LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан
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Название: LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur

Автор: Морис Леблан

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066309176

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СКАЧАТЬ ouverte et d’une faible lueur éclaira la galerie.

      Il eut la sensation – car, à demi caché par un rideau, il ne voyait point – qu’une personne descendait les premières marches avec précaution. Il espéra qu’elle n’irait pas plus loin. Elle descendit cependant et avança de plusieurs pas dans la pièce. Mais elle poussa un cri. Sans doute avait-elle aperçu la vitrine brisée, aux trois quarts vide.

      Au parfum, il reconnut la présence d’une femme. Ses vêtements frôlaient presque le rideau qui le dissimulait, et il lui sembla qu’il entendait battre le cœur de cette femme, et qu’elle aussi devinait la présence d’un autre être, derrière elle, dans l’ombre, à portée de sa main… Il se dit : « Elle a peur… elle va partir… il est impossible qu’elle ne parte pas. » Elle ne partit point. La bougie qui tremblait dans sa main s’affermit. Elle se retourna, hésita un instant, parut écouter le silence effrayant, puis, d’un coup, écarta le rideau.

      Ils se virent.

      Arsène murmura, bouleversé :

      – Vous… vous… mademoiselle !

      C’était miss Nelly.

      Miss Nelly ! La passagère du transatlantique, celle qui avait mêlé ses rêves aux rêves du jeune homme durant cette inoubliable traversée, celle qui avait assisté à son arrestation, et qui, plutôt que de le trahir, avait eu ce joli geste de jeter à la mer le Kodak où il avait caché les bijoux et les billets de banque… Miss Nelly ! La chère et souriante créature dont l’image avait si souvent attristé ou réjoui ses longues heures de prison !

      Le hasard était si prodigieux, qui les mettait en présence l’un de l’autre dans ce château et à cette heure de la nuit, qu’ils ne bougeaient point et ne prononçaient pas une parole, stupéfaits, comme hypnotisés par l’apparition fantastique qu’ils étaient l’un pour l’autre.

      Chancelante, brisée d’émotion, miss Nelly dut s’asseoir.

      Il resta debout en face d’elle. Et peu à peu, au cours des secondes interminables qui s’écoulèrent, il eut conscience de l’impression qu’il devait donner en cet instant, les bras chargés de bibelots, les poches gonflées, et son sac rempli à en crever. Une grande confusion l’envahit, et il rougit de se trouver là, dans cette vilaine posture du voleur qu’on prend en flagrant délit. Pour elle, désormais, quoi qu’il advînt, il était le voleur, celui qui met la main dans la poche des autres, celui qui crochète les portes et s’introduit furtivement.

      Une des montres roula sur le tapis, une autre également. Et d’autres choses encore allaient glisser de ses bras, qu’il ne savait comment retenir. Alors, se décidant brusquement, il laissa tomber sur le fauteuil une partie des objets, vida ses poches et se défit de son sac.

      Il se sentit plus à l’aise devant Nelly, il fit un pas vers elle avec l’intention de lui parler. Mais elle eut un geste de recul, puis se leva vivement, comme prise d’effroi, et se précipita vers le salon. La portière se referma sur elle, il la rejoignit. Elle était là, interdite, tremblante, et ses yeux contemplaient avec terreur l’immense pièce dévastée.

      Aussitôt il lui dit :

      – À trois heures, demain, tout sera remis en place… Les meubles seront rapportés…

      Elle ne répondit pas, et il répéta :

      – Demain, à trois heures, je m’y engage… Rien au monde ne pourra m’empêcher de tenir ma promesse… Demain, à trois heures…

      Un long silence pesa sur eux. Il n’osait le rompre et l’émotion de la jeune fille lui causait une véritable souffrance. Doucement, sans un mot, il s’éloigna d’elle.

      Et il pensait :

      « Qu’elle s’en aille !… Qu’elle se sente libre de s’en aller… Qu’elle n’ait pas peur de moi !… »

      Mais soudain elle tressaillit et balbutia :

      – Écoutez… des pas… j’entends marcher…

      Il la regarda avec étonnement. Elle semblait bouleversée, ainsi qu’à l’approche d’un péril.

      – Je n’entends rien, dit-il, et quand même…

      – Comment ! Mais il faut fuir… vite, fuyez…

      – Fuir… pourquoi ?

      – Il le faut… il le faut… Ah ! Ne restez pas…

      D’un trait elle courut jusqu’à l’endroit de la galerie et prêta l’oreille. Non, il n’y avait personne. Peut-être le bruit venait-il du dehors ?… Elle attendit une seconde, puis, rassurée, se retourna.

      Arsène Lupin avait disparu.

      À l’instant même où Devanne constata le pillage de son château, il se dit : « C’est Velmont qui a fait le coup, et Velmont n’est autre qu’Arsène Lupin. » Tout s’expliquait ainsi, et rien ne s’expliquait autrement. Cette idée ne fit, d’ailleurs, que l’effleurer, tellement il était invraisemblable que Velmont ne fût point Velmont, c’est-à-dire le peintre connu, le camarade de cercle de son cousin d’Estevan. Et lorsque le brigadier de gendarmerie, aussitôt averti, se présenta, Devanne ne songea même pas à lui communiquer cette supposition absurde.

      Toute la matinée, ce fut, à Thibermesnil, un va-et-vient indescriptible. Les gendarmes, le garde champêtre, le commissaire de police de Dieppe, les habitants du village, tout ce monde s’agitait dans les couloirs, ou dans le parc, ou autour du château. L’approche des troupes en manœuvre, le crépitement des fusils ajoutaient au pittoresque de la scène.

      Les premières recherches ne fournirent point d’indice. Les fenêtres n’ayant pas été brisées ni les portes fracturées, sans nul doute le déménagement s’était effectué par l’issue secrète. Pourtant, sur le tapis, aucune trace de pas, sur les murs, aucune marque insolite.

      Une seule chose, inattendue, et qui dénotait bien la fantaisie d’Arsène Lupin : la fameuse Chronique du XVIe siècle avait repris son ancienne place, et, à côté, se trouvait un livre semblable qui n’était autre que l’exemplaire volé à la Bibliothèque Nationale.

      À onze heures les officiers arrivèrent. Devanne les accueillit gaiement – quelque ennui que lui causât la perte de telles richesses artistiques, sa fortune lui permettait de la supporter sans mauvaise humeur. Ses amis d’Androl et Nelly descendirent.

      Les présentations faites, on s’aperçut qu’il manquait un convive. Horace Velmont. Ne viendrait-il point ?

      Son absence eût réveillé les soupçons de Georges Devanne. Mais à midi précis, il entrait. Devanne s’écria :

      – À la bonne heure ! Vous voilà !

      – Ne suis-je pas exact ?

      – Si, mais vous auriez pu ne pas l’être… après une nuit si agitée ! Car vous savez la nouvelle ?

      – Quelle nouvelle ?

      – Vous avez cambriolé le château.

      – Allons donc !

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