu'on faisait dans la superbe Ortygie.

      Au moyen-âge, il y avait la république de Venise dont chaque maison avait cent yeux comme Argus, et le plus grand de nos poètes nous a appris qu'à Padoue, autre république, «on marchait dans les murs.» Ceci est le comble. Rien ne peut être rêvé de plus parfait pour l'observation que ces chemins de ronde pratiqués dans l'épaisseur des murailles; aussi j'ai presque honte d'en revenir à la pauvre écumoire de Madeleine Homayras.

      C'était l'enfance ou plutôt la décadence complète de l'art. Aucune république ancienne ou moderne n'aurait voulu de cette misérable installation, mise en usage dans les hôtelleries de Paris, selon Peuchet, durant les premiers troubles de la Fronde et dont M. d'Argenson avait multiplié les spécimens. Peuchet en donne la description dans ses mémoires, B. Saint-Edme aussi, et lors de la démolition du quartier sordide où les magasins du Louvre étalent maintenant leurs СКАЧАТЬ