Название: Histoire de la magie
Автор: Eliphas Levi
Издательство: Bookwire
Жанр: Документальная литература
isbn: 4064066084929
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Et maintenant à ceux qui doutent de l'existence du diable, nous répondons:
Tout ce qui a un nom existe; la parole peut être proférée en vain, mais en elle-même elle ne saurait être vaine et elle a toujours un sens.
Le Verbe n'est jamais vide, et s'il est écrit qu'il est en Dieu, et qu'il est Dieu, c'est qu'il est l'expression et la preuve de l'être et de la vérité.
Le diable est nommé et personnifié dans l'Évangile, qui est le Verbe de vérité, donc il existe, et il peut être considéré comme une personne. Mais ici c'est le chrétien qui s'incline; laissons parler la science ou la raison, c'est la même chose.
Le mal existe, il est impossible d'en douter. Nous pouvons faire bien ou mal.
Il est des êtres qui sciemment et volontairement font le mal.
L'esprit qui anime ces êtres et qui les excite à mal faire est dévoyé, détourné de la bonne route, jeté en travers du bien comme un obstacle; et voilà précisément ce que signifie le mot grec diabolos, que nous traduisons par le mot diable.
Les esprits qui aiment et font le mal sont accidentellement mauvais.
Il y a donc un diable qui est l'esprit d'erreur, d'ignorance volontaire, de vertige; et il y a des êtres qui lui obéissent, qui sont ses envoyés, ses émissaires, ses anges, et c'est pour cela qu'il est parlé dans l'Évangile d'un feu éternel qui est préparé, prédestiné en quelque sorte au diable et à ses anges. Ces paroles sont toute une révélation et nous aurons à les approfondir.
Définissons d'abord bien nettement le mal; le mal c'est le défaut de rectitude dans l'être.
Le mal moral est le mensonge en actions comme le mensonge est le crime en paroles.
L'injustice est l'essence du mensonge; tout mensonge est une injustice.
Quand ce qu'on dit est juste, il n'y a pas mensonge. Quand on agit équitablement et d'une manière vraie, il n'y a pas péché.
L'injustice est la mort de l'être moral, comme le mensonge est le poison de l'intelligence.
L'esprit de mensonge est donc un esprit de mort.
Ceux qui l'écoutent sont empoisonnés par lui et sont ses dupes.
Mais s'il fallait prendre sa personnification absolue au sérieux, il serait lui-même absolument mort et absolument trompé, c'est-à-dire que l'affirmation de son existence impliquerait une évidente contradiction.
Jésus a dit: «Le diable est menteur ainsi que son père.»
Qu'est-ce que le père du diable?
C'est celui qui lui donne une existence personnelle en vivant d'après ses inspirations; l'homme qui se fait diable est le père du mauvais esprit incarné.
Mais il est une conception téméraire, impie, monstrueuse.
Une conception traditionnelle comme l'orgueil des pharisiens.
Une création hybride qui a donné une apparente raison contre les magnificences du christianisme à la mesquine philosophie du XVIIIe siècle.
C'est le faux Lucifer de la légende hétérodoxe; c'est cet ange assez fier pour se croire Dieu, assez courageux pour acheter l'indépendance au prix d'une éternité de supplices, assez beau pour avoir pu s'adorer en pleine lumière divine; assez fort pour régner encore dans les ténèbres et la douleur, et pour se faire un trône de son inextinguible bûcher, c'est le Satan du républicain et de l'hérétique Millon, c'est ce prétendu héros des éternités ténébreuses calomnié de laideur, affublé de cornes et de griffes qui conviendraient plutôt à son tourmenteur implacable.
C'est ce diable roi du mal, comme si le mal était un royaume!
Ce diable plus intelligent que les hommes de génie qui craignaient ses déceptions.
Cette lumière noire, ces ténèbres qui voient. Ce pouvoir que Dieu n'a pas voulu, et qu'une créature déchue n'a pu créer.
Ce prince de l'anarchie servi par une hiérarchie de purs esprits.
Ce banni de Dieu qui serait partout comme Dieu est sur la terre, plus visible, plus présent au plus grand nombre, mieux servi que Dieu même!
Ce vaincu auquel le vainqueur donnerait ses enfants à dévorer!
Cet artisan des péchés de la chair à qui la chair n'est rien, et qui ne saurait par conséquent rien être à la chair, si on ne l'en suppose créateur et maître comme Dieu!
Un immense mensonge réalisé, personnifié, éternel!
Une mort qui ne peut mourir!
Un blasphème que le verbe de Dieu ne fera jamais taire!
Un empoisonneur des âmes que Dieu tolérerait par une contradiction de sa puissance, ou qu'il conserverait comme les empereurs romains avaient conservé Locusta, parmi les instruments de son règne!
Un supplicié toujours vivant pour maudire son juge et pour avoir raison contre lui puisqu'il ne se repentira jamais!
Un monstre accepté comme bourreau par la souveraine puissance et qui, suivant l'énergique expression d'un ancien écrivain catholique peut appeler Dieu le Dieu du diable en se donnant lui-même comme un diable de Dieu!
Là est le fantôme irréligieux qui calomnie la religion, ôtez-nous cette idole qui nous cache notre sauveur. A bas le tyran du mensonge! A bas le Dieu noir des manichéens! A bas l'Arimane des anciens idolâtres! Vive Dieu seul et son Verbe incarné, Jésus-Christ, le sauveur du monde, qui a vu Satan tomber du ciel! et vive Marie, la divine mère qui a écrasé la tête de l'infernal serpent!
Voilà ce que disent, avec unanimité, la tradition des saints et les coeurs de tous les vrais fidèles: Attribuer une grandeur quelconque à l'esprit déchu, c'est calomnier la divinité; prêter une royauté quelconque à l'esprit rebelle, c'est encourager la révolte, c'est commettre, en pensée du moins, le crime de ceux qu'au moyen âge on appelait avec horreur des sorciers.
Car tous les crimes punis autrefois de mort sur les anciens sorciers, sont réels et sont les plus grands de tous les crimes.
Ils ont ravi le feu du ciel, comme Prométhée.
Ils ont chevauché, comme Médée, les dragons ailés et le serpent volant.
Ils ont empoisonné l'air respirable, comme l'ombre du mancenillier.
Ils ont profané les choses saintes et fait servir le corps même du Seigneur à des oeuvres de destruction et de malheur.
Comment tout cela est-il possible? C'est qu'il existe un agent mixte, un agent naturel et divin, corporel et spirituel, un médiateur plastique universel, un réceptacle commun des vibrations du mouvement et des images de la forme, un fluide et une force qu'on pourrait appeler en quelque manière l'imagination de la nature. Par cette force tous les appareils nerveux communiquent secrètement ensemble; СКАЧАТЬ