LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан
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Название: LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur

Автор: Морис Леблан

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066309176

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СКАЧАТЬ se devinait à de petites choses qu’il n’eût pu préciser, mais dont il subissait l’impression depuis son entrée dans l’hôtel.

      Le matin du deuxième jour il n’avait encore fait aucune découverte intéressante. À deux heures, il aperçut pour la première fois Clotilde Destange qui venait chercher un livre dans la bibliothèque. C’était une femme d’une trentaine d’années, brune, de gestes lents et silencieux, et dont le visage gardait cette expression indifférente de ceux qui vivent beaucoup en eux-mêmes. Elle échangea quelques paroles avec M. Destange, et se retira sans même avoir regardé Sholmès.

      L’après-midi se traîna, monotone. À cinq heures, M. Destange annonça qu’il sortait. Sholmès resta seul sur la galerie circulaire accrochée à mi-hauteur de la rotonde. Le jour s’atténua. Il se disposait, lui aussi, à partir, quand un craquement se fit entendre, et, en même temps, il eut la sensation qu’il y avait quelqu’un dans la pièce. De longues minutes s’ajoutèrent les unes aux autres. Et soudain il frissonna : une ombre émergeait de la demi-obscurité, tout près de lui, sur le balcon. Était-ce croyable ? Depuis combien de temps ce personnage invisible lui tenait-il compagnie ? Et d’où venait-il ?

      Et l’homme descendit les marches et se dirigea du côté d’une grande armoire de chêne. Dissimulé derrière les étoffes qui pendaient à la rampe de la galerie, à genoux, Sholmès observa, et il vit l’homme qui fouillait parmi les papiers dont l’armoire était encombrée. Que cherchait-il ?

      Et voilà tout à coup que la porte s’ouvrit et que Mlle Destange entra vivement, en disant à quelqu’un qui la suivait :

      – Alors décidément tu ne sors pas, père ?… En ce cas, j’allume… une seconde… ne bouge pas…

      L’homme repoussa les battants de l’armoire et se cacha dans l’embrasure d’une large fenêtre dont il tira les rideaux sur lui. Comment Mlle Destange ne le vit-elle pas ? Comment ne l’entendit-elle pas ? Très calmement, elle tourna le bouton de l’électricité et livra passage à son père. Ils s’assirent l’un près de l’autre. Elle prit un volume qu’elle avait apporté et se mit à lire.

      – Ton secrétaire n’est donc plus là ? dit-elle au bout d’un instant.

      – Non… tu vois…

      – Tu en es toujours content ? reprit-elle, comme si elle ignorait la maladie du véritable secrétaire et son remplacement par Stickmann.

      – Toujours… toujours…

      La tête de M. Destange ballottait de droite et de gauche. Il s’endormit.

      Un moment s’écoula. La jeune fille lisait. Mais un des rideaux de la fenêtre fut écarté, et l’homme se glissa le long du mur, vers la porte, mouvement qui le faisait passer derrière M. Destange, mais en face de Clotilde, et de telle façon que Sholmès put le voir distinctement. C’était Arsène Lupin.

      L’Anglais frissonna de joie. Ses calculs étaient justes, il avait pénétré au cœur même de la mystérieuse affaire, et Lupin se trouvait à l’endroit prévu.

      Clotilde ne bougeait pas cependant, quoiqu’il fût inadmissible qu’un seul geste de cet homme lui échappât. Et Lupin touchait presque à la porte, et déjà il tendait le bras vers la poignée, quand un objet tomba d’une table, frôlé par son vêtement. M. Destange se réveilla en sursaut. Arsène Lupin était déjà devant lui, le chapeau à la main, et souriant.

      – Maxime Bermond, s’écria M. Destange avec joie… ce cher Maxime ! … Quel bon vent vous amène ?

      – Le désir de vous voir, ainsi que Mlle Destange.

      – Vous êtes donc revenu de voyage ?

      – Hier.

      – Et vous nous restez à dîner ?

      – Non, je dîne au restaurant avec des amis.

      – Demain, alors ? Clotilde, insiste pour qu’il vienne demain. Ah ! ce bon Maxime… justement je pensais à vous ces jours-ci.

      – C’est vrai ?

      – Oui, je rangeais mes papiers d’autrefois, dans cette armoire, et j’ai retrouvé notre dernier compte.

      – Quel compte ?

      – Celui de l’avenue Henri-Martin.

      – Comment ! Vous gardez ces paperasses ! À quoi bon ! …

      Ils s’installèrent tous trois dans un petit salon qui attenait à la rotonde par une large baie.

      – Est-ce Lupin ? se dit Sholmès, envahi d’un doute subit.

      Oui, en toute évidence, c’était lui, mais c’était un autre homme aussi, qui ressemblait à Arsène Lupin par certains points, et qui pourtant gardait son individualité distincte, ses traits personnels, son regard, sa couleur de cheveux…

      En habit, cravaté de blanc, la chemise souple moulant son torse, il parlait allégrement, racontant des histoires dont M. Destange riait de tout cœur et qui amenaient un sourire sur les lèvres de Clotilde. Et chacun de ces sourires paraissait une récompense que recherchait Arsène Lupin et qu’il se réjouissait d’avoir conquise. Il redoublait d’esprit et de gaieté, et, insensiblement, au son de cette voix heureuse et claire, le visage de Clotilde s’animait et perdait cette expression de froideur qui le rendait peu sympathique.

      « Ils s’aiment, pensa Sholmès, mais que diable peut-il y avoir de commun entre Clotilde Destange et Maxime Bermond ? Sait-elle que Maxime n’est autre qu’Arsène Lupin ? »

      Jusqu’à sept heures, il écouta anxieusement, faisant son profit des moindres paroles. Puis, avec d’infinies précautions, il descendit et traversa le côté de la pièce où il ne risquait pas d’être vu du salon.

      Dehors, Sholmès s’assura qu’il n’y avait ni automobile, ni fiacre en station, et s’éloigna en boitillant par le boulevard Malesherbes. Mais, dans une rue adjacente, il mit sur son dos le pardessus qu’il portait sur son bras, déforma son chapeau, se redressa et, ainsi métamorphosé, revint vers la place où il attendit, les yeux fixés à la porte de l’hôtel Destange.

      Arsène Lupin sortit presque aussitôt, et par les rues de Constantinople et de Londres, se dirigea vers le centre de Paris. À cent pas derrière lui marchait Herlock.

      Minutes délicieuses pour l’Anglais ! Il reniflait avidement l’air, comme un bon chien qui sent la piste toute fraîche. Vraiment, cela lui semblait une chose infiniment douce que de suivre son adversaire. Ce n’était plus lui qui était surveillé, mais Arsène Lupin, l’invisible Arsène Lupin. Il le tenait pour ainsi dire au bout de son regard, comme attaché par des liens impossibles à briser. Et il se délectait à considérer, parmi les promeneurs, cette proie qui lui appartenait.

      Mais un phénomène bizarre ne tarda pas à le frapper au milieu de l’intervalle qui le séparait d’Arsène Lupin, d’autres gens s’avançaient dans la même direction, notamment deux grands gaillards en chapeau rond sur le trottoir de gauche, deux autres sur le trottoir de droite en casquette et la cigarette aux lèvres.

      Il n’y avait là peut-être qu’un hasard. Mais Sholmès s’étonna davantage quand Lupin, ayant pénétré dans СКАЧАТЬ