LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан
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Название: LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur

Автор: Морис Леблан

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066309176

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СКАЧАТЬ leur côté, les concierges racontèrent qu’ils avaient ouvert la porte à un individu, lequel était monté chez le docteur Harel. On manda le docteur. Personne n’avait sonné chez lui. Alors qui était cet individu ? Un complice ?

      Cette hypothèse d’un complice fut adoptée par la presse et par le public. Ganimard, le vieil inspecteur principal, Ganimard la défendait, non sans raison.

      – Il y a du Lupin là-dessous, disait-il au juge.

      – Bah ! ripostait celui-ci, vous le voyez partout, votre Lupin.

      – Je le vois partout, parce qu’il est partout.

      – Dites plutôt que vous le voyez chaque fois où quelque chose ne vous paraît pas très clair. D’ailleurs, en l’espèce, remarquez ceci : le crime a été commis à onze heures vingt du soir, ainsi que l’atteste la pendule, et la visite nocturne, dénoncée par les concierges, n’a eu lieu qu’à trois heures du matin.

      La justice obéit souvent à ces entraînements de conviction qui font qu’on oblige les événements à se plier à l’explication première qu’on en a donnée. Les antécédents déplorables de Victor Danègre, récidiviste, ivrogne et débauché, influencèrent le juge, et bien qu’aucune circonstance nouvelle ne vînt corroborer les deux ou trois indices primitivement découverts, rien ne put l’ébranler. Il boucla son instruction. Quelques semaines après les débats commencèrent.

      Ils furent embarrassés et languissants. Le président les dirigea sans ardeur. Le ministère public attaqua mollement. Dans ces conditions, l’avocat de Danègre avait beau jeu. Il montra les lacunes et les impossibilités de l’accusation. Nulle preuve matérielle n’existait. Qui avait forgé la clef, l’indispensable clef sans laquelle Danègre, après son départ, n’aurait pu refermer à double tour la porte de l’appartement ? Qui l’avait vue, cette clef, et qu’était-elle devenue ? Qui avait vu le couteau de l’assassin, et qu’était-il devenu ?

      – Et, en tout cas, concluait l’avocat, prouvez que c’est mon client qui a tué. Prouvez que l’auteur du vol et du crime n’est pas ce mystérieux personnage qui s’est introduit dans la maison à trois heures du matin. La pendule marquait onze heures, me direz-vous ? Et après ? Ne peut-on mettre les aiguilles d’une pendule à l’heure qui vous convient ?

      Victor Danègre fut acquitté.

      Il sortit de prison un vendredi au déclin du jour, amaigri, déprimé par six mois de cellule. L’instruction, la solitude, les débats, les délibérations du jury, tout cela l’avait empli d’une épouvante maladive. La nuit, d’affreux cauchemars, des visions d’échafaud le hantaient. Il tremblait de fièvre et de terreur.

      Sous le nom d’Anatole Dufour, il loua une petite chambre sur les hauteurs de Montmartre, et il vécut au hasard des besognes, bricolant de droite et de gauche.

      Vie lamentable ! Trois fois engagé par trois patrons différents, il fut reconnu et renvoyé sur-le-champ.

      Souvent il s’aperçut, ou crut s’apercevoir, que des hommes le suivaient, des hommes de la police, il n’en doutait point, qui ne renonçait pas à le faire tomber dans quelque piège. Et d’avance il sentait l’étreinte rude de la main qui le prendrait au collet.

      Un soir qu’il dînait chez un traiteur du quartier, quelqu’un s’installa en face de lui. C’était un individu d’une quarantaine d’années, vêtu d’une redingote noire, de propreté douteuse. Il commanda une soupe, des légumes et un litre de vin.

      Et quand il eut mangé la soupe, il tourna les yeux vers Danègre et le regarda longuement.

      Danègre pâlit. Pour sûr cet individu était de ceux qui le suivaient depuis des semaines. Que lui voulait-il ? Danègre essaya de se lever. Il ne le put. Ses jambes chancelaient sous lui.

      L’homme se versa un verre de vin et emplit le verre de Danègre.

      – Nous trinquons, camarade ?

      Victor balbutia :

      – Oui… oui… à votre santé, camarade.

      – À votre santé, Victor Danègre.

      L’autre sursauta :

      – Moi !… moi !… mais non… je vous jure…

      – Vous me jurez quoi ? Que vous n’êtes pas vous ? Le domestique de la comtesse ?

      – Quel domestique ? Je m’appelle Dufour. Demandez au patron.

      – Dufour, Anatole, oui, pour le patron, mais Danègre pour la justice, Victor Danègre.

      – Pas vrai ! Pas vrai ! On vous a menti.

      Le nouveau venu tira de sa poche une carte et la tendit. Victor lut :

      « Grimaudan, ex-inspecteur de la Sûreté. Renseignements confidentiels. » Il tressaillit.

      – Vous êtes de la police ?

      – Je n’en suis plus, mais le métier me plaisait, et je continue d’une façon plus… lucrative. On déniche de temps en temps des affaires d’or… comme la vôtre ?

      – La mienne ?

      – Oui, la vôtre, c’est une affaire exceptionnelle, si toutefois vous voulez bien y mettre un peu de complaisance.

      – Et si je n’en mets pas ?

      – Il le faudra. Vous êtes dans une situation où vous ne pouvez rien me refuser.

      Une appréhension sourde envahissait Victor Danègre. Il demanda :

      – Qu’y a-t-il ?… parlez.

      – Soit, répondit l’autre, finissons-en. En deux mots, voici : je suis envoyé par Mlle de Sinclèves.

      – Sinclèves ?

      L’héritière de la comtesse d’Andillot.

      – Eh bien ?

      – Eh bien, Mlle de Sinclèves me charge de vous réclamer la perle noire.

      – La perle noire ?

      – Celle que vous avez volée.

      – Mais je ne l’ai pas !

      – Vous l’avez.

      – Si je l’avais, ce serait moi l’assassin.

      – C’est vous l’assassin.

      Danègre s’efforça de rire.

      – Heureusement, mon bon monsieur, que la Cour d’assises n’a pas été du même avis. Tous les jurés, vous entendez, m’ont reconnu innocent. Et quand on a sa conscience pour soi et l’estime de douze braves gens…

      L’ex-inspecteur lui saisit le bras :

      – Pas de phrases, mon petit. Écoutez-moi bien attentivement et pesez mes paroles, elles en valent СКАЧАТЬ